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Le Monténégro à son tour victime du “surtourisme”

Kotor est visiblement victime de son succès et se trouve elle aussi confrontée à un exercice d’équilibriste : préserver son tourisme, secteur essentiel, tout en prenant les mesures nécessaires pour en assurer un développement… durable.

Kotor ? On peut encore peiner à la situer sur une carte et pourtant, cette cité médiévale du Monténégro est menacée par le tourisme de masse, alerte l’AFP. Ce “trésor caché” ne l’est en effet plus vraiment. D’après des chiffres rapportés par l’agence de presse, en pleine saison estivale, cette ville de 22 600 habitants reçoit jusqu’à quatre paquebots de croisière par jour, et 10 000 touristes quotidiens. « Ils ont tué Venise et Dubrovnik. Espérons qu’ils ne tuent pas Kotor aussi », tweetait récemment un voyageur du guide Lonely Planet en postant une photo d’un bateau de croisière dans le port monténégrin. De son côté, l’Unesco a pointé un développement immobilier hors de contrôle, menaçant en 2016 d’enlever la ville de la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco si des mesures n’étaient pas prises.

« Trouver un juste équilibre »

Face à cette situation, un moratoire provisoire a été mis en place par les autorités sur les constructions de la ville. Mais déjà, la hausse de l’immobilier a chassé librairies et petits artisans de la cité, constate l’AFP.  « Et maintenant? », interroge Ana Nives Radovic, cheffe de l’Office de tourisme de Kotor. « Nous courons à notre perte si nous continuons à uniquement rechercher le profit.” Les autorités ont pris la mesure du problème, pense Damir Davidovic, de l’Office national du tourisme. “Elles analysent la situation pour trouver un juste équilibre”, assure-t-il.

Comme ailleurs en Europe, la multiplication des locations entre particuliers via des plates-formes génère aussi son lot de difficultés. « C’est un problème sérieux », estime M. Davidovic, pour qui plus de la moitié des hébergements touristiques privés évoluent dans une « zone grise »: les propriétaires s’en vont l’été, louent leur logement sans le déclarer au fisc et évitent ainsi tout impôt, un modèle qui pénalise les opérateurs touristiques traditionnels.

Quelles solutions ?

Reste que comme dans toutes les destinations concernées, le tourisme est une branche vitale de l’économie. Au Monténégro, il représente près d’un quart du PIB, généré par les quelque deux millions de visiteurs annuels qui choisissent de passer leurs vacances dans ce pays d’à peine plus de 600 000 habitants.

Comme nombre de villes et sites prisés des voyageurs, le Monténégro doit donc repenser son activité et la gestion des flux touristiques pour assurer sa pérennité. C’est notamment le sens du travail de sensibilisation menée par l’OMT, qui multiplie les messages pour inciter les professionnels du secteur à un développement durable du tourisme. « Le tourisme n’est pas notre ennemi », martelait ainsi le secrétaire générale de l’OMT l’an dernier. La régulation de certains acteurs, la gestion des flux, la pédagogie, auprès des professionnels mais aussi des voyageurs semblent donc plus que jamais d’actualité (lire sur ce sujet notre enquête du mois d’octobre 2017, “Tourismophobie, un mal qui se soigne”).

« Certains appellent cela du « surtourisme ». J’appellerai ça plus simplement une erreur. Une erreur en passe d’être corrigée », estimait ainsi récemment Richard Vainopoulos dans une tribune consacrée à cette problématique, publiée sur le site des Echos.

L’OMT vient ainsi de lancer un concours mondial de start-up, en quête “d’idées pionnières d’application de technologies émergentes et de technologies de rupture ainsi que d’entreprises émergentes ou de start-up ayant adopté les nouveaux modèles d’activités économique comme l’économie circulaire”, avec pour fil conducteur, l’idée d’un tourisme plus durable. En 2017, le Welcome City Lab a lancé un appel à expérimentations dédié à la problématique de la gestion de l’attente sur les sites touristiques. Nice, de son côté, a déployé une campagne de prévention contre la pollution de la mer dans le cadre du projet européen Urban Waste, qui a pour objectif de sensibiliser et d’aider les villes les plus touristiques à mettre en place une gestion durable des déchets.

Bref, les initiatives se multiplient. Et les exemples dont il est possible de s’inspirer aussi.

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