Patrice Caradec (Seto) : « La destination France n’est pas suffisamment représentée au sein du Seto »
Patrice Caradec tend la main à de nouveaux acteurs, notamment ceux axés sur le marché français, explique-t-il dans une interview à L’Echo touristique réalisée en marge de la convention du Cediv. Le dirigeant a pris la tête du Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto) depuis une petite semaine.
L’Echo touristique : Vous prenez la suite de René-Marc Chikli à la présidence du Seto. Comment s’est déroulée cette passation ?
Patrice Caradec : La succession était en préparation depuis plus d’un an et demi. Avec René-Marc, nous avons travaillé main dans la main, avec beaucoup de respect et de complicité. C’est une transition qui s’est faite naturellement. Et je ressens depuis les premiers jours une vraie confiance de la part de la profession. Les tour-opérateurs semblent satisfaits de ce passage de témoin et de mon profil pour les représenter.
Quelles sont vos priorités à la tête du syndicat ?
Patrice Caradec : L’une des premières, c’est de rendre le Seto plus représentatif du tour-operating français. Aujourd’hui, nous avons les grands acteurs. Mais il faut aussi intégrer les plus jeunes structures, celles qui innovent. C’est la raison pour laquelle nous avons créé la catégorie « Jeunes Pousses » il y a deux ou trois ans. Elle regroupe des fabricants de voyages avec un chiffre d’affaires compris entre 1 et 5 millions d’euros. A nos côtés, ils vont pouvoir grandir plus vite et plus sereinement. Et se doter des bonnes pratiques du métier. Le message passe. Plusieurs jeunes entrepreneurs m’ont récemment confié leur envie de rejoindre le Seto.
« Je veux qu’on associe les acteurs de la destination France à notre dynamique syndicale »
Vous évoquez aussi l’ouverture au tourisme intérieur. Pourquoi est-ce important ?
Patrice Caradec : Parce que le tourisme en France représente une énorme partie du marché, et aujourd’hui il est sous-représenté au sein du Seto. J’ai déjà fait entrer Belambra il y a plus d’un an. Pierre & Vacances, Village Club du Soleil, Azureva, ou même l’hôtellerie de plein air, sont des acteurs qui m’intéressent.
Moi qui ai fait une grande partie de ma carrière dans les clubs de vacances, je le vois. Ce sont des opérateurs qui disposent d’une vraie expertise, une vraie capacité à créer de la valeur ajoutée. Je veux qu’on associe les acteurs de la destination France à notre dynamique syndicale. Avec les Entreprises du Voyage, avec lesquelles nous travaillons main dans la main, ce sera aussi un moyen de renforcer notre légitimité auprès des institutions.
« Nous aimerions une meilleure considération de la part du ministère en charge du Tourisme. »
Justement, le Seto est-il suffisamment reconnu au niveau gouvernemental selon vous ?
Patrice Caradec : Non, pas encore. Que ce soit les EdV ou le Seto, nous ne sommes pas reconnus à la hauteur de ce que nous représentons. Nous aimerions une meilleure considération. Le ministère en charge du Tourisme continue de nous considérer comme de maudits acteurs qui font partir les Français à l’étranger. Alors qu’en réalité, nous créons de l’emploi, de la richesse, et nous avons un vrai rôle à jouer dans l’évolution de l’industrie. En intégrant davantage de spécialistes de la destination France, nous pourrons mieux faire valoir notre place.
« Passer de 80 à une centaine de membres à la fin de mon premier mandat. »
Comment comptez-vous attirer ces potentiels adhérents ?
Patrice Caradec : En allant les chercher, tout simplement. Le Seto a longtemps été perçu comme une bande de copains. Un cercle fermé. Les gens n’osaient même pas frapper à la porte. Mais ce temps-là est révolu. Aujourd’hui, on veut aller sur le terrain, rencontrer les professionnels, les écouter. Il faut leur montrer ce que le Seto peut leur apporter. Mais eux aussi doivent s’impliquer, dire ce qu’ils peuvent apporter à leur syndicat pour faire grandir l’ensemble l’industrie.
Nous réunissons 80 adhérents. Mon objectif, c’est d’atteindre la centaine de membres à la fin de mon premier mandat.
La communication est un autre enjeu important pour le syndicat. Quelles évolutions prévoyez-vous ?
Patrice Caradec : C’est vrai qu’on nous dit souvent qu’on ne communique pas assez. On ne va pas devenir un tsunami médiatique, mais on va avancer, progressivement. Il faut qu’on évolue pour mieux coller aux attentes de nos actuels et futurs membres. On ne va pas changer le savoir-faire du Seto mais on va améliorer le faire-savoir. En ayant un regard plus affûté sur les moyens de communication, les nouveaux médias.
Vous prenez vos fonctions dans un contexte géopolitique tendu. Quel rôle peut jouer le Seto dans ce type de crise ?
Patrice Caradec : Nous ne pouvons pas agir sur les événements géopolitiques eux-mêmes, évidemment. Ce n’est pas le Seto qui va régler le problème du Moyen-Orient. En revanche c’est dans ces périodes de turbulence que les syndicats comme le nôtre doivent montrer toute leur utilité. Notre rôle est d’accompagner nos membres, de leur fournir les bonnes informations, de les aider à s’adapter. L’industrie du tourisme est résiliente. Elle a déjà traversé de nombreuses crises. Celle-ci aussi, nous la surmonterons. Je reste confiant, mais cela nécessitera solidarité, coordination et réactivité.
« Il nous reste environ un million de clients à aller chercher »
Qu’en est-il de la saison été ?
Patrice Caradec : Comme je l’ai déjà souligné, l’été n’est pas encore joué. Si l’on prend l’ensemble de la saison (hiver + été), nous sommes à un peu moins de 75% de l’objectif final. Il reste près d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires à réaliser, ce qui représente environ un million de clients à aller chercher pour compléter la saison. Juillet et août seront cruciaux. Ce sont des mois majeurs à la fois en volume et en marge pour l’ensemble des acteurs du tour-operating.