Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

Nicolas Brumelot : « La vie n’est jamais un long fleuve tranquille »

Il ne laisse pas indifférent, Nicolas Brumelot, fondateur avec son complice Carlos da Silva de Misterfly, après avoir mené au succès Go Voyages. Petit par la taille, il est grand par le cœur. Pour lui, l’attention vers les autres est une priorité et l’injustice fait partie des combats pour lesquels il n’y a pas de concessions possibles. Un entretien qui m’a laissé songeur…

L’Echo touristique : Ma première question comme d’habitude, Nicolas Brumelot, qui êtes-vous ?

Nicolas Brumelot : Qui suis-je ? J’ai 58 ans. Je suis marié, divorcé, père de trois filles. J’ai une vie un peu atypique parce que mes parents ont déménagé dans le sud-est asiatique quand j’avais 8 ans. C’est ce qui m’a formé, nous nous sommes transportés de Paris (on habitait dans le 13ème, à l’époque ce n’était pas le quartier chinois comme aujourd’hui) dans le sud-est asiatique, dans un pays en voie de développement. Je peux dire qu’il faut faire preuve d’adaptation (…). Comme si ça ne suffisait pas, mes parents ont décidé de me mettre dans une école anglaise.  C’est ce qui m’a servi tout au long de ma vie pour intégrer le fait qu’on doive tout le temps s’adapter. Cette ouverture sur le monde, à la fois les cultures, les langues, les changements, les environnements, la nourriture. A l’époque, quand on est arrivés à Singapour, il y avait encore les rickshaws dans les rues, c’est comme ça qu’on se déplaçait. On était 5 enfants blonds. Dans la rue, on nous touchait les cheveux quoi ! C’était assez déroutant, ça m’a transporté dans un monde que je n’imaginais pas, mais c’est ce qui m’a guidé, ce qui m’a permis je pense de réussir. Cela m’a permis de m’adapter et d’être là où je suis aujourd’hui, d’être encore debout, c’est ce qui m’a réellement forgé. La vie n’est jamais un long fleuve tranquille sur le plan perso, sur le plan professionnel.

Est-ce que c’est ce déplacement qui vous a donné le goût du voyage, le goût de travailler dans le voyage ? Vous avez démarré directement là-dedans ?

Nicolas Brumelot : Pas du tout ! Je n’ai pas du tout commencé dans le voyage. Dans le deuxième choc que j’ai eu, transporté d’une école française à une école anglaise, je suis arrivé dans une classe où tous les élèves étaient anglais. Tous étaient en uniforme, alors j’étais vraiment la caricature « de celui que l’on pointe du doigt » parce que j’avais tous les signes extérieurs visible de la différence. Et en classe je ne parlais pas un mot d’anglais. Mais, je pense que c’était à la fois la chance de cette école et aussi la culture anglaise, je ne sais pas, on ne m’a pas traité comme quelqu’un de différent. Au contraire, cette différence ils s’en sont servis pour m’aider parce qu’ils voyaient bien que j’étais transporté, que je ne parlais pas la langue… J’ai une cicatrice sur le front parce qu’à l’école primaire (en France), les grands étaient méchants dans la cour, on se faisait malmener. Là-bas je me suis retrouvé avec une classe où ils se sont tous mis à m’aider. Pour moi, ça a été un vrai bouleversement. Un jour, j’ai dans mon cahier de correspondance, un mot de ma prof qui m’a interpelé : « Traite les autres comme tu aimerais qu’ils te traitent ». Ça m’a fait prendre conscience même jeune, en subconscient sans doute, qu’il faut se préoccuper des autres. Si tu traites les autres comme tu voudrais qu’ils te traitent, les choses se passent très différemment. Ce sont des leçons de vie qui marquent durablement et ça a été pour moi un révélateur. Cela ne m’a pas amené au tourisme mais à l’ouverture, à la rencontre à la fois du goût, du paysage, du climat… J’ai commencé dans le système anglais puis américain, j’ai connu trois systèmes d’éducation différents qui ont concouru à cette faculté d’adaptation. J’ai ensuite commencé par l’entreprenariat avec mon père qui étais entrepreneur dans l’âme. On avait 18 ans avec mon frère et il nous a embarqués dans un projet. Je me suis retrouvé chef d’entreprise à peu près au même moment que mes études et mon service militaire… Vraiment, le tourisme c’est le hasard des choses qui m’a amené dedans. J’ai toujours travaillé dans l’univers des loisirs qu’on avait développé avec mon père. A l’époque ça a été revendu à Aquaboulevard de Paris et puis ensuite j’ai été dans des produits de défiscalisation. Je suis plutôt un financier, mais, à décharge de ceux qui en ont fait, avec l’exploitation de vraies bases aux Antilles. Du coup, j’allais régulièrement aux Antilles, il y avait des bateaux en exploitation, des skippers et des hôtesses donc une activité de tourisme, pas directe mais quand même. Après, encore le hasard, quand la société a fait faillite, j’ai atterri chez ce qui s’appelait Charter et Cie, et c’est là que nos chemins se sont croisés avec Carlos et c’est comme ça que je suis arrivé vraiment dans le tourisme. J’avais des connaissances assez vagues du secteur. Je remercie Lucien Klat -ou René Poulet- qui à l’époque était le PDG. C’est ainsi que j’ai atterri dans le tourisme. Et quand on y a gouté, on y revient toujours. Il y a à la fois une ambiance, des confrères, des collègues, le produit. Je suis allé voir ailleurs et même si les temps sont particulièrement difficiles, il y a un attachement très fort à cette industrie. Je ne l’explique pas, peut-être que c’est mon parcours, mon histoire personnelle qui fait ça. Je pense qu’il y a cette ouverture, tellement de métiers, tellement de gens différents. Et ça j’adore !

