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Le tourisme de masse, l’invention qui fait révolution

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, L’Écho touristique a vu les Français progressivement partir à l’assaut du monde entier. Retour sur quarante ans de voyages à l’étranger.

Le tourisme de masse est beaucoup moins vieux que votre magazine. Jusqu’à la Libération, les voyages, a fortiori hors de France, restent réservés à une infime minorité, généralement fortunée. Le Front Populaire instaure les congés payés en 1936, mais ce n’est que dans les années 1950 et 1960 que le tourisme en tant que secteur industriel prend son essor. Les Français découvrent avec bonheur le chemin des plages. Celles de France d’abord et, très vite, celles de l’Espagne, où naît un tourisme balnéaire de masse dont la Méditerranée tout entière va s’inspirer.

MÉDITERRANÉE : LE BALNÉAIRE À TOUT PRIX

Les Baléares sont les premières à entrer dans la danse, poussées en France par Fram et le Club Med. Suivront, très vite, la Costa Brava, puis l’Andalousie et, à la fin des années 1960, les Canaries : la baléarisation de la Méditerranée est en route. La décennie 1970 voit décoller la Grèce, vers laquelle les premiers vols charters ont été lancés dès le milieu des années 1960. En Afrique du Nord, le Maroc séduit en circuit, tandis que la Tunisie connaît, à la fin de la décennie 1970, une montée en puissance fulgurante grâce à l’ouverture de ses stations balnéaires (Djerba en tête), qui offrent une alternative à l’Espagne. La Turquie attendra les années 1980, dans cette quête des quatre S (« Sea, Sand, Sex and Sun »), sur laquelle repose alors le succès des clubs de vacances, à commencer par ceux du Club Med, TO qui jouera durant ces décennies un rôle souvent déterminant de dénicheur de nouvelles destinations.

AVION CONTRE AUTOCAR

« En inventant à la fin des années 1970, les vols vacances, destinés principalement à promouvoir les Antilles, Air France a largement contribué à démocratiser le transport aérien », affirme Richard Soubielle, directeur du développement de NG Travel. L’abaissement des prix du transport aérien va porter un coup rude aux voyages en autocar, surtout sur les destinations lointaines telles que la Russie, qui nécessitaient par la route plusieurs journées d’acheminement. La décennie 1980 est celle de la grande ouverture du long courrier. « Progressivement, nous avons été gagnés par l’impératif de rentabilité du temps, poursuit Richard Soubielle, il fallait tout faire rapidement, pour le moins cher possible. De cette époque datent, par exemple, les tours d’Égypte en huit jours, combinant Le Caire et la Haute Égypte. »

L’ASIE TRIOMPHE EN LONG-COURRIER

En décidant, en 1976, de laisser tomber le moyen-courrier (hormis l’Égypte), Kuoni France fait le pari des voyages lointains. « On a commencé, explique Floréal Gavalda, ancien directeur du tour-operating (resté chez Kuoni de 1972 à 2006), par programmer les pays vers lesquels le siège suisse faisait voler des charters : la Thaïlande, le Kenya et le Sri-Lanka. » Trois destinations qui, à l’époque, font partie des locomotives du long-courrier. Même si les États-Unis et le Canada connaissent une belle envolée dans les années 1980, c’est bien l’Asie qui triomphe. « Il y a vingt-cinq ans, j’avais dit que ce serait aujourd’hui le plus grand marché du monde en long-courrier, et ça s’est avéré vrai, se réjouit Jean-Paul Chantraine, fondateur d’Asia en 1986. Le plus grand succès, c’est la Thaïlande, c’est évident. Mais aucune destination n’a reculé. » Le Vietnam, ouvert au tourisme depuis à peine plus de quinze ans, fait partie des autres grandes réussites. La Chine et l’Indonésie aussi, bien que dans une moindre mesure. Et l’Inde, « grande destination dans les années 1960, retrouve sa place depuis six ou sept ans », affirme-t-il. C’est grâce au culturel que ces pays d’Asie ont émergé. Mais dans le reste du monde, c’est souvent le balnéaire qui triomphe : Maurice, Maldives, Antilles et surtout République dominicaine, exemple le plus fulgurant de développement touristique de ces trente dernières années, où la fréquentation française est passée, selon les chiffres de l’Organisation mondiale du tourisme, de 785 visiteurs en 1995 à 32 479 l’année suivante et à 313 098 en 2003 !

L’EUROPE PART EN WEEK-END

La chute du communisme dans les pays d’Europe de l’Est, puis le développement de la grande vitesse ferroviaire, l’apparition des low cost et la mise en place, en France, de la réduction du temps de travail à la fin de la décennie 1990 vont se conjuguer pour remettre le Vieux Continent au centre du jeu touristique. C’est l’heure des week-ends dans les capitales et grandes métropoles européennes. Mais à l’heure d’Internet, les tour-opérateurs ont du mal à profiter de cet engouement. Et la France ? Elle n’a jamais cessé d’être, de très loin, la destination numéro 1 des Français. Si quatre décennies d’industrialisation du tourisme ont permis de largement démocratiser les voyages, les Français restent encore une minorité, chaque année, à prendre les chemins de l’étranger.

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