La Tunisie solide,mais prudente pour 2009

Ce n’est qu’en janvier 2009 que la Tunisie a commencé à avoir des doutes, en constatant que le remplissage des vols pour Pâques et l’été affichait un retard de 30 % par rapport à l’an dernier. Certes, un certain ralentissement s’était fait sentir depuis novembre, mais il survenait au terme d’une année 2008 « plus que positive », voyant la fréquentation globale augmenter de 4,2 %, et, pour la France, marché leader au 1,4 million de visiteurs, de 4,5 %. De plus, au petit jeu de l’achat de dernière minute imposé par les consommateurs en temps de crise, la destination sortait plutôt gagnante, représentant, par exemple, 26 % des ventes réveillons chez Voyages-sncf.com. Et même, lorsque les indices devinrent franchement négatifs (-18 % des ventes Ceto, entre novembre 2008 et février 2009, par rapport à l’an dernier), la Tunisie restait la destination la plus vendue, s’affirmant comme une vraie valeur refuge.

OPÉRATIONSSÉDUCTION

Cela n’a pas empêché le gouvernement tunisien d’avancer, le 17 mars dernier, un « plan de crise », sous la forme d’une rallonge budgétaire de 10 Mi. Geste d’autant plus apprécié des TO qu’ils ont traversé l’hiver à coups de promotions, et qu’une partie de l’enveloppe (voir le Zoom) doit financer des opérations de co-marketing, comme celle menée actuellement avec Look Voyages. « 2009 devrait se situer au même niveau que 2008, pronostique Michel Quenot, son directeur d’exploitation, avec des promotions limitées à quatre ou cinq villages très ciblés. » Le leader sur la destination, Marmara, qui a fini l’hiver à +1 %, voit le haut de gamme progresser (même son de cloche chez Royal Tours), et n’envisage pas de redescendre sous la barre des 300 000 clients, franchie en 2008. Fram, pour sa part (95 000 pax en 2008), vient d’emmener 140 agents de voyages à Djerba et Tozeur pour « donner un coup de starter ». Jean-Hervé Cristol, le directeur des ventes, n’est « pas inquiet pour la saison d’été, mais en dehors des vacances scolaires, personne n’a aucune visibilité. Et le recours aux promotions a ses limites ». « Le problème, poursuit Sami Guenaoui chez Mille et un Soleils, c’est que les prix sur la Tunisie, déjà très bas avant la crise, ne peuvent pas baisser davantage ! » Alors le TO multiplie les opérations séduction (traitement VIP, enfant roi…), et communique beaucoup. Deux opérations nationales sont également programmées chez Thalasso n°1, dont le PDG, Raouf Benslimane, demeure confiant : « Nous devrions dépasser cette année nos 60 000 séjours de 2008, la baisse enregistrée sur la thalasso étant compensée par notre nouvelle marque de séjours familiaux économiques, Ô Voyages, qui démarre fort. » Un pari des petits prix pour temps de crise également tenu par Ailleurs, qui lance Soleil Plus, et espère entre 6 000 et 8 000 clients pour sa première année. Rendus certes nerveux par le phénomène des réservations tardives, mais confiants dans le rapport qualité/prix de la destination pour résister à la crise, les TO s’accordent sur un dernier point : la compagnie nationale Tunisair joue très bien le jeu. « Le fait d’être à la fois compagnie régulière et charter nous autorise une relative souplesse », commente son PDG pour la France, Nabil Chettaoui. « Nous en faisons profiter nos partenaires et comptons bien clore cette année sur une croissance de 3 à 4%. »