Avec Carlos, c’est du respect et de la confiance

La rencontre avec Carlos (Da Silva), c’est une chance ? Est une véritable amitié ou une amitié de travail ?

Nicolas Brumelot : Avec Carlos, je dirais que c’est surtout du respect. On est extrêmement différents, ceux qui nous connaissent le savent. On n’a pas les mêmes passions, les mêmes modes de vie. Mais je suis convaincu aujourd’hui que pour bien fonctionner en binôme en entreprise, il ne faut surtout pas être pareils. Ce ne sont pas des liens d’amitié. Les gens seraient surpris, on ne va pas dîner ensemble. O nn n’a pas les mêmes amis, les mêmes relations, mais on se fait confiance c’est très important, aveuglement d’ailleurs. On a des sensibilités très différentes, on échange beaucoup, et ma personnalité fait que j’ai besoin de ça, et Carlos sans doute aussi. Il y a peu de sujets où on décide de façon totalement indépendante. Et moi ça me conforte d’avoir des visions différentes, des perceptions différentes. Quand on traverse des moments difficiles, ce sont aussi des éléments de support. Ce n’est pas de l’amitié, c’est du respect et de la confiance. C’est indispensable.

Vous avez mené Go Voyages au sommet, vous l’avez fort bien vendu, vous auriez pu chacun -vous surtout- vous dire « maintenant je peux faire vivre mes enfants, mes arrières-petits enfants… ». Pourquoi avoir remonté une entreprise, Misterfly, qui est en train de devenir aussi très brillante ?

Nicolas Brumelot : C’est le goût d’entreprendre, de se sentir utile et de faire des choses. Je ne saurais pas m’occuper à ne rien faire. Encore une fois, c’est une question de personnalité. Il y a des gens qui imaginent que ne rien faire c’est bien, parce que c’est un luxe. Mais finalement on se rend compte que ce qui nous fait avancer dans la vie, c’est le fait de s’intéresser, de faire, de construire, parce que l’horizon de la ligne de vie c’est de se dire « le temps que j’ai, j’en fais quelque chose. ». C’est ma philosophie. C’est un exemple aussi je pense pour mes enfants. Je le fais aussi par passion, ça me passionne plus que de rester à ne rien faire, ou m’isoler dans des livres, ou aller pêcher comme certains, même si j’ai d’autres centres d’intérêt. Ce n’est pas non plus par besoin de se rattacher à quelque chose pour exister. J’ai vécu la période où après Go Voyages, comme par enchantement quand on ne représente plus un intérêt pour les gens, le téléphone cesse de sonner. Je peux compter sur les doigts d’au maximum deux mains les gens qui ont continué à s’intéresser à moi en tant que Nicolas et pas par ce que je représentais en tant que dirigeant de Go Voyages, de l’intérêt business que je pouvais avoir. J’ai cette lucidité de savoir que sans rôle, on perd beaucoup des relations que l’on a, mais je n’ai pas besoin de ça. On pourrait se demander de la même manière, pourquoi Bernard Arnault ou Pinault continuent. Je pense que Bernard Arnault doit travailler très dur. Pour certain c’est une question d’existence sociale, moi non c’est un moteur, ça me fait avancer. Cela me donne envie de faire des choses, c’est pour ça que j’essaie de faire plus encore qu’avant en m’impliquant dans une association, et fortement en donnant de ma personne. Je ne sais pas si c’est me dire que je suis encore en bonne santé, j’ai de la chance donc faut y aller, faut que ça serve à quelque chose quoi ! Et puis mon père aussi… Je pense que sa personnalité tout le temps à avoir des projets, j’aime bien ça aussi. Peut-être que sans projet, je « m’éteindrais ». Aujourd’hui je suis un peu désespéré, c’est difficile, on dit au revoir à des gens, plutôt que construire, embaucher des gens, de leur donner de la perspective, de la vision, un boulot… Oui une de mes plus grandes fiertés, c’est d’avoir créé autant d’emplois. Finalement sur deux entreprises avec Carlos, on a créé quand même 1000 emplois à nous deux. Quand je dis à nous deux, c’est le succès, c’est la contribution de tout le monde, les idées, les financements qu’on a pu obtenir. A la base, c’est quand même nous qui avons décidé de faire ce qu’on a fait et c’est une grande fierté. Se dire qu’on a été utile à la société et pas juste qu’on a gagné de l’argent pour soit. Finalement, c’est se rendre utile et prendre du plaisir qui est important. Les responsabilités ne me font pas fuir.

