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Ciel français : Air France… et les autres

La liquidation d’Air Littoral en février 2004 a été le dernier acte d’un bouleversement profond du ciel français. Les petits transporteurs qui ont pris le relais évoluent à l’ombre d’Air France, qui a achevé le maillage de l’Hexagone.

Après plusieurs années de crise, le trafic aérien français a enfin renoué avec la croissance en 2004 enregistrant, avec plus de 105,8 millions de passagers, une belle hausse de 6,3 %, selon les statistiques de la DGAC. Malgré ce retour en grâce, le trafic intérieur français a toutefois encore subi un revers (2,3 %) à 22,5 millions de passagers.

Il faut dire qu’avec les disparitions conjuguées d’Air Lib, Aéris, Air Littoral et, dans une moindre mesure, d’Air Atlantique, les liaisons intérieures françaises ont eu à subir des naufrages en série ces dernières années qui ont fortement ébranlé le trafic. Les lignes transversales (de région à région) ont perdu 450 000 passagers l’an dernier. Parallèlement, un aéroport comme Montpellier, un des deux hubs d’Air Littoral, a vu son trafic chuter de 15,3 % en 2004 et de 23,5 % en quatre ans ! La plate-forme de Nice a quant à elle réagi plus vite et a pu maintenir, grâce à l’apport des low cost, une croissance de 2,2 % en 2004, même si le trafic s’inscrit encore en baisse de 0,4 % par rapport à l’an 2000.

Twin Jet préfère jouer la complémentarité

Un an après cette série noire, les transporteurs qui ont pris la relève d’Air Lib, Air Littoral et Aéris sont peu nombreux. Du coup, la suprématie d’Air France s’est encore renforcée. D’autant que beaucoup de ces petits transporteurs s’appuient sur la compagnie nationale pour leur commercialisation ou leur programme de fidélité, quand ils ne sont pas purement et simplement des filiales (Régional, Brit’Air). Etat des lieux.

Première à réagir dès la liquidation d’Air Lib en février 2003, Twin Jet, basée à Marseille, a récupéré les lignes Metz/Nancy-Toulouse et Metz/Nancy-Marseille (deux fréquences quotidiennes). Dotée d’une flotte de seulement trois appareils Beechcraft de 19 places, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 15 ME en 2004. Nous tablons sur 20 ME pour l’année en cours avec un bénéfice de l’ordre de 600 000 E, précise Guillaume Deubel, directeur du développement réseau. Cette année, la compagnie effectuera une ouverture, avec Paris-Saint-Etienne, héritée de l’ex-réseau d’Air Atlantique, liquidée en mars 2004. Exclusivement revendue via les agences de voyages, Twin Jet est adossée au programme de fidélisation Flying Blue d’Air France/KLM. Ce serait une aberration de dire que nous sommes concurrents d’Air France-KLM, nous sommes complémentaires, explique Guillaume Deubel.

Bien avant l’arrêt des vols d’Air Littoral en février 2004, CCM Airlines (franchisée d’Air France) avait pour sa part repris la desserte Paris-Figari. Elle opère maintenant, en partage de codes avec Air France, jusqu’à 21 fréquences hebdomadaires. Le transporteur a également récupéré les lignes vers Figari et Calvi au départ de Nice et de Marseille.

Nous sommes actuellement sur des tendances de +17 % pour Marseille-Calvi et +27 % pour Marseille-Figari par rapport à l’époque d’Air Littoral, explique Luc Béréni, directeur d’exploitation chez CCM Airlines. En revanche, au départ de Nice vers la Corse et Toulouse, nous n’avons pas retrouvé la totalité du trafic, car Air Littoral bénéficiait de la force de son hub. Et la compagnie n’avait pas hésité à pratiquer une politique tarifaire très agressive pour faire du volume. Nous sommes maintenant revenus à un produit plus orienté affaires, et nous avons ainsi perdu une partie de la clientèle basse contribution. Reste le problème des lignes anciennement opérées au départ de Montpellier vers l’île de Beauté, et qui n’ont toujours pas été reprises.

