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Réouverture, pass sanitaire : « Les parcs de loisirs sont mis dans la mauvaise case »

Arnaud Bennet, le président du Syndicat national des espaces de loisirs, d’attractions et culturels (Snelac), et directeur général du Pal, en Auvergne, ne comprend pas la logique qui a conduit le Conseil scientifique a classé les sites de loisirs dans la catégorie « événements ponctuels ».

L’Echo touristique : Les parcs de loisirs pourront tous rouvrir le 9 juin. La sortie de crise est enfin en ligne de mire ?

Arnaud Bennet : Nous avons désormais une date, même si nous avons encore exprimé notre incompréhension face à cette date lors d’une réunion technique, avant-hier, avec les ministères en charge de la question. Beaucoup de sites de loisirs intérieurs, comme les aquariums, pourront rouvrir dès le 19 mai. Mais les attractions foraines doivent attendre jusqu’au 9 juin pour accueillir du public. C’est incompréhensible : nos attractions sont très souvent en extérieur, ne durent que quelques minutes, tandis que les protocoles sanitaires et les gestes barrières sont respectés dans les files d’attente. Nous l’avons prouvé l’été dernier : nous savons maîtriser nos flux, et aucun cluster n’a été constaté, chez les visiteurs, comme au sein de nos équipes. Donc il est vraiment regrettable qu’on ne puisse pas tous rouvrir le 19 mai, et c’est une décision qu’on ne comprend pas.

L’Echo touristique : La possibilité d’imposer la présentation d’un pass sanitaire pour pouvoir entrer dans un parc de loisirs serait à l’étude. Quelle est votre position sur ce sujet ?

Arnaud Bennet : La mise en place d’une telle mesure témoignerait d’une méconnaissance absolue de notre secteur. Ce qui serait surprenant, car nous avons fait un énorme travail de pédagogie auprès du gouvernement l’année dernière. En fait, le Conseil scientifique recommande les mêmes restrictions qu’il recommande aux événements ponctuels (foires, festivals, concerts…). Nous ne sommes absolument pas des événements ponctuels : certains adhérents du Snelac sont même ouverts toute l’année. Par exemple, nos autorisations d’exploitation sont valides pour plusieurs années, quand les organisateurs d’événements ponctuels ont besoin d’une autorisation préfectorale ponctuelle. De même, la consommation de nos produits touristiques se fait de façon spontanée, alors que les participants aux événements ponctuels réservent leurs tickets plusieurs mois à l’avance. Ce sont des exemples, mais c’est un ensemble de choses qui témoigne de la méconnaissance des spécificités de notre secteur et qui a rangé les parcs de loisirs dans la mauvaise case.

L’Echo touristique : C’est une mesure qui serait applicable, dans les faits ?

Arnaud Bennet : Beaucoup de parcs ne rouvriraient pas si le pass sanitaire était imposé. Tout simplement parce que le calendrier qui nous a été présenté est en décalage complet par rapport à la campagne de vaccination. Notre public cible, ce sont des familles, des jeunes, des enfants. Nos saisonniers sont souvent de jeunes étudiants. Tous ces publics ne sont pas prioritaires pour la vaccination, et ne pourront donc pas se plier aux contraintes du pass sanitaire. C’est une sorte de discrimination envers la jeunesse. On peut aussi avoir l’impression que le gouvernement veut utiliser les sites de loisirs pour inciter les Français à la vaccination, ce qui serait dérangeant. Bref, l’idée du pass sanitaire nous paraît totalement absurde dans les parcs de loisirs, qui sont des endroits de plein air, où les flux sont maîtrisés, à l’inverse des galeries commerciales par exemple ou des centres-villes, où le pass sanitaire ne sera pas exigé.

L’Echo touristique : La question de la jauge va également être stratégique pour la reprise.

Arnaud Bennet : C’est un autre sujet frustrant, même si l’on comprend la logique de la jauge, et qu’on n’est pas contre cette idée. Il semblerait qu’on se dirige vers une jauge de 000 visiteurs maximum. C’est un chiffre qui n’est pas adapté à tous les opérateurs, qui ne peut pas servir de référence. 5000 visiteurs dans un parc d’un hectare ou dans un parc de 20 hectares, ça n’est pas la même chose. Là encore, on regrette qu’on ne se serve pas du travail accompli l’année dernière, et qu’on ne capitalise pas sur cette expérience. L’année dernière, nous avions déterminé une jauge de 4 m² par visiteur, et cela a bien fonctionné. Pourquoi ne pas repartir sur les mêmes bases ? Cela permettrait à tout le monde de gagner du temps, et d’éloigner ces éléments déstabilisants pour nos entreprises qui évoluent dans un secteur très dynamique, en pleine croissance, mais très lourdement impacté par la crise sanitaire. Il faut des consignes spécifiques pour notre activité, et spécifiques à chaque site de loisirs.

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