Justement, venons-y. On est dans une situation extrêmement compliquée, difficile, dramatique même. Vous venez d’annoncer un plan social ?

Nicolas Brumelot : Humainement c’est très difficile. Nous avons toujours, avec Carlos, veillé à ce que nos actionnaires comprennent que l’entreprise repose sur un savant équilibre de tout, qu’il doit y avoir juste rémunération des actionnaires, mais que l’entreprise existe grâce à ses collaborateurs. « Une juste redistribution ». « Juste », le mot est très subjectif, mais en tout cas, s’intéresser aux gens, savoir qui ils sont, dire bonjour, ne pas s’isoler.

Ça fait toujours mal de faire du mal à des gens.

Ça fait mal parce que je sais que je vais faire du mal à des gens, même si on sait que tout ça est la conséquence du Covid, mais aussi des décisions qui ont été prises. Malgré tout, c’est toi qui prends la décision, qui doit l’assumer, la porter. Moi, cela me touche. Ça fait toujours mal de faire du mal à des gens. Je ne connais pas toutes les histoires, chacun ses souffrances, j’ai les miennes, les gens les gardent, ont une certaine pudeur. Et il y a des situations que je vais provoquer indirectement dont je me sentirai coupable. C’est ce qui me fait mal dormir, c’est super compliqué. Ce que j’aimerais bien, c’est qu’on trouve les moyens, que la situation s’éclaircisse. Et que ces gens qu’on a dû faire partir -s’ils acceptent de nous refaire confiance – de les faire revenir.

Vous avez dit : « C’est la situation, c’est le Covid, ce sont aussi les décisions qui ont été prises », est-ce que vous pouvez préciser tout ça ? Vous avez écrit une lettre ouverte au Président Macron.

Nicolas Brumelot : J’ai écrit une lettre ouverte au Président Macron parce que j’ai déjà écrit une lettre pas ouverte au Président assez tôt, pour laquelle j’ai reçu une réponse mécanique. Une lettre ouverte c’est un peu comme un moulin à vent, je n’ai pas eu l’ombre d’une réponse. Je n’ai eu d’échanges avec aucun des ministres et ce que je leur reproche c’est de ne pas s’intéresser à la réalité du terrain. La réalité du terrain ce sont surtout les PME, je lui ai dit au Président, ce qui fait le tissu social de la France, les microentreprises, les TPE, PME. Combien y a-t-il de personnes qui ont mis le pied dans l’entreprenariat, dans notre profession en particulier, réglementé, qui ont hypothéqué leurs avoirs personnels pour émettre des garanties ? C’est un métier qu’ils font par passion, qui comporte des risques et dans l’indifférence générale, je vois : « c’est des petits, ce n’est pas grave, c’est un emploi par-ci, un emploi par-là, c’est une agence, tiens Bergerac… » tout le monde s’en fou. On nous parle de TUI, soutenu par l’Etat allemand, on nous parle d’Air France, je comprends absolument la situation des compagnies aériennes mais il convient de s’intéresser à ce qu’il se passe réellement. Pour notre industrie, la situation de distributeurs, de petits entrepreneurs, face à la charge de travail que l’on subit par le comportement d’une compagnie aérienne pour laquelle ni le consommateur ni les petits comme nous ne sommes protégés par le gouvernement, ça me révolte. C’est une injustice et j’ai horreur des injustices. Les grands seront sauvés, j’ai bien entendu que Bruno Lemaire a dit que l’Etat jouera son rôle. En revanche, je ne peux pas accepter qu’on laisse mourir tous les petits, ils ne savent pas ce que c’est que d’annoncer à des salariés qu’on doit les licencier parce que personne ne l’a fait.

