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Sauver les compagnies aériennes, oui, mais à quelles conditions ?

Que ce soit pour les députés français ou les ONG environnementales , le sauvetage des compagnies aériennes implique des contreparties.

Le transport aérien est en crise. Les compagnies ont cloué au sol une grande partie de leur flotte et, au fur et à mesure des semaines, accumulent les pertes. De nombreux Etats ont d’ores et déjà annoncé soutenir leur compagnie nationale et aider les autres sous forme de report ou d’exonération de taxes et redevances. Sauf que ces aides ne plaisent pas à tout le monde.

Hier, Pascale Fontenel-Personne, une députée de la Sarthe, présidente du groupe d’études « Valorisation des activités touristiques », a communiqué un appel solennel à Iata signé par 100 députés français. Ce texte destiné à la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, appelle à  créer un « fond passagers » garantissant aussi bien les voyageurs que les agents de voyages.

Les députés estiment que le secteur du tourisme européen, qui a perdu 342 milliards d’euros, « est doublement lésé par les pratiques abusives des compagnies aériennes et de leur représentant l’Iata. En effet, en dehors de toutes dérogations au règlement européen 261/2004 instituant le remboursement comme norme en cas d’annulation, de nombreuses compagnies aériennes imposent à leurs clients et aux agences de voyages, lorsque le vol est annulé et non volé, des avoirs de durées variables ».

Risque de faillite des compagnies aériennes

Pour eux, le risque est double. D’une part la non-utilisation de l’avoir par les consommateurs mais aussi la faillite de la compagnie aérienne. « L’injustice est grande pour ces professionnels à qui l’on impose de garantir financièrement leurs billets d’avion lorsque celui-ci est intégré dans un voyage à forfait. Ce manque d’équité de traitement n’est financièrement pas soutenable pour la seule filière touristique et présente un réel danger pour le consommateur ayant acheté des billets secs. »

Le gouvernement français a été très réactif face à cette crise en prenant une ordonnance permettant aux voyagistes (agences de voyages et TO) d’établir des avoirs valables 18 mois pour les prestations annulées du fait du Covid-19, sauf pour les « vols secs ». Ces avoirs sont garantis par les organes de garantie financière habituels, comme l’APST.

La validité des avoirs mis en place pour les agences ne peut donc être vraiment effective que « si, et seulement si », la pratique des avoirs dans l’aérien « est encadrée et garantie. Ceci, permettant de sécuriser l’ensemble de la chaine commerciale : du consommateur aux professionnels du tourisme », poursuit Pascale Fontenel-Personne.

Engagements écologiques ?

De leur côté, 250 organisations non gouvernementales (ONG) du monde entier ont publié une tribune sonnant l’alerte sur le sauvetage des compagnies aérienne. Elles indiquent que « si les compagnies sont renflouées sans conditions, il y a fort à parier que la croissance du secteur reprenne dans quelques mois ». Pour les ONG, les Etats sont maintenant dans « une excellente position pour imposer des conditions au secteur et l’engager à réduire enfin ses émissions. Ce ne serait pas une première : en 2008, l’administration d’Obama avait profité du renflouement des constructeurs automobiles américains pour imposer de nouvelles normes fédérales ».

Sarah Fayolle, chargée des Transports à Greenpeace France insiste : « le secteur des transports doit être transformé en profondeur, sans quoi la crise sanitaire risque d’être suivie d’une succession de crises écologiques. Au-delà des aides d’urgence qui doivent d’abord assurer la protection des travailleur-euses, il sera nécessaire de limiter les transports les plus polluants, comme l’avion, et de soutenir la création d’emplois autour de transports plus écologiques, tels que le train ».

Entre les attentes des agents de voyages et de toute la chaîne de valeur, les contraintes environnementales, et la crise économique sans précédent qui se profile, les compagnies aériennes ont fort à faire…

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