Rapport SITA Baggage IT Insights : « Il faut s’appuyer sur la technologie pour réduire la congestion et optimiser les flux »
La SITA dévoile ce jeudi son rapport « Baggage IT Insights 2025 », dans lequel elle dresse un état des lieux de la gestion des bagages dans l’industrie du transport aérien mondial. Entretien avec Nathalie Altwegg, vice-présidente du groupe SITA Airports.
Le trafic aérien mondial atteint des sommets historiques. En 2024, il a franchi le cap des 5,3 milliards de passagers. Malgré cette hausse de 8,2% sur un an, la SITA revendique une réelle amélioration de la gestion des bagages à travers le monde.
Le taux de bagages mal acheminés continue de baisser, et atteint 6,3 pour 1 000 passagers en 2024 : une baisse de 0,6 point comparé à 2023. « La tendance est continuellement à la baisse », souligne Nathalie Altwegg, vice-présidente de SITA Airports, qui publie ce jeudi son rapport « Baggage IT Insights 2025 ». « Cela représente environ 67% de réduction par rapport à 2007, grâce à des outils qui nous permettent de mieux gérer ces problématiques ».
La technologie « au cœur de toutes les actions »
C’est, selon Nathalie Altwegg, la technologie qui est « au cœur de toutes ces actions ». Les outils mis en place par les compagnies, les aéroports et les acteurs tels que la SITA permettent « l’amélioration du partage des données, une meilleure visibilité pour le passager, et un suivi continu. Les compagnies aériennes et les aéroports sont conscients de l’importance, investissent et offrent de plus en plus de solutions », explique la dirigeante.
Parmi elles, la possibilité pour les voyageurs de suivre l’acheminement de leur bagage en temps réel, grâce à l’intégration d’outils tels que le AirTag de Apple, dont les passagers peuvent désormais choisir de partager les données avec leur compagnie aérienne, grâce au système World Tracer, mis en place par la SITA en 2024. Ainsi, sur l’année écoulée, 42% des voyageurs pouvaient suivre le chemin parcouru par leurs bagages – un chiffre qui devrait grimper à 82% d’ici 2027. « Les voyageurs sont plus confiants lorsqu’ils peuvent avoir un suivi de leur bagage », souligne Nathalie Altwegg. « Ils aiment avoir cette visibilité ».
« L’amélioration continue fait partie du processus »
Malgré ces avancées, la SITA comptabilise 33,4 millions de bagages mal acheminés en 2024, à l’échelle mondiale. Un chiffre qui représente un coût de 5 milliards de dollars par an pour les compagnies aériennes. « L’amélioration continue fait partie du processus », concède la vice-présidente. « Plus on partage, plus on coopère, plus on améliore l’écosystème. Un énorme potentiel subsiste pour améliorer le partage et la valorisation des informations », afin de pallier les erreurs encore commises dans le transfert de ces biens, souligne-t-elle.
Car, si sur les trajets domestiques, seuls 1,9 bagage pour 1 000 passagers est mal acheminé, ce taux atteint 11,2 lors de vols internationaux. « Les transferts, et le passage par les hubs – où le bagage passe parfois d’une compagnie à une autre, d’un avion à un autre, représente environ 40% de la raison d’un mauvais acheminement », détaille Mme Altwegg. « Dans ce genre de situation, le facteur de risque augmente ».
Malgré ces failles, la SITA rappelle dans son rapport que 66% des bagages mal-acheminés finissent par retrouver leur propriétaire sous 48h. La raison principale : 74% de ces mauvais acheminements constituent en fait des retards : « Cela reste un point sur lequel nous voulons agir, afin de continuer à réduire ces chiffres. Il n’y a pas de risque zéro », insiste Nathalie Altwegg.
Partager les données entre acteurs du tourisme
Alors, la SITA, par la voix de sa vice-président, enjoint les compagnies à se tourner vers les outils technologiques qu’elle leur propose. « Il y a plusieurs outils existants qui permettent d’accélérer la gestion et la communication entre partenaires. Parfois même demandant un minimum d’intervention humaine, grâce à des outils automatisés modernes », insiste-t-elle. La SITA a par exemple développé l’outil Auto Reflight, qui permet d’automatiser le réacheminement des bagages en se servant des informations présentes sur leurs étiquettes. La solution détecte également les raisons de la perte sans aucune intervention humaine.
« Il est nécessaire de se servir des données et de les partager avec tous les acteurs de l’industrie », rappelle Nathalie Altwegg. « Il y a encore beaucoup à faire pour le démocratiser, et utiliser ces données de façon prédictive, afin de prévoir et d’automatiser » la gestion des bagages. La nouvelle norme de messagerie Modern Baggage Messaging (MBM), mise en place par la SITA, devrait notamment permettre de réduire de 5 % supplémentaires le taux d’incidents, en améliorant la qualité des échanges d’informations à chaque étape du parcours.
Intégrer l’IA au processus
La vice-présidente insiste également sur l’utilité de l’Intelligence Artificielle, qui doit faire partie pleine du processus des aéroports. « Selon nos données, seuls 2% des aéroports ou des acteurs ont vraiment intégré l’IA à leur processus », déplore Mme Altwegg. « Il reste beaucoup à faire pour améliorer la prévision, l’anticipation, la gestion des situations problématiques ».
D’autant que le trafic aérien doit continuer son expansion. « C’est un écosystème qui croît, et cette croissance ne pourra pas être suivie par les infrastructures ou la multiplication du personnel », insiste la vice-présidente de SITA. « Il faudra donc s’appuyer sur la technologie pour réduire la congestion et optimiser les flux ». Parmi les leviers envisagés par la SITA : avoir la même visibilité sur son bagage que sur « un colis Amazon », mettre en place des facilités d’enregistrement, et repenser l’espace aéroportuaires.