Il faudrait, pour notre industrie, permettre le voyage. Ce n’est pas compliqué, ce n’est pas une question d’argent. Iata, des compagnies aériennes, l’OACI ont fait plein de propositions dans ce domaine-là. Il faudrait, pour voyager, pouvoir tester. Mais quand on voit qu’on n’est même pas capables de tester en France donc on est en train de tuer l’industrie du voyage.

Mais ce n’est pas une question uniquement de décisions françaises, c’est mondial…

Nicolas Brumelot : Ce n’est pas que la sienne mais il y a des pays qui ont prouvé qu’on pouvait le faire. Jusqu’à preuve du contraire, on peut aller jusqu’à Dubaï. Il y a un protocole sanitaire mis en place. Si le pays qui reçoit les Français est en confiance sur le fait que les gens se font tester avant de partir, on aura réglé le plus gros du problème de ce frein au voyage. On a réinstauré la peur de l’autre. C’est terrible dans le monde du voyage. Qatar a proposé pour le coup, avec l’aide des compagnies aériennes et l’OACI, de bonnes mesures. La priorité absolue, c’est de se prendre en main. On fait ce que j’appelle « la politique spectacle », on laisse n’importe qui aller se faire tester, pas ceux qui ont besoin de voyager,  aimeraient voyager, soutenir toute une économie, mais ceux qui ont peur, qui se font tester parce qu’ils ont le nez qui coule. On a tout engorgé.

La France n’est pas seule, mais doit être un moteur.

La France n’est pas seule mais doit être un moteur. Si des pays comme Dubaï arrivent à faire des choses, il n’y a pas de raison. Si on installe la confiance, je pense qu’il y a moyen de r-epermettre le voyage en France. La France ne peut pas vivre sans les touristes étrangers. Et nous agents de voyages, tour-opérateurs, on allait tout d’un coup aller produire la France à des Français qui savent voyager en France ? Sauf pour ceux qui ont des projets d’un luxe inouï et ont besoin de tour-opérateur pour voyager en France, ils n’ont pas besoin de nous. Que vont devenir ces milliers de professionnels du voyage qui vivent de ça ? Le gouvernement a dépensé de l’argent pour ça, très bien, on ne nous a parlé que de consommation bleu-blanc-rouge. Nous, on fait quoi ?

Pour résumer, face à Emmanuel Macron, que lui demandez-vous ?

Nicolas Brumelot : En fait ce qu’il faut c’est demander aux ministres de s’intéresser par ordre de priorité aux industries sinistrées. On ne peut pas traiter tout le monde en même temps. Il y a des industries sinistrées plus que d’autres. Quand j’entends les restaurateurs s’inquiéter qu’on aille fermer leur bar, sincèrement, nous on tourne à -80% d’activité, quand ils font du -50% et ils ont pu rouvrir, ils ont eu de la chance depuis la fin du confinement, nous on n’a pas pu rouvrir. Il faut du coup aller par ordre de priorité sur les secteurs les plus impactés plutôt que de rependre un peu partout et de faire les choses qu’à moitié finalement. Il faut envoyer les gens sur le terrain, pas avec une armée de Mexicains, de conseillers ou autres avec les préfets, la télévision, on s’est fiche de ça. Quand j’ai alerté le secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne sur les problèmes auxquels on devait faire face, la question des remboursements des compagnies aériennes, je me suis fait dire indirectement que nous avions eu des avoirs, la fameuse ordonnance et que de toutes façons, le remboursement c’est le problème des compagnies aériennes. Je suis désolé, je vends des billets d’avion à des clients, ils viennent me voir moi. On a subi, nous, l’entreprise cette méconnaissance de l’administration.

Il y a des centaines de millions d’emplois qui dépendent de ça. Aussi la paix, qu’est-ce qui permet cette paix, j’en reviens à mon histoire de vie, l’ouverture vers les autres parce que les gens se parlent, se voient, voyagent apprennent les différences. Cette ouverture vers le monde c’est aussi ça qui a permis au monde -depuis la seconde guerre mondiale, on l’oublie un peu vite- de ne pas avoir de conflits (certes des guerres civiles) comme nos parents en ont connus. On doit s’en réjouir. Le voyage est un vrai contributeur et j’aurais peur plus que tout pour les enfants. S’il y a une génération où les gens ont peur de l’autre avec le populisme lié à la pauvreté c’est ça qui contribue de nouveau à recréer ce que j’avais écrit confidentiellement à Emanuel Macron, une révolte. Le mot est trop faible.

