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Le tourisme s’invite dans le débat

« On n’avait pas vu cela depuis le programme de la gauche en 1981, qui prévoyait la cinquième semaine de congés payés et la création des chèques-vacances ! Dans le cadre de la campagne présidentielle 2007, le tourisme pourrait se faire une place au soleil. Les trois partis dits « de gouvernement » ont – ou vont – dévoilé leur programme en matière de politique touristique avant l’élection. Du jamais vu depuis 25 ans ! Contrairement à 1981, l

On n’avait pas vu cela depuis le programme de la gauche en 1981, qui prévoyait la cinquième semaine de congés payés et la création des chèques-vacances ! Dans le cadre de la campagne présidentielle 2007, le tourisme pourrait se faire une place au soleil. Les trois partis dits de gouvernement ont – ou vont – dévoilé leur programme en matière de politique touristique avant l’élection. Du jamais vu depuis 25 ans ! Contrairement à 1981, le tourisme est abordé cette fois sous tous ses aspects, de la gouvernance aux prérogatives territoriales, de la formation aux questions sociales.

Il faut dire que le secteur a de quoi séduire un candidat : il contribue à l’amélioration de la balance des paiements, crée des emplois non délocalisables – même s’ils sont souvent saisonniers ou précaires – et bénéficie d’un potentiel de croissance important. En outre, avec la deuxième vague de la décentralisation, le nécessaire remaillage des espaces ruraux lié à la fin de la Politique agricole commune en 2012, et le potentiel d’une offre mieux organisée, le tourisme s’affirme toujours davantage comme un secteur clé de l’économie. Transversal par nature, il peut s’avérer une aubaine pour communiquer autour des forces de la France. Certes, le ministère du Tourisme jouit de prérogatives et d’un budget (68 ME en 2007) modestes. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Car les comptes du tourisme cumulent l’ensemble des dotations faites par l’Etat (et l’Europe) au titre du tourisme (voir tableau p. 20).

Parrains emblématiques

Jean-Michel Couve, maire de Saint-Tropez, est le rapporteur du tourisme au Parlement. Un secteur qu’il connaît bien ! Il pilote aussi depuis octobre 2005 la commission tourisme de l’UMP, qui réunit 220 membres. Le 24 janvier, il présentait les préconisations de cette commission, à commencer par la création d’une Délégation interministérielle à l’organisation et à la compétitivité du tourisme (Dioct) rattachée au Premier ministre, pour regrouper les moyens humains et financiers que 11 ministères consacrent aujourd’hui à des actions à finalité touristique. L’annonce a fait des remous, certains y voyant la disparition du ministère du Tourisme. Du coup, l’UMP a revu sa copie : le rapport n’a été diffusé que trois jours plus tard avec un ministre bien en vue chapeautant la délégation interministérielle.

Avec des réunions régulières, des élus et des professionnels impliqués, des communiqués diffusés à la presse, la commission UMP a travaillé son sujet et le document balaie tous les grands thèmes. On en retrouve une version accessible sur Internet, ainsi que les noms des patrons des sous-commissions, qui ont pris position en faveur de Nicolas Sarkozy. Citons Philippe Demonchy (ex-président de Selectour) ou Gaël de la Porte du Theil (ex-patron de Jet tours et aujourd’hui d’Interface Tourisme) pour les professionnels. Margie Sudre est là aussi. Conseillère régionale de la Réunion, elle est par ailleurs la présidente de l’intergroupe Tourisme au Parlement européen. Un poste avancé puisque le tourisme, à son grand regret, ne fait pas partie des prérogatives de l’Europe.

Enfin, il y a des parrains emblématiques, comme Paul Dubrule, co-fondateur d’Accor qui soutient son candidat ou Dominique Desseigne, le patron de Lucien Barrière, lié par une amitié ancienne à Nicolas Sarkozy. Malgré la gaffe sur le ministère du Tourisme (qui n’en était peut-être pas une puisque le candidat de l’UMP a promis un gouvernement rassemblé autour de 15 ministres), la commission tourisme du parti de droite ressemble donc à une machine de guerre bien huilée.

Ce qui a le don d’agacer les autres partis. L’UDF n’a pas de document prêt, à deux mois du scrutin. Philippe Augier, député-maire de Deauville, explique qu’un groupe élabore un travail en profondeur, que cela fait longtemps que l’UDF s’est totalement investie dans le tourisme. Lui-même est président de France Congrès et vice-président des stations classées, aux côtés de Didier Borotra, maire de Biarritz. Nous n’annoncerons que des choses sérieuses, validées par François Bayrou. L’UMP a suscité un tollé, le PS n’est pas prêt non plus, argumente Philippe Augier. Bref, ce n’est pas l’UDF qui est en retard, c’est L’Echo touristique qui est en avance.

