Stop-arnaque-voyage.fr, un site qui critique certains coachs et travel planners
Seules les agences de voyages physiques ou en ligne immatriculées auprès d’Atout France ont le droit de vendre des voyages, rappelle ce site lancé en même temps qu’une grande campagne B2C. A la différence des « faux experts », précise-t-il.
« C’est la première fois que les Entreprises du Voyage mènent une campagne grand public pour mettre en avant les agences de voyages et leur immatriculation », souligne Valérie Boned, présidente du syndicat patronal des Entreprises du Voyage (EdV). « Nous espérons toucher 2 millions de personnes au minimum. »
Réalisée par l’agence de Bernard Sabbah, cette opération marketing est diffusée à compter de lundi 20 janvier sur le petit écran, les réseaux sociaux, dans les aéroports et les gares. Surtout, elle renvoie vers Stop-arnaque-voyage.fr. Ce site vante les garanties des agences tout en critiquant ouvertement les pratiques de certains coachs, travel planners et influenceurs. Son moteur de recherche permet aussi de vérifier si un opérateur est bel et bien immatriculé auprès d’Atout France.
Nous avons interviewé Guillaume Beurdeley, secrétaire général adjoint des EdV.

L’Echo touristique : Vous lancez un site qui évoque d’un côté les agences de voyages, de l’autre les « faux experts ». Pour les EdV, tous les coachs, Travel Planners et influenceurs sont de faux experts ?
Guillaume Beurdeley : Il faut voir ce qu’il y a derrière cette appellation. Des agents de voyages reprennent volontiers l’appellation de Travel Experts… A travers la campagne, nous souhaitons avant tout valoriser les avantages, les garanties et l’expertise des acteurs immatriculés Atout France.
En d’autres termes, seule l’immatriculation apporte des garanties fermes aux voyageurs, c’est le sens de votre campagne et de votre site ?
Guillaume Beurdeley : Oui, seule l’immatriculation Atout France apporte un socle d’obligations, d’informations et d’assistance au voyageur en cas de problème survenant avant ou pendant le voyage. C’est la grande différence avec d’autres personnes qui gravitent autour de cette industrie, et qui parfois se contentent de proposer des liens de réservation.
Vous parlez d’arnaque, un terme extrêmement fort. A partir de quel moment un coach ou un Travel Planner est -il coupable « d’arnaque » ?
Guillaume Beurdeley : Ce terme correspond à des réalités et à des signalements de cas concrets rencontrés ces dernières années. Exemple d’arnaque : une personne physique travaille sur les réseaux sociaux, vend des voyages sans immatriculation, puis disparaît avec l’argent des voyageurs sans jamais fournir les services achetés.
Nous avons deux plaintes en cours au tribunal.
Est-ce un cas de figure fréquent ?
Guillaume Beurdeley : Ces situations se produisent de manière assez fréquente. Soit il s’agit d’escroqueries volontaires de personnes qui n’ont aucune intention de fournir le voyage. Soit il s’agit d’amateurs à qui on peut laisser le bénéfice du doute, mais qui in fine exercent une activité de manière illégale et ne sont pas en mesure de fournir les prestations achetées. Quelqu’un qui assure des réservations pour le compte d’autrui et construit un voyage complet en rassemblant différents liens relève de l’immatriculation Atout France. Ce n’est pas parce qu’une personne utilise des schémas de paiement un peu innovants qu’elle peut s’exonérer de l’immatriculation.
Pour l’avocate Emmanuelle Llop, un coach ou Travel Planner non immatriculé est en droit de facturer son conseil, mais ne devrait pas envoyer de liens d’affiliation permettant de réserver et pour lesquels il est rémunéré. Vous partagez son point de vue ?
Guillaume Beurdeley : Sur la présentation générale, on a l’impression que c’est simplement le résultat d’une recherche faite au profit du client, come pourrait le faire une IA. Nous ne sommes pas dans la vente pure d’un service de voyage. Mais l’opérateur peut en fait être affilié à un hôtel, envoyer un lien permettant la réservation, et recevoir ensuite une commission. À mon sens, un opérateur qui joue un rôle d’intermédiation dans la distribution de services de voyage à titre lucratif doit être immatriculé.
Avez-vous le sentiment que vous entrez en guerre avec tous les coachs et Travels Planners non immatriculés ?
Guillaume Beurdeley : Ce n’est pas le but de cette campagne. Encore une fois, l’objectif de cette campagne, c’est de mettre en valeur nos métiers, les garanties et l’expertise forte qu’apportent les vrais professionnels, les agences. Mais c’est aussi important de faire de la prévention auprès du grand public, pour éviter les escroqueries comme on en voit de temps en temps.
Justement, existe-t-il des plaintes en cours de la part des EdV ou de membres des EdV ?
Guillaume Beurdeley : Nous, les EdV, avons toujours une centaine d’actions en cours auprès des DDPP, la répression des fraudes au niveau départemental. Nous avons des rendez-vous réguliers avec la DGCCRF, la répression des fraudes au niveau national, au sujet de cas d ‘exercice illégal de la profession. Certaines situations se règlent à l’amiable, la voie que nous privilégions. D’ailleurs, une courte majorité de dossiers qui nous sont signalés sont réglés ainsi, à la suite d’un échange de courriers pour rappeler notamment la réglementation. D’autres dossiers font l’objet de poursuites par le syndicat. Jusqu’à présent, nous avons toujours obtenu la condamnation des opérateurs incriminés.
Combien de plaintes sont en cours ?
Guillaume Beurdeley : Nous avons deux plaintes en cours au tribunal, à l’égard d’opérateurs non immatriculés. Un site de voyage (non immatriculé, Ndlr) installé dans le nord de la France vendait des voyages et il a fait des victimes. Par ailleurs, un tour-opérateur, lui aussi significatif, vend toujours des services de voyage avec là aussi un site. Il va même jusqu’à démarcher des agences de voyages. Nous parlons beaucoup de travel planners. Mais nous avons toujours, aussi, des cas d’exercice illégal de la profession tout à fait classiques.
Coachs, Travel Planners, influenceurs de voyage représentent des métiers relativement jeune. Sans cadre légal très précis. Les EDV pourraient-elles être à la manœuvre pour clarifier les choses ?
Guillaume Beurdeley : Nous avons la volonté de clarifier le périmètre de l’immatriculation. Mais ce n’est pas évident dans le contexte politique actuel.
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