L’édito de Dominique Gobert : Au revoir, là-haut !
L’excellent Pierre Lemaître me pardonnera sûrement de lui avoir emprunté le titre de son roman, récompensé par un prix Goncourt. Jean-Baptiste Lemoyne, notre ministre à nous qu’on a achève son job, en attendant la suite… ou pas !
Président Macron a été élu à nouveau. Comme de coutume, une nouvelle organisation à la tête du pays va se mettre en place et le ministre en chef Jean Castex devrait présenter la démission de son gouvernement dans les prochains jours.
Exit donc, comme ses confrères frère Lemoyne (euphonie, notez), ministre durant quasi 5 ans du secteur du Tourisme et il a tenu à faire devant la presse le bilan de son action, hier.
Arrivé donc il y a quelques années maintenant, il a trouvé dans son budget deux malheureux petits millions d’euros. Pour gérer un secteur qui représente quelque 8% du PIB français !
Il aura traversé une crise sans précédent. Une crise que le marché du tourisme a dû affronter de plein fouet et qui aurait pu, sans l’intervention de l’Etat, conduire à une catastrophe dramatique.
Jean-Baptiste Lemoyne a fait le job, en parfaite harmonie avec les professionnels du tourisme et parfois malgré certaines réticences de Bercy. Quoi qu’il en coûte. Et ça a coûté cher… mais ça a payé !
De plus, chaque malheur peut avoir un côté positif, cette pandémie aura permis, enfin, de donner au monde du tourisme ses lettres de noblesse : de simple Secrétariat d’Etat, le secteur aura bénéficié, enfin, d’un véritable ministère, doté d’un budget conséquent et, espérons-le, pérenne pour la prochaine mandature !
L’été sera beau, prévient le ministre. Peut-être même que la pandémie ne sera très bientôt qu’un lointain souvenir.
Car les touristes reviennent. A tel point d’ailleurs que, selon JBL, les recettes « du tourisme international en France se rapprochent des niveaux de 2019 : 2,7 milliards d’euros. C’est 1,5 milliard de plus qu’en 2021 et – 8 % par rapport à 2019 ». Quant aux touristes russes, ils représentent une infime partie de nos touristes internationaux… Traduction libre : « on s’en cogne » !
Pour l’été, après la période hivernale durant laquelle les stations de ski ont quasi fait le plein, les réservations sont en constante augmentation, le trafic aérien a repris du poil de la bête.
Notons également que les entreprises du tourisme, meurtries certes, ont réussi dans l’ensemble à se maintenir.
Deux ombres au tableau cependant. D’une part les agences de voyages et les tour-opérateurs n’ont pas encore retrouvé le niveau de 2019 : « leur activité serait en baisse de 15%. Quant au voyage d’affaires, ce sont quelque 30% de baisse d’activité ».
Autre point noir pour Lemoyne, la gestion pour le moins désordonnée d’Atout France, laquelle paraît aller de plus en plus à vau-l’eau.
Frère Lemoyne aura cependant réussi à botter en touche : « J’ai doté Atout France d’un Conseil d’Administration fort et puissant. Dorénavant, c’est lui qui doit prendre les mesures adéquates » !
Y’a plus qu’à !
Etait-ce le dernier point presse de Jean-Baptiste Lemoyne ? Il aura éludé la question, « faisant confiance à Président Macron » !
Allez, ce n’est qu’un au-revoir…