On va terminer là-dessus : vous êtes beaucoup investi dans tous ce qui est aide aux migrants, vous vous êtes investi également sur d’autres causes humaines…

Nicolas Brumelot : Le politique est confronté avec une arrivée massive de migrants. Il faut régler le problème à la base qui est la pauvreté et essayer de tout faire pour que les gens puissent rester chez eux. Aujourd’hui les politiques sont confrontés à ce dilemme d’accueillir des populations alors que nos propres populations sont en extrême souffrance et qu’on n’a plus les moyens. Ils sont tiraillés entre deux et je n’ai pas de solution à apporter sauf à dire qu’il faut régler le problème à la source. Comme en médecine, il faut traiter le mal sinon on va juste l’anesthésier et pas trouver de solution. Ça passe par des conditions qui soient à la fois satisfaisantes, où tout le monde profite de la croissance mondiale, même si en ce moment plus difficile. Pour le coup, ça prend très longtemps. Ces souffrances humaines sont intolérables mais j’avoue modestement que je n’ai pas de solution à apporter.

Nicolas Brumelot, est-ce que vous avez l’impression d’avoir raté beaucoup de choses dans votre vie ?

Nicolas Brumelot : J’essaie de toujours regarder devant. L’être humain peut s’améliorer et je reconnais que j’ai changé. Quand j’étais petit je faisais beaucoup de sport et je jouais au tennis, j’étais ce qu’on nomme un petit branleur, j’insultais mon père, je cassais les raquettes. Je me suis fais sortir pas mal de fois à des cours jusqu’au jour où j’ai eu honte de moi et je me suis rendu compte de mon comportement. J’ai changé. Après ça j’ai joué au tennis, au golf en étant d’un calme olympien, les gens pensent que je suis très calme. En moi, il y a toujours ce vent de révolte. On peut changer quand on le veut. Dans mes relations personnelles, j’ai eu deux vies, marié, divorcé et remarié aujourd’hui et je pense que j’ai appris des erreurs que j’ai faites parce que les erreurs ne sont jamais imputables à une seule personne. Je me dis que je peux encore changer, encore contribuer à des choses en étant meilleur.

IJ’allait oublier, il a une phrase qui m’a choqué, quand vous dîtes qu’avec le développement des ressources informatiques, vous embaucherez moins.

Nicolas Brumelot : Oui. Nous sommes dans un métier où les marges sont extrêmement faibles. Une entreprise doit avoir une réalité économique. Pour qu’elle soit pérenne, il faut qu’elle fasse des profits. Ça ne doit pas être un sujet tabou, c’est ce qui permet de payer les collaborateurs, de créer un écosystème qui soit favorable. Dans nos métiers, où les marges ne font que baisser, ces robotisations pour des tâches qui n’ont pas de valeur ajoutée, c’est indispensable. Ça remplacera des gens. Mais d’un autre côté les personnes qu’on n’embauche pas pour faire du traitement, on les embauche pour concevoir les outils qui permettent de faire ce traitement.

On embauche ailleurs.

4 commentaires
  1. Lemoine clarisse dit

    Un bel article… fière d’avoir accompagné MisterFly à sa création.

  2. Jacky Cailleau dit

    Bel article Dominique, si agréable à lire dès le matin en ces temps indéfinissables.
    Bel article Nicolas, une super leçon d’humilité et d’humanité, ne change pas. Je t’avoue découvrir une belle personne.
    Je parais peut-être idiot de mieux te connaître ainsi que maintenant mais c’est au moins sincère.
    Bravo non seulement pour le partage mais également pour ton engagement.

  3. christophe sentuc dit

    Ce fut un plaisir d’en apprendre un peu plus sur cet entrepreneur dans l’âme que j’ai eu plaisir de croiser. J’ai apprécié les « origines », le militantisme professionnel et ces dernieres remarques sur notre métier « comme source de paix internationale » et les migrants….. avec toutes mes amitiés, si ce message lui arrive.

  4. Roche Olivier dit

    . Si tu traites les autres comme tu voudrais qu’ils te traitent, les choses se passent très différemment.
    Complètement d accord avec cette phrase :))

Laisser votre commentaire (qui sera publié après moderation)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Dans la même rubrique