L’augmentation de la TSBA coûtera 100 millions d’euros par an à Air France, d’après Anne Rigail
La directrice générale d’Air France estime que la hausse de la Taxe sur les billets d’avion (TSBA) prévue pour le 1ᵉʳ mars représentera un coût de 100 millions d’euros par an pour la compagnie, et alerte sur les risques liés à l’attractivité de l’aérien français.
La hausse de la Taxe de solidarité sur les billets d’avion (TBSA), confirmée dans le budget 2025, suscite l’inquiétude chez Air France-KLM. À l’image du secteur, la compagnie tricolore estime que cette mesure aura un impact financier considérable et pourrait affaiblir la compétitivité du secteur aérien français.
D’après Anne Rigail, directrice générale d’Air France interrogée dans La Tribune Dimanche en date du 9 février, cette augmentation représentera un coût de « 100 millions d’euros » pour le groupe. « C’est massif pour un groupe qui est encore en rétablissement de la période Covid, avec une trajectoire financière encore tendue et des investissements très importants pour la décarbonation », souligne-t-elle.
Jusqu’ici fixée à 2,63 euros pour un billet en classe économique vers la France ou l’Europe, la taxe passera à 7,40 euros. Une hausse significative qui devrait rapporter entre 800 et 850 millions d’euros à l’État français, selon les prévisions du gouvernement.
Menace pour l’attractivité et la connectivité
Au-delà de l’impact financier pour Air France-KLM, la dirigeante pointe un risque accru pour l’ensemble des compagnies basées en France. « Cette taxe va concerner en premier lieu toutes les compagnies installées en France, avec le risque de les affaiblir plus fortement que les autres opérateurs. L’autre risque est de voir les passagers étrangers se détourner de la France », avertit Anne Rigail. En d’autres termes, une hausse des prix des billets pourrait rendre la France moins attractive en tant que destination touristique et hub de correspondance.
Un autre « effet pervers » est également évoqué : la possible augmentation du nombre de passagers français préférant prendre le train pour rejoindre des aéroports étrangers, où les billets seraient moins taxés. Une situation qui pourrait nuire aux compagnies françaises et favoriser le développement du trafic aérien hors des frontières hexagonales.
La directrice générale d’Air France nuance toutefois cette inquiétude en mettant en avant l’importance croissante de l’intermodalité entre le train et l’avion. « Désormais, 22 gares sur tout le territoire sont reliées en train à Paris-Charles-de-Gaulle et Orly, via la gare de Massy. Cela montre, une fois de plus, que le train et l’avion ne s’opposent plus et sont très complémentaires », affirme-t-elle. Elle rappelle également que, pour des trajets de trois heures, 70% des clients choisissent déjà le train, et cette proportion grimpe à 90% lorsque le trajet ferroviaire dure deux heures ou moins.