Ben Smith/Air France : le parlement néerlandais appelle au retrait d’un « bonus scandaleux »
Aux Pays-Bas, cette prime de deux millions d’euros de bonus pour Ben Smith, le patron d’Air France-KLM, ne passe pas en raison des pertes de la compagnie.
Le Parlement néerlandais exige que le patron d’Air France-KLM renonce à un « bonus » de 2 millions d’euros d’éléments de rémunération sous peine de bloquer toute nouvelle aide publique au groupe, durement affecté par la crise du Covid-19. Une majorité des députés soutient la motion du parti radical de gauche SP, sommant le ministre des Finances sortant Wopke Hoekstra de demander à Paris le retrait de la rémunération. « La chambre basse sera informée de la mise en œuvre de cette motion », a déclaré jeudi à l’AFP une porte-parole du ministre.
Lors d’un débat parlementaire mardi, Wopke Hoekstra s’est dit contre les bonus en ces temps de crise mais a averti que l’arrêt de tout soutien pourrait signifier la fin de KLM et ses milliers d’emplois. Le DG d’Air France-KLM, Ben Smith, s’est vu allouer, sous réserve de conditions, une « rémunération variable long terme » qui atteint 2 millions d’euros pour 2020. Cette disposition avait été votée le 19 mars 2020 en Conseil d’Administration.
Trois volets de rémunération pour Ben Smith
La rémunération du patron d’Air France se décompose en trois volets : un salaire fixe, un variable (le bonus) et une rémunération différée qui est donc contestée aux Pays-Bas. Sur les deux premiers volets, Ben Smith avait annoncé le 23 avril 2020 qu’il allait renoncer à son bonus au titre de 2020 dans le contexte de la crise et s’imposer une réduction de 25% de sa rémunération.
Le groupe franco-néerlandais, dans le rouge de 7,1 milliards d’euros en 2020, est durement touché par la crise et a prévenu que sa perte d’exploitation atteindrait 1,3 milliard d’euros au premier trimestre 2021. « Pendant ce temps, les patrons continuent de se servir. C’est scandaleux et le SP exige que le bonus soit complètement retiré », a déclaré dans un communiqué le député néerlandais Mahir Alkaya.
« Plus aucun centime d’aide »
« Ce bonus est un doigt d’honneur à la société néerlandaise et en particulier à toutes les personnes du secteur de l’aviation qui doivent craindre pour leur emploi », a-t-il poursuivi. « Si Le DG ne renonce pas à sa prime, plus aucun centime d’aide de l’État néerlandais ne sera versé à la holding Air France-KLM », a-t-il ajouté dans un tweet.
Face à la crise sanitaire, les Etats français et néerlandais ont octroyé en 2020 plus de 10 milliards d’euros de prêts à Air France-KLM. Le groupe a bouclé lundi une augmentation de capital d’un peu plus d’un milliard d’euros, dont 593 millions apportés par l’Etat français. L’Etat néerlandais, qui détenait 14% d’Air France-KLM avant l’augmentation de capital, a décidé de ne pas y participer et va donc se retrouver mathématiquement dilué, à 9,3% des parts.
De Tweede Kamer stemt in met mijn motie: Of de topman ziet af van zijn bonus, of er gaat geen cent Nederlandse staatssteun naar Air France-KLM holding. Dan zit er nog maar één ding op: #KLM nationaliseren. En dan direct stoppen met uitknijpen van duizenden mensen op de werkvloer. https://t.co/AXBDD9MSGB
— Mahir Alkaya (@MahirAlkaya) April 20, 2021
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