Le Canada lance son projet de TGV avec des entreprises françaises
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a officialisé cette semaine le lancement d’une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant Toronto et Québec. SNCF Voyageurs, Keolis et Systra font partie de l’aventure.
Reconnaissant que le Canada a pris du retard en matière de transport ferroviaire de passagers, Justin Trudeau a expliqué qu’actuellement les trains n’étaient pas assez rapides, pas assez fréquents et trop souvent retardés. Dans le pays, ce sont en effet les trains de marchandises qui sont prioritaires sur les voies ferroviaires, forçant les autres à s’arrêter pour les laisser passer.
« Un réseau ferroviaire à grande vitesse fiable, efficace et rapide changera la donne pour les Canadiens, réduisant les temps de trajet de moitié », a déclaré Justin Trudeau lors d’une conférence de presse à Montréal, estimant que cela permettra de stimuler l’économie.
Un consortium franco-québécois aux commandes
Le gouvernement canadien a sélectionné pour cette aventure le consortium Cadence, qui regroupe des acteurs majeurs du transport ferroviaire dont plusieurs entreprises françaises : SNCF Voyageurs, Keolis et Systra. CDPQ Infra, AtkinsRéalis (ex-SNC Lavalin) et Air Canada font également partie du consortium. « Cette reconnaissance témoigne de notre expertise et de notre engagement à offrir des services ferroviaires à haute vitesse pour l’ensemble de la population canadienne », a commenté Alain Krakovitch, directeur de TGV-Intercités chez SNCF Voyageurs.
Si les entreprises tricolores sont déjà bien implantées dans la phase initiale du projet, d’autres industriels comme Alstom pourraient entrer en lice pour la fabrication des rames à grande vitesse, dans le cadre d’un second appel d’offres. L’entreprise française, première actionnaire du canadien Bombardier depuis son rachat en 2021, pourrait proposer sa plateforme Avelia Horizon, base du futur TGV M de la SNCF.
Ce partenariat franco-québécois aura pour mission d’assurer la conception, la construction, le financement, l’exploitation et l’entretien du futur TGV. Une première phase de planification, évaluée à 3,9 milliards de dollars canadiens sur six ans, comprend notamment la consultation des peuples autochtones, l’acquisition des terrains et l’évaluation des impacts environnementaux.
Impact touristique : vers une nouvelle dynamique ?
La région qui sera desservie par la nouvelle ligne représente 18 millions de personnes, soit 44% de la population canadienne, mais aussi 40% du PIB. La ligne comprendra des arrêts dans la province de l’Ontario et au Québec : Toronto, Peterborough, Ottawa, Montréal, Laval, Trois-Rivières et Québec. Une fois mis en service, ce train reliera Toronto et Québec en trois heures, contre plus de cinq heures aujourd’hui. Le trajet entre Montréal et Québec passera de 3h25 à 1h30.
Ce projet pourrait bouleverser l’industrie touristique canadienne en facilitant les déplacements entre les grandes villes du corridor Windsor-Québec. Selon les prévisions, le TGV pourrait attirer plus de 15 millions de passagers annuels, réduisant ainsi la part des trajets en voiture. Cette nouvelle mobilité rapide et durable pourrait notamment profiter aux secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, et renforcer le tourisme interurbain canadien.
Aucune date n’a été donnée pour la mise en service de cette ligne et les élections qui doivent se tenir dans les prochaines semaines pourraient encore remettre en cause le projet. Le coût total pourrait atteindre 80 milliards de dollars canadiens (environ 53 milliards d’euros), incluant la construction de la ligne dédiée.