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Quand les tour-opérateurs voyagent en zone rouge

Irak, Yémen, Sahara… Alors que le Quai d’Orsay déconseille formellement ces régions, partiellement ou en totalité, certains TO y envoient des clients. Avec un argument : leur connaissance du terrain.

«Nous ne sommes pas un voyagiste des zones à risques. » Cette phrase, Hubert Debbasch, le directeur du TO Terre Entière, va sans doute la répéter ces prochains mois. Après avoir lancé, fin 2008, des circuits au Kurdistan, dans le nord de l’Irak, ce spécialiste des voyages culturels et religieux vient d’annoncer le départ, au mois de juin, d’un premier circuit dans le sud du pays, avec hébergement à Nasiriyah. Inconscience ? « Nous allons dans une région que je sais être totalement sûre, sans passer par Bagdad, trop dangereuse, mais en atterrissant au Koweït, explique Hubert Debbasch. Cela fait deux ans que nous préparons le terrain, ce qui nous permet d’avoir une meilleure connaissance de ces zones que le Quai d’Orsay. »

DES RISQUES CALCULÉS

S’il cite le ministère des Affaires étrangères, c’est évidemment car ce dernier, sur sa carte de conseils aux voyageurs, colore de rouge l’ensemble de l’Irak, à l’exception du Nord. Une couleur presque toujours synonyme de fermeture de la destination pour les tour-opérateurs, même si certains, notamment les spécialistes de l’aventure, revendiquent une liberté d’interprétation. Souvent, bien sûr, leur avis rejoint celui du Quai d’Orsay : c’est le cas, par exemple, pour le Pakistan ou le Yémen, deux pays vers lesquels tous ont suspendu les départs. « La situation, cependant, s’améliore très vite au Yémen, confie Pascal Leduc, directeur de l’agence Terra Diva, qui connaît bien le pays. Je pense y envoyer à nouveau des clients à partir de l’automne. Évidemment, cela facilitera les choses si le ministère assouplit ses conseils. » Dans l’art de passer outre les cartes du Quai d’Orsay, le Point-Afrique s’est aussi fait une spécialité. « Certaines des zones rouges, en Mauritanie notamment, présentent en réalité un danger très limité, martèle Maurice Freund, le président et fondateur du TO. Et puis nous avons engagé d’énormes moyens pour la prévention des risques d’enlèvement. » Tous les TO le répètent donc : pas question de jouer ni avec la vie de leurs clients… ni avec celle de leur entreprise.

QUAND LES TO FONT BOUGER LES LIGNES

Car l’affaire des otages de Jolo, clients d’Ultramarina, qui a valu au voyagiste et à son assureur, Axa, d’être condamné à un million d’euros de dommages et intérêts, a fait jurisprudence. Et la loi Kouchner sur le paiement des frais de secours, actuellement en débat au Parlement, pourrait conduire à alourdir encore la facture si l’État entre en action. Les assurances suivent-elles ? « Je ne pense pas que nos clients soient couverts en cas d’enlèvement », répond Maurice Freund, qui ne semble même pas certain que son TO soit assuré en responsabilité civile professionnelle pour ce genre de cas. Hubert Debbasch, quant à lui, affirme qu’Europ Assistance, qui assure les clients de Terre Entière, « a suivi sans problème » pour les circuits en Irak. Le discours de Pascal Briodin, directeur commercial et marketing de l’assureur, est plus nuancé : « l’Irak, comme l’Afghanistan, fait partie depuis longtemps de la liste des zones où nous n’envoyons pas nos personnels en mission de rapatriement. Nous les projetons sur l’aéroport sécurisé le plus proche. » Reste que les initiatives de certains TO sont parfois à l’origine des changements de position du Quai d’Orsay. Terre Entière revendique ainsi d’avoir contribué à ouvrir la Libye, il y a dix ans, alors qu’elle était colorée de rouge. Et d’avoir permis le passage à l’orange du Kurdistan irakien, fin 2008, la veille du départ de son premier circuit dans la région.

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