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Birmanie : la destination qui fait question

Les TO estiment que les Birmans ont besoin des revenus du tourisme et de contacts avec l’extérieur. Arguments réfutés par les ONG, certaines prônant le boycott des infrastructures détenues par la junte militaire.

La question du tourisme en Birmanie, pays soumis à une dictature militaire violente, divise depuis longtemps les ONG et les professionnels du tourisme. La plupart des voyagistes ne souhaitent pas rentrer dans des considérations politiques sur ce sujet difficile. « Ce n’est pas notre rôle. Sinon, on ne fait plus partir personne à Cuba, en Russie, ou dans de nombreux pays d’Afrique ou d’Amérique Latine », explique Nicolas d’Hyevres, directeur des ventes chez Parfums du Monde. La Birmanie ne constitue certes pas un cas particulier. Mais c’est l’un des seuls pays où les infrastructures du secteur, construites en partie grâce au travail forcé, sont principalement détenues par un régime militaire dictatorial. Pour Isabelle Dubuis, coordinatrice d’Info Birmanie, il faut ainsi éviter les circuits vendus par les TO. « La majorité des structures utilisées par l’industrie du tourisme appartiennent aux généraux via des prête-noms, ou à leurs proches et à leurs familles ». Une réalité que les professionnels nuancent, mettant en avant la privatisation du secteur. « Nous utilisons des hôtels bien placés et qui correspondent aux standards de confort de nos clients. Ce sont nos principaux critères. Mais on ne sait pas forcément qui se cache derrière ces entreprises », avoue Christophe Collet Emard, chef de produit chez Espace Mandarin.

DES REVENUS ET UNE OUVERTURE

Face à ceux qui prônent l’arrêt du tourisme comme une manne contribuant au maintien de la dictature, les tour-opérateurs expliquent que leur activité apporte des revenus supplémentaires aux populations locales et contribue à développer le pays. La disparition de cette activité pourrait être néfaste pour le peuple. « Les voyageurs sont aussi une ouverture vers l’extérieur pour les Birmans », explique une responsable chez Comptoirs des Voyages. « Si l’on veut vraiment partir, les voyages en petit groupe et loin des grands sites touristiques sont toujours préférables, ajoute Isabelle Dubuis, d’Info Birmanie, car la junte veut baliser le tourisme et cacher la réalité du pays » L’OIT, la FIDH ou Amnesty International, ont plusieurs fois constaté dans leurs rapports les liens entre le tourisme et les violations des droits de l’homme : villages entiers déplacés, travail forcé massif et généralisé pour plusieurs centaines de milliers de personnes, mauvais traitements pouvant aller jusqu’à la mort, pressions. Et plus que la pertinence du boycott comme moyen d’orienter un pays vers la démocratie, c’est la dimension éthique d’un voyage dans ce pays que les associations questionnent. « Ceux qui viennent en Birmanie veulent voir un pays magnifique, avec une culture préservée. Ce n’est pas dans notre intérêt de leur donner des raisons pour ne pas partir » explique, lucidement, un responsable de production. D’où les interrogations d’Isabelle Dubuis : « N’est- ce pas le rôle d’un voyagiste d’expliquer dans quel pays le client va ? Si ce n’est pas pour découvrir comment vit l’autre, sa réalité, et échanger, pourquoi voyage-t-on ? » Pas sûr que les professionnels, qui doivent endosser beaucoup de responsabilités, veuillent en prendre une de plus.

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