Jubilé : faut-il éviter Rome en 2025 ?
Dans quelques semaines, le Pape François ouvrira la Porte Sainte de la Basilique Saint-Pierre pour lancer le Jubilé 2025, une célébration majeure pour les catholiques qui a lieu tous les 25 ans Une occasion unique pour visiter Rome ou une galère convenue d’avance ?
Le 24 décembre, à 19h, le monde catholique sera en effervescence. Quelques heures avant la messe de Noël qu’il célèbrera, le Pape François ouvrira la Porte Sainte de la Basilique Saint-Pierre de Rome, marquant ainsi l’entrée dans le Jubilé 2025. Jusqu’à 40 millions de pèlerins – dont 800 000 Français – pourraient se presser à Rome pour cette célébration qui a lieu tous les 25 ans.
C’est deux fois plus que lors du dernier Jubilé, en l’an 2000. Le paysage touristique mondial a largement évolué depuis vingt-cinq ans, et les possibilités de voyages sont plus nombreuses et plus accessibles. L’événement n’en sera que plus populaire. D’autant plus que Rome s’est faite belle : plus d’un milliard d’euros de travaux de rénovations diverses et variées a été engagé lors des deux dernières années. Alors, en 2025, faut-il visiter ou éviter Rome ?
« Il y aura beaucoup de monde, c’est certain »
« C’est une manifestation d’ampleur mondiale », pose Cédric Bloquet, le directeur général de Bipel, un voyagiste spécialiste des pèlerinages et autres séjours spirituels. « Il faut donc la mesurer à l’aune de ce qui sera vécu sur place. Rome est une destination éternelle, qui attirera toujours. En 2025, elle va se présenter sous un aspect inédit qui mérite d’être vécu », estime Cédric Bloquet. A condition d’y aller en connaissance de cause : « il y aura beaucoup de monde, c’est certain ».
Jusqu’au 6 janvier 2026, date à laquelle prendra fin le Jubilé, des centaines d’événements rythmeront le quotidien des Romains. Processions, concerts, messes, parcours thématiques… « il y aura des choses uniques à vivre », assure Cédric Bloquet. Avec des impacts très concrets sur l’activité touristique. « L’accès à la Basilique Saint-Pierre exigera sans doute plus de patience que d’habitude », confirme Matthieu Mariotti, le directeur de production de Kuoni France, qui coiffe la marque Donatello, spécialiste de l’Italie.
« Il y aura des contraintes que les clients doivent connaître », renchérit Cédric Bloquet. Accessibilité des lieux religieux, attractions touristiques réorganisées, dispositifs sécuritaires… Rome vivra au rythme du Jubilé pendant un an comme Paris a vécu au rythme des Jeux olympiques et paralympiques pendant trois mois. Et ce grand chambardement ne semble pas effrayer les touristes, pèlerins en tête.
« Ce genre d’événements est positif pour un voyagiste »
« Nous faisons quatre fois plus de volumes qu’au cours d’une année normale », indique Cédric Bloquet, qui s’apprête à envoyer « des milliers de clients » à Rome en 2025. Des familles regroupées aux groupes paroissiens composés de plusieurs centaines de personnes, Bipel se prépare depuis plus de deux ans à l’effervescence liée au Jubilé. « C’est deux années de négociations, de planification et de montée en charge ». Avec, à la clef, un stock de « dizaines de milliers de chambres d’hôtels », des plans de transport complexes ou une logistique millimétrée sur place.
Donatello aussi a anticipé cette explosion de la demande avec d’intenses négociations permettant de s’assurer assez de chambres pour les clients individuels comme pour ceux dont les circuits passent par Rome. « Ce genre d’événements est positif pour un voyagiste, qui plus est spécialiste. Nous ne le subissons pas, et c’est ce qui va nous donner un réel avantage concurrentiel, pour le client final comme pour les agences de voyages », estime Matthieu Mariotti.
Les équipes de réservation de Donatello se réjouissent d’ailleurs de voir que Rome ne fait pas fuir le marché, au contraire. « Notre petit programme de 3 jours baptisé Rome Eternelle est déjà complet ou presque pour toute la saison », sourit Matthieu Mariotti. « Nous faciliterons la vie de ceux qui veulent visiter Rome en 2025 : c’est notre spécialité. Oui, il y aura de la foule, oui, les rues seront animées. Et oui, cela va être une très belle expérience à vivre ».
Des prix qui ne s’envolent pas
D’autant plus que le caractère religieux de l’événement empêche une éventuelle explosion des prix qu’aurait pu généré cette hausse de la demande. « L’enjeu, c’est vraiment les stocks, et pas les prix », confirme Matthieu Mariotti. « Le marché des pèlerinages n’est pas spécialement orienté sur le prix. Le panier moyen est même légèrement en baisse, par rapport à 2024, sur notre offre à la carte ! ».
« Réussir à organiser toute cette séquence en préservant un tarif accessible au plus grand nombre était l’un des défis que nous devions relever », appuie Cédric Bloquet. Bipel a donc rogné sur ses marges et noué un partenariat avec les Pieux établissements de la France à Rome, qui organisent les activités de cinq églises françaises dans la capitale italienne.
Un fonds de soutien a été mis en place pour aider les pèlerins qui voudraient rejoindre Rome à boucler leur budget. Dans ce contexte d’année sainte de grâce et de pèlerinage pour les catholiques, tout ne tournera peut-être pas autour de la rentabilité.