Italie : la SNCF prend du retard faute de sillons
La compagnie ferroviaire française compte se positionner sur les lignes intérieures italiennes en 2027. Soit avec un an de retard à l’allumage.
En complément des TGV Inoui sur la ligne Paris-Milan, SNCF Voyageurs souhaite développer son activité à grande vitesse sur des liaisons intérieures en Italie.
10 millions de sièges prévus en Italie en 2027
Quinze TGV M sont commandés pour couvrir plusieurs lignes : 9 allers-retours Turin-Naples, 4 Turin-Venise mais aussi 2 Paris-Milan. La filiale italienne, SNCF Voyages Italia (SVI), prépare le terrain, avec Caroline Chabrol à la manœuvre comme directrice générale.
Mais ce projet de grande vitesse italienne prend du retard. SNCF Voyages Italie n’a pas obtenu les sillons demandés auprès des autorités italiennes, déplore la direction française de l’entreprise. « Au mois de mars, nous avons refusé de signer l’accord cadre, qui ne nous accordait que 15% des sillons demandés », précise-t-elle. En outre, l’entreprise peine à identifier des centres de maintenance. Les retards de livraison des TGV M compliquent davantage la situation.
Par conséquent, la compagnie ferroviaire prévoit d’ouvrir ses lignes italiennes en 2027, alors qu’elle espérait initialement démarrer en 2026. Objectif : commercialiser 10 millions de sièges, et gagner 15% de parts de marché.
Enquête pour entrave à l’entrée de SNCF sur le marché italien
En développant des liaisons à grande vitesse entre les principales villes italiennes, la SNCF attaque ainsi sur son pré carré Trenitalia, qui s’est elle implantée en France fin 2021.
Dans cette optique, SNCF Voyages Italia a demandé en juillet 2023 à Rete Ferroviaria l’attribution de capacités adéquates sur le réseau à grande vitesse, qu’elle n’a donc pas obtenues.
Le gendarme italien de la concurrence, qu’elle a saisi, a récemment ouvert une enquête pour abus de position dominante à l’encontre de la compagnie des chemins de fer Ferrovie dello Stato (FS), soupçonnée d’avoir entravé l’entrée de son concurrent français SNCF Voyages sur les lignes à grande vitesse en Italie.
Reste à savoir quelle stratégie commerciale SNCF Voyages Italia déploiera à terme face aux concurrents locaux, que sont Trenitalia et Italo. Christophe Fanichet botte en touche quand L’Echo touristique lui pose la question. Mais, une politique tarifaire « low cost » pourrait être déployée afin de conquérir des clients italiens, comme ce fut le cas en Espagne.
Bras de fer avec la Renfe
C’est en 2019 que la SNCF décide de s’implanter sur le marché espagnol. Le 10 mai 2021, l’exploitation démarre avec des trains Ouigo entre Madrid et Barcelone. Le succès commercial est immédiat, se réjouit-elle. Depuis le mois de janvier 2025, la compagnie française estime avoir déployé 100% de son plan de transport, avec 16 trains à grande vitesse.
« Le résultat d’exploitation passera dans le positif en fin d’année 2025 », estime un cadre dirigeant de SNCF Voyageurs. L’investissement, lui, aura atteint 700 millions d’euros, qu’il faut désormais amortir.
La SNCF compte bien prendre de nouvelles parts de marché à la Renfe, laquelle souhaite en faire autant sur les rails français. Mais la compagnie espagnole, présente dans l’Hexagone depuis 2021, dénonce les obstacles de la SNCF pour homologuer ses TGV. La Renfe menace par conséquent de supprimer des lignes…
Europe : SNCF Voyageurs veut 30% du gâteau
Comme ses concurrentes, la SNCF poursuit sa stratégie d’expansion à l’international. Avec ses opérations dans le Benelux, au Royaume-Uni, en Espagne et en Suisse, l’Europe devient un vecteur de croissance.
« Aujourd’hui, le trafic européen représente 22% de notre trafic de grande vitesse, indique Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs. Nous souhaitons atteindre 30% en 2030. »
Le groupe français attend notamment la deuxième phase de libéralisation du marché ferroviaire espagnol, et donc l’attribution « de lots » supplémentaires. De nouvelles lignes doivent par ailleurs ouvrir, entre Milan et Gênes, ainsi que vers les Pouilles. « Le potentiel de croissance est immense en Espagne, où le marché est moins mature qu’en Italie », poursuit le cadre de SNCF Voyageurs.