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« Les agences de voyages doivent devenir des spécialistes du tourisme responsable », selon Lionel Rabiet

C’est une conférence qui a attiré les foules, au salon IFTM. Le thème : « Agences de voyages : quels sont les premiers pas à faire pour s’engager vers le tourisme responsable ». Extraits choisis.

Pour ouvrir le débat, Julien Buot a rappelé la genèse de l’association qu’il dirige. Agir pour un tourisme responsable (ATR) est une association pionnière créée par des acteurs du tourisme d’aventure en 2004. Notamment afin de mener des actions communes dans le désert, pour gérer les déchets, respecter les populations locales, rémunérer au mieux les chameliers… « Nous sommes passés de 10 à 70 adhérents dont 15 labellisés », rappelle Julien Buot, également très investi dans Acteurs du tourisme durable (ATD).

Embarquer toute l’industrie

Mais le tourisme responsable n’est plus la seule préoccupation des spécialistes du tourisme d’aventure. « A chaque conseil d’administration des Entreprise du Voyage, nous parlons du sujet au moins une demi-heure », souligne Lionel Rabiet, président de la commission « tourisme responsable » du syndicat.

La commission a été créée l’an passé avec deux objectifs, a-t-il ajouté. Le premier, c’est d’accompagner la profession incluant les distributeurs dans cette transition. « Je vois les membres d’ATR comme de bons élèves. Il reste tous les autres – le gros du marché – que nous souhaitons accompagner dans la pérennité des entreprises. » Deuxième objectif, c’est de défendre le tourisme face aux attaques, parfois injustifiées, notamment à l’égard des croisières, poursuit Lionel Rabiet « C’est notre rôle de rétablir des vérités. »

Le Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto) prend également des initiatives, ajoute-t-il, notamment en vue de l’absorption des émissions de CO2.

Une conviction de chef d’entreprise

Mais revenons à la question de départ : en tant qu’agence de voyages : comment s’engager vers le tourisme responsable ? « Le premier point fondamental, c’est que la conviction soit portée par les chefs d’entreprise, répond Lionel Rabiet. Souvent, chez les gros tour-opérateurs (ou réseaux), une directrice ou un directeur porte le sujet, mais ce n’est pas forcément suivi par la direction. Car à court et moyen terme, aller vers le tourisme responsable fait perdre de l’argent, quand vous absorbez par exemple. Mais à long terme, c’est pourtant la condition de la pérennité de la société, et créateur d’opportunités. C’est pour cela que souvent les petits TO et agences vont plus vite que les gros. »

Sachant que le tourisme responsable, c’est aussi la juste redistribution des richesses, la gestion des déchets, la sobriété énergétique, le respect de ses salariés et des populations locales, la lutte contre le tourisme sexuel. Et qu’il faut, sans le culpabiliser, informer le consommateur. « Sans forcément s’interdire d’aller à l’autre bout du monde d’ailleurs », complète Julien Buot. D’ailleurs, ATR prépare, avec l’aide de l’Europe, un MOOK et un jeu en ligne sur les voyages bas carbone et les écogestes.

« On doit sensibiliser humblement le voyageur à être plus responsable. Dans le label ATR, le TO doit d’ailleurs sonder tous ses clients. Nous avons besoin d’avoir un retour des clients sur les manques au niveau du tourisme responsable. » Et ce, dans une démarche d’amélioration continue.

Former, s’informer, échanger

« La première chose à faire dans cette démarche, c’est se former, estime Lionel Rabiet. Le sujet est très compliqué. Les agences de voyages doivent devenir des spécialistes du tourisme responsable. La formation que je recommande à tous, c’est la fresque du climat qui permet de comprendre les grands enjeux. Je me fais le défenseur de l’absorption, qui est la seule façon de répondre aux enjeux climatiques quand on prend l’avion. Il faut privilégier néanmoins les compagnies les plus vertueuses, les vols directs… L’absorption est citée dans le rapport du GIEC. Il n’existe aucun chemin vers la neutralité carbone qui exclut l’absorption. » Alain Capestan (Voyageurs du Monde) dit d’ailleurs que ceux qui critiquent l’absorption s’inventent un alibi pour ne rien faire. « L’absorption carbone, est le sujet sur lequel nous nous faisons le plus tacler », a toutefois relevé une pro présente dans la salle où se déroulait la conférence. 

Et la bonne volonté d’absorber, de la part des TO, ne suffira pas, complète Lionel Rabiet : « Il faudra des mesures beaucoup plus fortes, un changement progressif du modèle économique. L’idée évoquée par Jean-François Rial (Voyageurs du Monde) est excellente, ajoute Lionel Rabiet, celle d’imposer aux passagers des jets privés d’avoir des avions à hydrogène, ce qui pourrait faire avancer l’industrie aéronautique. « Certains se demandent s’ils vont pouvoir se chauffer, quand d’autres se demandent s’ils vont pouvoir voyager », ironise Julien Buot. Tout en ajoutant que le pilote et explorateur Loïc Blaise croit en l’avion propre d’ici cinq ans.

Inviter à voyager autrement

La formation sur le tourisme responsable pour les agences, en contact direct avec ce consommateur, c’est la formation continue, notamment avec TravelPro formations, ATR, les EdV… A travers des conférences, des séminaires, des rencontres avec des entreprises engagées.

« C’est en discutant avec les autres que nous pouvons avancer sur le sujet. Sinon, nous ne trouverons pas de collaborateurs, ajoute Julien Buot. Et de citer Nomade Aventure, qui a dupliqué des best-sellers en Europe en avion, pour les propose en train. Une initiative récompensée aux Trophées de l’innovation de L’Echo touristique et aux Trophées Horizons. 10% à 15% de ses clients choisissent le train pour voyager en Europe

Un responsable d’ATD dans la salle invite également les agences à encourager les week-ends en train en Europe, et des voyages plus longue durée. C’est un travail qui doit être concerté, entre les destinations, les TO, les agences.

Un enjeu commun

La crise du Covid-19 a aussi engendré la création d’un nouveau collectif, Respire – le tourisme de demain. « Nous sommes devenus un Think Tank, une agora qui représente 15 000 membres à travers la planète, ouvert à l’international, insiste son président Sabri Trabelsi. C’est un réseau pour échanger et réfléchir à un tourisme plus vertueux, et des relations plus vertueuses entre professionnels. » Un livre blanc sur le sujet a d’ailleurs été présenté en 2021 notamment à la conférence A World For Travel à Evora au Portugal.

« Nous étions jusqu’alors dans le constat et la préconisation. Maintenant, pour la nouvelle mandature de deux ans, c’est l’action qui va nous animer. L’idée est de réfléchir à une intelligence collective inter-réseau, pour ensuite mener des actions en termes de communication et d’influence. « Respire a permis une appropriation des enjeux par tout le monde », estime Julien Buot. Chefs d’entreprise comme étudiants, qui sont les consommateurs ou les travailleurs de demain.

Dans toutes les démarches des entreprises, l’Europe peut également être moteur, avec l’aide de l’Ectaa. Lionel Rabiet a rappelé l’existence du projet européen Sustour, qui soutient les agences et les TO désirant s’engager dans une activité plus responsable. 

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