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Les Deux-Alpes inaugurent un nouveau téléphérique colossal

La station iséroise bénéficie, depuis le 7 décembre 2024, d’un nouveau téléphérique promettant d’atteindre les 3 200 mètres d’altitude en dix-sept minutes.

Dix-sept minutes pour monter à 3.200 mètres d’altitude : un nouveau téléphérique a été officiellement inauguré vendredi dans la station de ski des Deux Alpes (Isère), épilogue d’un chantier colossal à 148 millions d’euros, en faisant le plus cher des Alpes. Les 51 cabines du nouveau Jandri, en service depuis le début de la saison hivernale, remplacent l’ancien téléphérique, en service depuis 1985, qui effectuait le trajet de la station jusqu’à son glacier en 40 minutes.

Le nouveau téléphérique double la capacité de transport de personnes, jusqu’à 3.000 par heure, transportées sur 6,4 kilomètres et 1.480 mètres de dénivelé, 10 mois dans l’année. Il peut résister à des vents soufflant à 100km/h. Sept pylônes, dont le plus haut culmine à 50 mètres, remplacent les 17 nécessaires pour faire fonctionner l’ancien dispositif.

Construction française

Construction à presque 100% française portée par l’entreprise iséroise Poma, sa technologie « 3S » (deux câbles fixes porteurs et un troisième câble tracteur) permet de « rendre la montagne accessible à tous, toute l’année, pour toute pratique à travers un appareil moderne », se félicite Fabrice Boutet, directeur général de SATA Group, société en charge de l’exploitation.

« Ce projet est une signature pour les 50 ans à venir », avance M. Boutet, cité dans un communiqué. La construction a duré 18 mois et mobilisée environ 300 personnes. Le budget de 148 millions d’euros a été levé « uniquement auprès de banques et d’acteurs locaux », précise SATA Group, qui prévoit un amortissement du coût sur 30 ans pour « le Jandri ».

Celui-ci « incarne une vision ambitieuse où la garantie neige est au cœur des préoccupations », explique le domaine skiable. La commune et l’exploitant assurent avoir mené une étude d’impact et pris des mesures pour préserver l’environnement : préservation des sols, réutilisation sur place des matériaux excavés, limitation des déplacements d’engin…

Bijou de technologie ou « fuite en avant » ?

Mais certains dénoncent une « fuite en avant ». Pour l’association Mountain Wilderness, les Deux Alpes poursuivent ainsi l’artificialisation du glacier. Le Jandri « s’inscrit dans une logique de montée en gamme qui s’apparente à une course à l’armement à l’heure où les grands domaines skiables sont en compétition pour attirer une clientèle aisée et internationale », ajoute-t-elle.

Ces domaines en haute altitude sont mieux à même de résister aux problèmes d’enneigement et au changement climatique, mais les investissements engagés tirent les prix vers le haut depuis des années. « Peut-être que d’ici [une quarantaine d’années] le bas des pistes ne sera plus à 1 600 mètres, mais à 2 100 mètres. On s’y prépare. Cela ne nous empêche pas d’avoir de belles années devant nous », explique Fabrice Boutet, directeur général de SATA Group, la société d’exploitation des Deux-Alpes, cité par Le Monde.

Les Deux-Alpes, épargnée du changement climatique ?

Dans un rapport publié en février 2024, la Cour des comptes avait mis en garde que seules « quelques stations pourraient espérer poursuivre une exploitation » au-delà de 2050, horizon auquel toutes les stations de ski devraient être « plus ou moins touchées » par le changement climatique et « la diminution de l’activité ski ».

Aux Deux-Alpes, les prévisions d’enneigement pour les prochaines années restent moins pessimistes que dans d’autres stations alpines. La station espère par ailleurs récupérer, à l’avenir, une partie du public des stations de plus basses altitudes et moins enneigées. Un report qui a déjà débuté : depuis 2019, la station a enregistré une hausse de 200 000 « journées skieurs » par an, passant de 1,2 à 1,4 million. Pourtant, au global, la fréquentation des stations de ski a baissé de 9% depuis 2010, selon le même rapport de la Cour des comptes, soit près de 5,5 millions de journées-skieurs annuelles de perdues.

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