PS : un projet pour le 15 mars

Le Parti socialiste reconnaît lui aussi que l’UMP est parti bon premier et annonce, débats participatifs obligent un projet définitif pour le 15 mars. C’est ce qu’a assuré André Chapaveire, président de la commission tourisme de l’Association des régions de France (ARF), président de la FNCRT (comités régionaux du tourisme) et président de la commission tourisme du PS, lors d’un dîner-débat organisé par l’Association française des experts et scientifiques du tourisme (Afest), le 15 février.

Présenté sur le site de l’association quelques jours avant la réunion pour permettre aux participants de préparer leurs questions, le résumé du PS faisait alors pâle figure à côté des 54 pages de l’UMP. Ils sont venus en sous-marin et nous ont copié, mais leur programme est creux, glissaient alors les partisans de Nicolas Sarkozy. De fait, le PS a rusé ! Une simple fiche présentait les lignes du travail effectué par la commission tourisme du parti, créée au printemps 2006. Depuis, une équipe a repris le flambeau au sein de Désirs d’avenir et prépare un Pacte présidentiel pour le tourisme, qui sera présenté par Ségolène Royal lors du Salon mondial du Tourisme, le 15 mars. André Chapaveire, le référent tourisme de la candidate, ménage son suspens : il garantit un grand ministère du Tourisme et des Loisirs, développe les valeurs du PS en matière de tourisme, à savoir l’éthique, le partage. Il s’appuie sur des exemples en régions pour esquisser des pistes, mais prévient que les grandes déclarations seront faites par Ségolène Royal, laissant entendre qu’on pourrait avoir des surprises.

La discrétion des petits partis

Le PS espère lui aussi mettre en avant quelques parrains et marraines. Mais pour le moment, il préserve l’anonymat de nombreux contributeurs, dont une partie est issue du privé. Côté élus, signalons que Denis Leroy (qui fut le directeur de campagne de la candidate aux élections régionales et l’un des fondateurs du site www.desirs davenir.org) est le directeur du CRT Poitou-Charentes.

Bref, le calendrier devrait (enfin !) s’accélérer. Le 6 mars, Jean-Michel Couve (UMP) participera à son tour à un dîner-débat de l’Afest, avant Philippe Augier pour l’UDF, le 27 mars. Patrick Vicériat, le président de l’association, explique qu’il a aussi contacté les Verts et le Parti communiste, mais que rien n’est prévu avec eux. Peut-être leur demanderons-nous une contribution qui sera publiée sur notre site. S’ils trouvent le temps de répondre ! Contactés par nos soins, les petits candidats n’ont pas répondu à notre requête sur leur programme touristique. Nous recevons plus d’une centaine de demandes par jour, nous n’arrivons pas à suivre, plaide le permanent d’un QG de campagne. On ne trouve pas grand-chose non plus sur les sites de ces petits partis : une interview (complaisante) de Philippe De Villiers pour le tourisme vendéen (ah, le Puy-du-Fou !) ; un élan en faveur des vacances pour tous les enfants chez les Verts… Et la suppression des visas chez les partis de la gauche anti-libérale, pour la libre-circulation des hommes. Tout le reste est transversal, développement durable, aménagement du territoire, emploi.

Le Syndicat national des agences de voyages (Snav) a toutefois prévu d’interroger tous les candidats le 20 mars, quand le Conseil constitutionnel en aura validé la liste. Les questions ? Toujours les mêmes, précise le président Georges Colson, puisque nous n’avons pas eu de réponses satisfaisantes. Et de citer la responsabilité des agences, les habilitations tourisme, le paracommercialisme. Certains problèmes paraissent éternels… Autant de sujets sur lesquels le nouveau Code du tourisme ne nous satisfait pas. Le Snav évoquera aussi la TVA qui pénalise les réceptifs, la question des visas, le statut des saisonniers… Il reconnaît un bilan positif au ministère de Léon Bertrand : Le dialogue a été bon, l’écoute aussi. Des choses ont été faites, comme la création d’Odit France, la réforme du Conseil national du tourisme, avant de lâcher que sur les questions de fond , c’est le statu quo.

Accords et désaccords

Force est de constater que la politique touristique prend en effet peu en compte les besoins des entreprises à l’export, des agences aux TO. Les grands enjeux sont ailleurs : du côté de l’aménagement du territoire et des prérogatives des collectivités territoriales qui, entre offices de tourisme, CDT et CRT, ont parfois du mal à cohabiter. De manière plus transversale mais avec les spécificités liées au tourisme, se posent aussi les questions de formation, d’emploi, de fiscalité…

Sur certains de ces points, comme la réforme des formations, la clarification des relations entre l’Etat et les collectivités ou l’élargissement des compétences de Maison de la France, l’UMP et le PS s’accordent. Ensuite, les thèmes habituels les opposent : la droite revendique davantage d’implication des entreprises et réclame la privatisation des chèques-vacances, la gauche prône des valeurs de partage et de solidarité, insiste sur la nécessité de renforcer la sécurité des parcours professionnels et sur l’accès aux loisirs pour tous. En attendant les éventuelles annonces du 15 mars.

La commission tourisme de l’UMP, une machine de guerre bien huilée.

Tous les candidats seront soumis à la question par le Snav le 20 mars.

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