Paris déploie des brigades policières dans les lieux touristiques

L’Echo touristique : Quelles sont les grandes lignes de la feuille de route pour le tourisme que vient de vous assigner la nouvelle maire de Paris, Anne Hidalgo ?

Jean-François Martins : Nous voulons que Paris reste la ville qui accueille le plus de visiteurs, en développant les capacités d’hébergement, avec un objectif de 12 000 chambres supplémentaires dans la métropole d’ici 2020. Ensuite, Paris doit être la ville qui accueille le mieux. Cela passe par des dispositifs et des expériences innovants, mais aussi la promotion de l’écologie urbaine. J’aimerais que demain, les touristes visitent la promenade de la petite ceinture [ancienne voie de chemin de fer, ndlr] comme ils visitent Central Parc à New-York.

Face à l’augmentation des actes de délinquance à l’encontre des touristes (un groupe de Chinois vient à nouveau d'être agressé, voir ci-dessous), un plan de sécurité doit être présenté très prochainement. Quelles en sont les mesures ?

Le travail mené par la préfecture de police et la ville va déboucher sur la mobilisation de brigades policières spécifiques dans certains lieux comme les Champs-Elysées ou Montmartre. Une brigade similaire a été mise en place au Louvre depuis l’an dernier et a porté ses fruits, avec une baisse des vols à l’arrachée. En parallèle, nous allons renforcer l’information sur les consignes de précaution que les touristes doivent suivre, avec l’aide des tour-opérateurs, des hôteliers et des ambassades.

L’office de tourisme de Paris a récemment présenté ses résultats 2013 à l’échelle du Grand Paris. Les frontières institutionnelles sont-elles en train de sauter ?

Nous sommes dans une période où chaque euro d’argent public est sous-pesé avant d’être dépensé. Nous avons clairement l’envie d’apprendre à travailler ensemble avec les acteurs départementaux et régionaux du tourisme, pour faire mieux et moins cher. Il s’agit moins de fusionner que de mieux se répartir les compétences, pour éviter les dépenses en doublon. Par ailleurs, nous allons créer un comité de la destination Paris qui rassemblera les opérateurs privés, les acteurs institutionnels et la ville, pour faire en sorte que tout le monde tire dans le même sens. Enfin, nous allons doter Paris d’un schéma de développement touristique, pour formaliser les objectifs en la matière.

Quelle est la position de la ville de Paris en ce qui concerne l’ouverture de certains magasins le dimanche pour stimuler l’activité touristique ?

La maire s’est exprimée sur ce sujet : elle n’est pas favorable à la généralisation du travail dominical. Nous avons en revanche lancé une mission d’évaluation de trois mois sur l’ouverture des magasins dans certaines zones touristiques bien précises. Cette question ne relève pas seulement d’une décision de l’Etat, car elle a des conséquences sur certains services comme la propreté ou les transports.

Vous devez prochainement rencontrer les dirigeants français d’Airbnb. Qu’allez-vous leur dire ?

Nous avons demandé au ministère de l’Economie d’étudier les modalités d’une extension de la taxe de séjour aux locations saisonnières et nous attendons sa réponse. Je pense qu’Airbnb comprendra l’intérêt d’une telle mesure. Par ailleurs, nous voulons leur demander de faire le tri dans l’offre, pour que les durées de location restent raisonnables, en gros inférieures à 90 jours par an. Mon objectif, c’est d’éviter une guerre entre Airbnb et les hôteliers comparable à celle entre les VTC et les taxis, avec des hôtels accusés d’être ringards et Airbnb traité de voleur.

Paris Rendez-Vous, l’espace multi-services de la ville de Paris ouvert le 19 mai, a-t-il une vocation touristique ?

Bien sûr, et d’ailleurs, environ deux tiers des visiteurs sont des touristes. Paris est une marque merveilleuse, les gens ont envie de repartir avec une partie de l’identité de la ville. Cette boutique vend et expose des objets et savoirs-faires qui font cette identité.

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