Et la concurrence du TGV en plus !

Depuis l’entrée de Brit Air dans son capital à hauteur de 19,5 % en juin dernier, Airlinair a, quant à elle, encore resserré ses liens avec le groupe Air France. Il était logique qu’elle conserve l’exploitation des lignes qu’elle opérait auparavant pour le compte d’Air Lib. Il s’agit des vols vers Lannion, Annecy et Metz/Nancy depuis Orly. Par ailleurs, la compagnie a repris en avril 2004 la ligne Paris-Béziers (ex- Air Littoral) après trois mois d’interruption. Globalement, nous avons retrouvé en 2005 les niveaux équivalents de 2000 (40 000 à 45 000 passagers suivant les axes, NDLR), avec une petite faiblesse pour Béziers. Pendant l’interruption, les passagers ont un peu déserté la ligne et il est toujours très difficile d’aller les rechercher, explique Lionel Guérin, le PDG d’Airlinair. Avec l’effet conjugué du TGV et de la concurrence d’Easyjet à Genève, nous souffrons aussi un peu sur Paris-Annecy, ajoute-t-il.

Le transporteur s’attend également à de grosses difficultés pour la ligne de Metz/Nancy, quand le TGV Est entrera en service, en 2007. Même si nous sommes affiliés au programme de fidélité Flying Blue et que nous sommes agent général d’Air France (représentant commercial dans certaines villes de province, NDLR), nous observons un décalage de notoriété entre les lignes commercialisées sous notre pavillon, et celles opérées pour le compte d’Air France. Bien que 65 % de nos ventes passent par les agences de voyages, notre notoriété reste faible en Ile-de-France, poursuit Lionel Guérin. Pour autant, bien armée avec sa flotte de 22 avions ATR 42 et 72, Airlinair a vu son chiffre d’affaires progresser de 40 % pour l’exercice clos le 31 mars 2005 (à 72 ME), pour un bénéfice de 300 000 E. Et elle attend encore une hausse de 8 % pour l’exercice en cours, avec un résultat de 1 ME.

Air France comble le vide grâce aux franchisés

Pour le reste du réseau défunt d’Air Lib et d’Air Littoral, c’est Air France qui, grâce en particulier à ses filiales Brit Air et Régional, a quasiment comblé le vide et renforcé parfois son monopole. C’est le cas pour Nantes-Lille (trois vols quotidiens), ainsi que les lignes au départ de Nice vers Lille, Strasbourg, Bordeaux, Nantes et Lyon, auparavant exploitées par deux transporteurs, et désormais aux seules mains de la compagnie nationale. Parallèlement, les radiales au départ de Paris-Orly vers Toulon, Perpignan et Lourdes (Air Lib puis Aéris) ont été reprises par Brit Air, avec un contrat d’affrètement Air France.

Hormis des lignes comme Paris-La Rochelle, Paris-Nîmes ou Lille-Mulhouse, qui n’ont pas trouvé repreneur, la quasi-totalité des réseaux d’Air Lib et d’Air Littoral ont donc été recouverts. Il est évident que, grâce à l’ouverture prochaine de Montpellier-Lyon, le groupe Air France va achever le redéploiement du réseau intérieur d’Air Littoral, reconnaît Jean-Philippe Durand, directeur général adjoint de Régional.

Dans ce contexte et compte tenu de la place très importante du TGV dans l’Hexagone, on peut légitimement se demander quel sera l’avenir d’une compagnie comme Air Turquoise, qui vient d’ouvrir des lignes au départ de Reims vers Marseille, Bordeaux, Nice, et entend bien faire cavalier seul.

En tout état de cause, Air France a reconstitué un monopole de fait dans le ciel aérien français, pas toujours à l’avantage des passagers, qui ont vu les prix remonter sérieusement sur certains axes.

Il est toujours très difficile d’aller rechercher des clients qui ont déserté une ligne.

Lionel Guérin, PDG d’Airlinair.

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