Le choix du roi

Pas facile de faire voyager les gens au son du canon, qui plus est sous menace radioactive, sans parler de cette absence récurrente de gros billets au fond de son porte-monnaie. Le long-courrier menacé, le moyen-courrier sous tension ; reste la France. Tous les pronostiqueurs jouent l’Hexagone gagnant cet été, garant de sécurité, de plaisirs variés et de prix arbitrables. C’est une chance pour ce territoire qui se plaint d’être de moins en moins compétitif par rapport à ses concurrents, mais c’est un aussi un peu désobligeant. La France, solution de repli, quand tous les professionnels et les institutionnels veulent susciter l’adhésion. C’est en effet à eux de faire préférer la France, pour reprendre une pub célèbre, et pas seulement en temps de crise. Montrer que sont attractifs, dans le désordre, le terroir, les activités, les perspectives de découvertes, le dépaysement, la qualité de l’accueil, la richesse du patrimoine, le rapport qualité-prix, revient à placer la France au coeur de la compétition touristique et à lui permettre d’attirer toutes les clientèles, du tourisme de masse au luxe. Le chic n’est pas forcément à Maurice, et le club tout compris, pas nécessairement en Tunisie. Ces pays-là font évoluer leur tourisme, quand ils ne le révolutionnent pas. La France doit en faire autant. L’exemple de Bordeaux, qui accueille cette année Rendez-Vous en France, montre qu’avec une équipe décidée et un maire opiniâtre comme Alain Juppé, il est possible de faire d’un bijou noirci oublié sur l’étagère de l’antiquaire, un lieu moderne, trendy, attirant, avec des offres de qualité. Encore un petit effort de marketing et de technologie made in XXIe siècle et le produit sera fin prêt. Et peut-être qu’à ce moment-là, on ira dans la région bordelaise par choix et non pas parce qu’on a cette peur qui grignote les méninges et nous fait croire qu’une croisière sur le Nil est dangereuse parce que c’est à côté de la Libye.