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Garantie financière : Atradius se retire-t-il du marché ?

Vrai ou faux ? Des professionnels du secteur évoquent le désengagement progressif d’Atradius. Pour en avoir le coeur net, nous avons interrogé le principal intéressé.

« Atradius est en train de se désengager de la garantie financière », a indiqué Tatiana Benkaroun, analyste financière de l’APST. C’était lors de son intervention dans le cadre de la récente convention des Entreprises du Voyage Grand Est à Chypre.

Le tourisme considéré à risque

« Environ 600 acteurs vont se retrouver sans garant financier », a-t-elle ajouté. Des adhérents auraient reçu un courrier, les intimant de trouver un nouveau garant d’ici la fin du mois de juin 2023.

« En 2015, déjà, les banques s’étaient désengagées, a poursuivi Tatiana Benkaroun. On s’est retrouvé avec une volumétrie importante. Là, avec Atradius, c’est un peu pareil : le groupe se recentre sur son cœur de métier, le crédit. »

Qu’en est-il vraiment ? Interrogé par L’Echo touristique, Marc Cambourakis est nettement moins catégorique. Le directeur caution France et Belgique d’Atradius nous confirme toutefois le « renforcement de [sa] vigilance sur les garanties financières Tourisme ».

« Revue » de portefeuille

Le garant se justifie : « Le secteur du tourisme a été impacté de plein fouet par la crise sanitaire, et malgré la reprise les niveaux d’avant crise ne sont pas atteints. De plus, le contexte économique et les tensions géopolitiques représentent aussi des risques baissiers qui pourraient peser sur la reprise du tourisme ces prochains mois. Le secteur reste donc fragile et impose à Atradius de renforcer sa vigilance sur les garanties qu’elle porte. »

Atradius ajoute : « De plus, le caractère ‘non capé’ de la garantie financière des opérateurs de voyages et de séjours pèse fortement sur l’appréciation du risque faite par le marché de l’assurance et de la réassurance, et a fortiori lorsque l’environnement économique et politique est instable ou se détériore. Dans ce contexte, Atradius a décidé d’anticiper les risques liés à ce secteur, en effectuant une revue de son portefeuille pour identifier les risques jugés trop importants au regard de la situation contrastée de certains acteurs ou des montants des engagements portés. »

Pas de réassurance publique

Pour l’instant, donc, le garant est prêt à réduire son portefeuille pour limiter ses propres risques. Quid de la réassurance publique, ouverte à tous les garants ? « La Commission européenne a tardé à donner son aval puisque ce fond qui devait porter sur l’exercice 2022 et 2023 n’a obtenu le feu vert qu’en février 2023, rappelle Marc Cambourakis. Compte tenu de ce retard et de la qualité de son portefeuille, Atradius a décidé de ne pas y adhérer pour la seule année 2023. »

Atradius détenait, en 2021, environ 11% de part de marché. Il compte toujours des opérateurs bien connus, comme le groupe Voyageurs du Monde et Intermèdes. Mais de grands comptes ne sont déjà plus dans son portefeuille depuis quelques semaines. Carrefour Voyages est passé à l’APST. Et la Savoie Autocars Transport (SAT), une entreprise centenaire, a récemment perdu sa garantie Atradius. « Chaque réseau a rencontré ce problème avec une agence garantie, commente le patron d’un grand réseau volontaire. La maison mère espagnole d’Atradius se retire d’une certaine manière des marchés considérés à risques. Et le voyage en sera toujours un. »

Tatiana Benkaroun © LL

L’APST plus exigeant

Poussés vers la sortie, des opérateurs de voyage vont se tourner vers le principal garant financier de la profession. Celui qui ne la lâche pas : l’APST. Toutefois, Tatiana Benkaroun prévient, l’association ne pourra sans doute pas accueillir tous les candidats. Faute notamment de temps. L’APST compte déjà 3200 adhérents. Avis aux entreprises intéressées, il ne faut pas attendre le début du mois de mai pour toquer à sa porte… 

« Un garant, son but est d’intervenir en cas de défaillance, a indiqué Tatiana Benkaroun lors de la convention des Entreprises du Voyage Grand Est. Mais c’est aussi à nous de nous protéger pour protéger les autres. » A ce titre, elle intervient justement dans l’analyse financière des dossiers, dès leur adhésion, et peut exiger de nouvelles contre-garanties.

« L’APST a également durci ses obligations de remise de documents financiers. Des entreprises tardent à les fournir. Si pour un bilan clôturé au 31 décembre, nous ne les avons pas reçues au mois d’août, nous pourrons radier la société. Ce sera beaucoup plus rapide qu’avant. Alors, pour réadhérer, il faudra refaire un dossier d’adhésion. »

En cas de défaillance, le garant piloté par Mumtaz Teker promet un engagement fort : « en général, nous ne cassons pas la chaîne de valeur professionnelle. Nous faisons partir les clients, qui feront le même voyage que prévu. Après la faillite de Thomas Cook, des TO auraient cessé à leur tour leur activité si l’APST n’était pas venu en substitution pour faire partir les clients. »

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