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L’Etat allemand sauve Lufthansa et veut provisionner les futurs dividendes

Vingt-trois ans après avoir vendu la dernière action, l’Etat allemand rachète 20% de Lufthansa, en difficulté depuis le début de la crise.

La compagnie aérienne Lufthansa a confirmé jeudi être proche d’un sauvetage par le gouvernement allemand grâce à un plan de 9 milliards d’euros. Cette décision ferait prendre à l’Etat fédéral une participation importante dans un groupe menacé par l’effondrement du trafic. Le projet, qui n’a pas encore été finalisé, prévoit des mesures de stabilisation pour un montant allant jusqu’à 9 milliards d’euros. Sur cette somme, 3 milliards d’euros sont programmés « sous forme de prêt » de la banque d’investissement publique KfW, selon la compagnie allemande, également présente via des filiales en Suisse, Belgique et Autriche.

Ce plan amènerait le fonds de stabilité économique du gouvernement fédéral (WSF), créé pour amortir les répercussions de la pandémie de coronavirus, à acquérir 20% du capital, ainsi que des obligations convertibles en actions valant « 5% supplémentaires plus une action », a détaillé Lufthansa. La convertibilité pourrait être exercée « en cas d’offre publique d’achat par un tiers », ce qui donnerait de fait au gouvernement une minorité de blocage pour la faire échouer.

Provision sur les salaires et les dividendes

Si le projet allait à terme, il permettrait de clore des semaines de controverse entre les conservateurs (CDU) de la chancelière Angela Merkel et ses partenaires de coalition sociaux-démocrates (SPD). Au sein du parti de Mme Merkel, nombre d’élus ont plaidé pour ne pas s’impliquer autant dans une entreprise entièrement privatisée en 1997. A gauche, beaucoup voyaient là une occasion de pousser la grande compagnie aérienne allemande à préserver l’emploi et être ambitieuse dans la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre.

Ces derniers devraient être satisfaits de la perspective de la nomination par le gouvernement de membres du conseil de surveillance, ainsi que de provisions sur les dividendes futurs ou le salaire des dirigeants. D’après le quotidien économique Handelsblatt, il s’agirait de nommer des personnalités qui ne seraient « pas des élus ou des fonctionnaires », mais plutôt issues du monde des affaires, comme cela se fait chez le géant de l’aéronautique Airbus.

« Le gouvernement mène de manière intense des discussions avec l’entreprise et la Commission européenne, une décision est attendue sous peu », a déclaré Mme Merkel lors d’une conférence de presse mercredi à Berlin à propos de ce plan.

Lufthansa a précisé qu’elle convoquerait une assemblée générale extraordinaire, pour approuver un sauvetage qui va diluer la part de ses actionnaires actuels. La Commission européenne doit aussi donner son accord. A la Bourse de Francfort, les investisseurs ont salué ces informations : l’action bondissait de 6% jeudi une heure après l’ouverture. Mais elle vaut presque moitié moins qu’en début d’année et la capitalisation boursière a chuté à moins de 4 milliards d’euros, rendant le groupe vulnérable à une acquisition.

Hémorragie de liquidités pour Lufthansa

La compagnie, qui emploie près de 140.000 personnes dans le monde, traverse une grave crise, avec environ 700 de ses 760 appareils cloués au sol, et plus de 60% de ses salariés au chômage partiel. En avril, elle a transporté moins de 3.000 passagers par jour, contre 350.000 avant la pandémie. Selon son directeur général Carsten Spohr, le groupe (qui comprend également Austrian Airlines, Brussels Airlines, Eurowings et Swiss) connaît une hémorragie d' »environ un million d’euros de liquidités par heure. Jour et nuit. Semaine après semaine ». D’après lui, la compagnie emploie 10.000 personnes de trop, et risque le dépôt de bilan sans injection d’argent frais.

Par ailleurs, la filiale autrichienne de Lufthansa, Austrian Airlines, a indiqué mercredi avoir trouvé un accord avec son personnel navigant sur des réductions de salaire et une réduction du temps de travail, susceptible de permettre une reprise des vols en juin.

La plupart des compagnies aériennes européennes ont appelé les pouvoirs publics à la rescousse face à la pandémie. L’Etat français va ainsi aider la compagnie Air France à hauteur de 7 milliards d’euros.

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