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« Si on vend la France en ne parlant que des châteaux de la Loire ou Versailles, on est morts »

L’Ecole Elysées Marbeuf a réuni salle Gaveau (Paris 8e) des experts de l’hospitalité, de la mode et du luxe pour notamment échanger autour des défis du tourisme de demain.

Devant 350 étudiants en lien avec les métiers du luxe, de la mode et de la beauté, la ministre déléguée en charge du Tourisme Nathalie Delattre, a donné le ton dès l’ouverture. « Vous deviendrez demain les ambassadeurs de la destination France », leur a-t-elle dit. Un rôle clé alors que notre pays, a-t-elle rappelé, « reste la première destination touristique mondiale, mais aussi la destination shopping préférée des visiteurs du monde entier, en particulier des clientèles asiatiques ».

Tourisme et luxe : « il faut réenchanter l’expérience client en la digitalisant »
Nathalie Delattre, ministre déléguée au Tourisme, lors de son allocution le 22 mai à la salle Gaveau. © David Savary

Si Paris constitue la principale porte d’entrée du tourisme, il ne faut pas s’en contenter. Pour Christian Mantei, président d’Atout France, l’avenir du tourisme français se joue dans toutes les régions. « Il y a bien sûr Paris, mais il faut aussi penser aux territoires. C’est là que l’on créera le plus de valeur », a-t-il souligné. L’enjeu est de développer l’accès à ces destinations encore trop peu exploitées. « Le tourisme est une compétition », rappelle-t-il. 

« L’Espagne pourrait bientôt nous dépasser »

Face à une concurrence mondiale accrue, il appelle à une montée en qualité pour rester compétitif. « L’Espagne pourrait bientôt nous dépasser en nombre d’arrivées internationales, avec une dépense moyenne par visiteur très élevée. D’autres destinations montent en puissance. Le Maroc, par exemple, deviendra une très grande destination, notamment en vue de la Coupe du monde de football en 2030 », déclare-t-il.

En référence aux JO de Paris 2024, il considère que « cette parenthèse extraordinaire ne doit pas se refermer. Il faut en faire un levier durable. Nous avons tous les atouts pour prolonger cette dynamique ». Ce qui passe aussi par une exigence absolue sur l’accueil.

Un message que partage Patrick Branco Ruivo, directeur général depuis 2019 de la tour Eiffel (6,3 millions de visiteurs en 2024). L’accueil a été repensé, et les boutiques débarrassées des « chinoiseries » au profit de marques françaises., assure-t-il « On a créé il y a deux ans notre propre marque tour Eiffel. Aujourd’hui, elle génère 3,5 millions d’euros de chiffre d’affaires », explique-t-il.

« Jeff Bezos ou une famille de Bretagne, je les accueille pareil »

Mais au-delà des chiffres, c’est une philosophie qu’il défend. « Il faut accueillir le visiteur comme on accueille un ami. Que ce soit Jeff Bezos ou une famille de Bretagne, je les accueille pareil. L’important, c’est l’attention, la personnalisation. » Le discours prône une égalité d’accueil. Dans les faits, difficile d’imaginer que le passage d’un milliardaire mondialement connu ne s’accompagne pas de quelques égards supplémentaires. Ne serait-ce que pour des raisons d’image ou de protocole.

Cette vision du service haut de gamme est également partagée par Laurent Gardinier, président de Relais & Châteaux qui regroupe 580 établissements dans 65 pays. « Pour garantir une expérience d’exception, c’est du travail, beaucoup de travail », explique-t-il. La chaîne a créé une grille de plus de 500 critères – techniques et émotionnels – pour évaluer ses établissements.

« Il faut que tout paraisse simple et spontané, alors même que tout est minutieusement préparé », poursuit Patrick Branco Ruivo.  Christian Mantei abonde : la formation des futurs professionnels est essentielle pour atteindre cet équilibre. « Il faut de la technicité, mais aussi garder de la sincérité, de l’authenticité ».

Tourisme et luxe : « il faut réenchanter l’expérience client en la digitalisant »
De gauche à droite, la journaliste Stéphanie de Muru, l’influenceur Allak, Laurent Gardinier (Relais & Châteaux), Christian Mantéi (Atout France), et Patrick Branco Ruivo (Tour Eiffel). © David Savary

« Si on vend la France en ne parlant que des châteaux de la Loire ou Versailles, on est morts »

La destination ne peut plus se reposer sur son glorieux passé, prévient Marc-Antoine Jamet, président du Comité des Champs-Élysées. « Si on continue de vendre la beauté française en ne parlant que des châteaux de la Loire, du château de Versailles et de Victor Hugo, on est morts », lâche-t-il.

Selon lui, l’avenir du tourisme français passe par la technologie, la durabilité et l’innovation. « Il faut réenchanter l’expérience client en la digitalisant », insiste-t-il, appelant à dépasser les clichés pour « bâtir une modernité ».

Cette transformation repose notamment sur l’intelligence artificielle, pour moderniser le luxe français. Cosmétiques connectés, produits capables de s’adapter en temps réel à la météo ou à l’état de la peau, services hyper-personnalisés…, pour Marc-Antoine Jamet, « la tradition fait le futur grâce à l’innovation ».

La durabilité, un levier marketing ?

Pour les jeunes générations, le luxe ne se définit plus seulement par des codes figés, mais par une expérience authentique, respectueuse et incarnée.

Allak, influenceur et fondateur du compte Foodlovers Paris, observe cette évolution de l’intérieur. « Les jeunes vont au restaurant comme ils sont. Ils valorisent les lieux via les réseaux sociaux. L’élégance ne passe plus forcément par le costume, mais par une expérience sincère. »

L’attente des clients vis-à-vis de la durabilité reste contrastée, ajoute-t-il. « La demande existe, mais elle reste marginale, relève Allak. Les gens veulent avant tout des conseils, une bonne adresse. » Un constat partagé par Christian Mantei : « il y a une responsabilité collective. On progresse, mais ce n’est pas encore un critère déterminant pour tous ».

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