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Tunisie : les voyageurs français reviennent… mais à quel prix

Destination majeure des Français, la Tunisie remonte la pente, nous confirme son ministre du Tourisme. Toutefois, des obstacles entravent la reprise.

La Tunisie reste nostalgique de l’année 2010, quand la destination enregistrait un record de 1,4 million de visiteurs français. Douze ans et une pandémie plus tard, l’horizon s’éclaircit. Le pays est passé en vert sur la carte du gouvernement français, les formalités d’entrée sont allégées, les croisières reprennent… 

« Après deux années de crise, l’année 2022 s’annonce prometteuse pour le tourisme tunisien », explique Mohamed Moez Belhassine, le ministre du Tourisme de la Tunisie, que nous avons interviewé hier à Paris. En cette mi-avril, peut-on parler d’une vraie reprise ? Sur les trois premiers mois de l’année, si les arrivées globales aux frontières sont en croissance par rapport à 2021, elles restent en recul de 40% en comparaison avec 2019, nous précise le ministre. Les arrivées des Français bondissent de près de 250% sur un an et demeurent en recul de 33% par rapport à 2019. Les vingt derniers jours de mars sont « presque au même niveau que 2019 sur le marché français », se réjouit Mohamed Moez Belhassine.

Mohamed Moez Belhassine, ministre du Tourisme de la Tunisie © Linda Lainé

« Nous espérons atteindre cette année 50% à 60% des résultats obtenus en 2019, et accueillir ainsi plus de 500 000 Français, ajoute-t-il. Nous souhaitons dépasser le million de visiteurs français en 2023 ou en 2024. Si bien évidemment les capacités aériennes se développent, de même que le marketing du tourisme tunisien. Nous avons besoin de renforcer les capacités aériennes sur le marché français. »

Des vols Paris-Djerba à 800 euros, selon René-Marc Chikli

Pour libérer le ciel, le marché attend toujours l’entrée en vigueur de l’accord OpenSky, signé en 2017. C’est un serpent de mer et un sujet brûlant pour Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto). 

« Nous avons pilonné sur l’OpenSky lors de notre rencontre mercredi avec le ministre », souligne son président René-Marc Chikli. « Nous avons des vols Paris-Djerba à 800 euros parce que la capacité est limitée face à une forte demande. » Un peu cher pour une destination fortement axée sur le balnéaire. Même si la Tunisie diversifie son offre, les Français cherchent toujours sur place des vacances au soleil garanti à un bon prix.

« L’OpenSky permettrait d’accélérer la relance et de booster tous nos efforts », concède le ministre. « Aujourd’hui, il faut que l’offre aérienne (depuis la France, NDLR) soit aussi forte que vers le Maroc ou la Grèce pour que la Tunisie profite pleinement de la reprise, assure René-Marc Chikli. Je vais aller voir Tunisair pour les convaincre. » Une compagnie nationale en pleine restructuration, qui n’a pas forcément envie que la concurrence se développe à marche forcée… Contrairement aux hôteliers, qui attendent avec impatience le retour des voyageurs.

Une capacité hôtelière de 150 000 lits

Les hôteliers sont d’autant plus impatients qu’il risque de leur manquer certaines clientèles importantes. Avec 600 000 visiteurs en 2019, la Russie représentait le deuxième marché européen après la France. L’affluence des voyageurs originaires du pays qui a envahi l’Ukraine risque de reculer en 2022.

Les hôteliers souffrent depuis plus de dix ans. « Nous disposons d’une capacité globale de 240 000 lits, rappelle Mohamed Moez Belhassine. Environ 150 000 sont aujourd’hui exploités. Des établissements restent fermés depuis 2011 (et le printemps arabe, NDLR). D’autres depuis la crise du Covid. » Une analyse que partage Jalel Eddine Henchiri, vice-président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie : « Nous avions une capacité de 240 000 lits en 2010. Le programme de rénovation a été retardé à cause des changements politiques. Cet été, nous aurons retrouvé les capacités de 2019. »

La région de Dahar en Tunisie, à moins de 100km de Djerba © Adobe Stock

Dahar, une destination méconnue

« Notre objectif est de faire en sorte que sur les 150 000 lits disponibles, nous puissions garantir une très bonne prestation », insiste le ministre, évoquant aussi le maintien d’un protocole sanitaire très strict. Une nouvelle norme hôtelière sera déployée en 2022, axée sur la qualité de service et la durabilité.

L’environnement fait également partie des grands chantiers et défis de la destination. « Nous allons interdire à Djerba le plastique à usage unique, probablement dès cet été. Ce sera un pilote, avant de généraliser la démarche. Nous voulons également sensibiliser le grand public, et promouvoir l’artisanat. »

Mohamed Moez Belhassine martèle aussi qu’il faut, avec les voyagistes et les agences françaises, dynamiser d’autres formes de tourisme que le balnéaire : le tourisme cultuel, sahélien avec le désert près de l’aéroport international de Tozeur, et des régions méconnues comme Dahar.

« Dahar est une nouvelle destination dans le sud-est tunisien, avec une chaîne de montagnes. Le projet se développe sur la base d’initiatives privées comprenant des maisons d’hôtes, des circuits pédestres, des villages berbères à découvrir. C’est riche, authentique et passionnant. » Dahar a d’ailleurs reçu le premier prix Green Destinations, lors de l’ITB Berlin 2022, dans la catégorie Communautés et culture.

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5 commentaires
  1. Wissem dit

    C’est très bien comme ça. Sinon on va voir débarquer tout un tas de « touristes » indésirables…

  2. Sylvaine Hammer Salerno dit

    Vivement la concurrence des compagnies aériennes ! Tunisair n est pas fiable, des retards, des vols annulés , des tarifs très élevés et aucun remboursement quand ils annulent leurs bols . Scandaleux!

  3. Babette dit

    Faut voir le prix aberrant des vols !!! Et le mauvais service, les retards incroyables malgré le prix !!! Même les low costs sont chers et très mal desservis !!!

  4. Christophe Papaix dit

    Voyage en Tunisie, oui, mais a quel prix ? Un vol Toulouse Djerba (aller retour, a 2300 euros en mai pour 3 personnes !!!) A quand la concurrence des compagnies aériennes? Quand Tunisair ou Nouvelair on le quasi monopole des vols! Si la Tunisie est a attente de touristes, il faut commencer par attirer les touristes, avec des billets d avion moins Cher !!!

  5. Philippe Reymund dit

    Bien sûr le marché de Tunisair n est pas celui des low cost. Assez de frilosité. Royal air maroc est face à des centaines de vols de Ryanair easyJet Volotea et d’autres et existe bien et fort. Allez courage .

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