Jean-Pierre Mas (EdV) : « Notre congrès à l’île Maurice est à guichets fermés »

Plus de 500 professionnels du voyage seront réunis pour le congrès des Entreprises du Voyage (EdV) à l’île Maurice. Il faut remonter au congrès de l’ex-Snav à Pékin, en janvier 2005, pour retrouver une telle mobilisation B2B.

Plus de 500 pros en plénière

« Notre congrès à l’île Maurice est à guichets fermés. Nous n’avons d’ailleurs plus de chambres », nous indique Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage (EdV).

Comment expliquer un tel engouement ? « La destination, le prix compétitif, le désir de se retrouver après le Covid », résume-t-il. Jean-Pierre Mas omet une autre motivation : le syndicat, par son engagement indéfectible pendant la crise, aux côtés des autres organismes représentatifs de l’industrie, sait mobiliser la profession.

Le congrès permettra aussi de faire travailler les méninges. En plénière d’abord, avec des professionnels et des experts. Lors des nombreuses sessions d’ateliers aussi, en plus petits comités. « Les deux grands sujets du congrès sont le travail au sens large et le réchauffement climatique, que nous aborderons en plénière avec des acteurs du terrain et des experts », précise le patron syndical. De la cybersécurité aux stratégies digitales, les questions du quotidien des opérateurs de voyage seront abordées lors de quatre sessions de 10 ateliers.

Les élections en toile de fond

Même si les élections du successeur de Jean-Pierre Mas auront lieu seulement pour l’automne, mercredi 4 octobre, nul doute que ce sujet sera sur toutes les bouches pendant les nombreux moments de networking. Certains candidats à la succession pourraient discrètement démarrer leur propre campagne. Ou en tout cas jeter des bouteilles à la mer.

A L’Echo touristique, nous avions lancé un sondage pour proposer 17 personnalités du secteur, à l’issue duquel Guillaume Linton (Asia) arrivait en tête. 17 professionnels qui ont le profil de l’emploi, et sont notamment mandataires sociaux. Mais, rappelons-le, tous sont patrons, et ne pourraient prendre la direction du syndicat patronal qu’à condition de déléguer largement leurs fonctions actuelles. A une exception près, Jean-Pierre Lorente, qui a cédé son entreprise à Marietton Développement. Quant à un profil comme celui de Samia Benslimane, identifiée comme gagnante par un autre sondage que le nôtre, il semble plus qu’improbable… Malgré toutes les qualités de cette professionnelle, comme DG dans le tour-operating.

Ne pas se laisser polluer par « d’éventuelles guerres de succession »

Pour Jean-Pierre Mas, qui poursuit son troisième et dernier mandat de trois ans, la question des élections reste largement prématurée.

« Nous avons quatre mois de travail. Ne les polluons pas avec d’éventuelles guerres de succession », lâche-t-il.

Or les sujets prioritaires ne manquent pas pour celui « qui n’est pas un roi » et n’a donc « pas de dauphin ». A commencer par la digitalisation et l’accompagnement des entreprises dans leur démarche RSE avec Opco Mobilités.

« Ce sera d’ailleurs un sujet majeur du congrès, avec trois régions témoins. » Yannick Faucon (EdV Centre Est), Michelle Kunegel (EdV Grand Est) et Yvon Peltanche (EdV Centre Ouest) prendront la parole en plénière samedi 3 juin.

Les NAO se poursuivent

Autre sujet clé, l’attractivité. « Il faut poursuivre la communication sur notre secteur, qui n’a pas l’image positive dont il se prévalait il y a une quinzaine d’années. » 

Avec Valérie Boned, secrétaire générale des EdV, Jean-Pierre Mas planche toujours et encore sur les Négociations annuelles obligatoires (NAO). La prochaine réunion avec les syndicats des salariés est programmée le 27 juin. « Nous devons moderniser notre convention collectivité et améliorer l’attractivité de notre secteur. Nos relations avec les organisations syndicales ne sont pas simples. Mais je ne désespère pas d’y parvenir, notamment sur les primes d’ancienneté. Nous parlons ensemble pour faire repasser les groupes A et B au-dessus du Smic, lequel pourrait être revalorisé en juillet ou en septembre. »

Ralentissement de l’activité ?

Le congrès sera aussi l’occasion de prendre le pouls du marché, entre distributeurs, producteurs et autres transporteurs. Si la reprise post-Covid reste forte, plusieurs professionnels notent un petit ralentissement en mai.

« Le mois de mai a vu un certain tassement des réservations, mais je n’ai pas de données chiffrées. Selon notre observatoire, les réservations de voyages pour l’été 2023 progressent de 8% en nombre de dossiers, et de 30% en chiffre d’affaires. Mais cela ne veut pas dire que nous afficherons ces mêmes tendances à la fin août. Il y a plus d’anticipation qu’auparavant. Les Français qui prennent des vacances savent qu’il n’existe plus de promotions à la dernière minute. » Souvent, c’est en réservant tôt que les voyageurs réalisent les meilleures économies. Surtout depuis la fin des vols charter, qui a débarrassé les TO des invendus. 

A lire aussi :

• Entreprises du Voyage : quand auront-lieu les élections régionales 2023 ?
• 2023 : une reprise des voyages à l’épreuve de l’inflation
• Entreprises du Voyage/SNCF Voyageurs : la convention de distribution renouvelée pour cinq ans
• Hiver : le nombre de dossiers recule de 30% selon les Entreprises du Voyage
• En 2023, les Entreprises du Voyage parient sur la sobriété