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Franchise, international, nouveau concept : les plans pour l’avenir d’Okko Hotels

Quand elle a débarqué dans le paysage hôtelier avec son nouveau concept, l’enseigne Okko Hotels intriguait. Presque dix plus tard, la marque est bien installée, et vise désormais un changement d’échelle.

Solenne Ojea-Devys en parle sans détour : comme pour beaucoup, ça a tangué fort pendant le Covid. Au point pour la famille Devys, qui a créée Okko Hotels en 2009, de devoir renoncer à être actionnaire majoritaire. Aujourd’hui, elle détient 27% des parts. Un choix assumé dans la sérénité. « Nous avions comme beaucoup d’entrepreneurs l’obsession de rester majoritaires dans l’entreprise, pour garder le contrôle, raconte-t-elle. Mais en fait, tout dépend de vos actionnaires. » Le groupe est détenu en partie par Crédit Mutuel Equity, qui a le statut d’entreprise à mission. « Ça se sent au quotidien dans la façon dont ils gèrent leur participation. Nous ne nous sentons pas du tout dépossédés de notre entreprise. C’est un partenariat de confiance qui nous permet d’être sereins dans nos actions, c’est extrêmement important. »

D’autant que les projets sont nombreux, maintenant que la page du Covid est tournée. Il aura d’abord fallu surmonter l’impact de la crise sanitaire. « La première fois que nous avons pu réunir à nouveau tous nos collaborateurs, ça a été la catharsis, se remémore la jeune femme. Tout le monde avait besoin de vider son sac, d’exprimer comment il avait vécu les choses. Les équipes nous faisaient suffisamment confiance pour nous adresser leur ressenti et nous dire qu’il y avait eu des choses difficiles pour eux. Ça a été un moment d’entreprise hyper fort. Sur cette base, nous avons essayé de construire autre chose. »

Objectif : 40 à 50 nouveaux Okko

Imaginée et mise sur orbite par Olivier Devys, un ancien cadre d’Accor et fondateur de Suitehotel, la marque hôtelière entre ainsi dans une nouvelle phase de son développement. « On structure, on organise, on essaie de construire le passage à l’échelle. C’est un autre job, et ce n’est souvent pas ce que préfèrent les fondateurs », analyse la jeune femme, qui prend progressivement la relève de son père.

L’an dernier, le groupe a affiché un chiffre d’affaires de 44 millions d’euros, en hausse de 42% par rapport à 2019. Le résultat net s’est élevé à deux millions d’euros. De quoi redonner le moral aux équipes et aux investisseurs. « Nous sommes en train de constituer notre offre de franchise, nous la commercialiserons à partir de septembre, annonce Solenne Ojea-Devys. C’est une étape majeure. Nous ne l’avons pas franchie avant parce que nous considérions que nous n’avions pas la maturité de marque nécessaire. Aujourd’hui, nous estimons que ce travail a été fait. Nous savons exactement qui nous sommes et qui sont nos clients. » « Avec nos équipes, notre marque est notre plus bel asset, insiste Solenne Ojea-Devys. Nous aurions détesté la voir se dégrader pour accéder à une croissance rapide. » Le groupe a donc mené un « colossal travail » de rédaction de ses standards, d’analyse de son savoir-faire. « Pour que ce soit parfaitement compréhensible au moment où l’on donnera les clés. »

A terme, l’objectif pour la marque pourrait être de tripler sa présence en France, moitié en filiale, moitié en franchise. A l’heure actuelle, le groupe compte 14 hôtels, dont le petit dernier, qui vient d’ouvrir à Paris. Quarante, peut-être cinquante adresses sont donc envisagées dans l’Hexagone. Pas plus. « C’est une question de taille critique, justifie-t-elle. (…) Nous sommes persuadés qu’Okko, avec son positionnement quatre étoiles, a un potentiel sur le territoire pour ce nombre d’hôtels, pour pouvoir travailler correctement. »

Okko des villes, Okko des champs ?

Sans vouloir trop en dévoiler pour le moment, le groupe annonce aussi prospecter activement à l’international. « Nous avons plusieurs projets dans des capitales européennes », indique Solenne Ojea-Devys.

Et puis peut-être aussi, des Okko à la mer, à la montagne ou à la campagne. La très citadine enseigne envisage sérieusement de se diversifier avec d’autres produits, positionnés sur d’autres segments. Elle pourrait aussi tenter une incursion dans le 3-étoiles. « Nous avons déjà mis en place des équipes de travail qui réfléchissent et modélisent pour diversifier l’offre Okko, afin de déterminer quelle serait l’offre qui a le plus de potentiel, dans la complémentarité de ce que l’on fait aujourd’hui », précise Solenne Ojea-Devys. 

A 36 ans, elle se trouve donc à la barre d’un navire qui prend sérieusement de la vitesse. Elle y a embarqué en 2011, après avoir bouclé son cursus à l’Edhec. « Nous nous sommes retrouvés Olivier et moi dans des bureaux qui nous avaient été prêtés, et c’était dingue d’avoir l’opportunité de créer une marque hôtelière à 25 ans », se souvient-elle. Le premier hôtel voit le jour à Nantes, en 2014, avec son concept offrant un libre accès à un Club ouvert 24/24 et une offre de restauration snacking, incluse dans le prix de sa chambre.

« A la sortie de l’école j’étais un peu perdue, je me disais qu’humainement ce serait dur pour moi d’aller travailler dans un grand groupe, que je ne m’y épanouirais pas. » Mais à l’époque, les chemins sont tout tout tracés après une école de commerce. Hors des grandes entreprises de finance ou d’audit où l’on gravit les échelons petit à petit, point de salut.

C’était il y a douze ans seulement, une éternité pourtant : la culture start-up n’était pas encore venu totalement redorer le blason de l’entrepreneuriat. « Quand j’ai fait mon Master entrepreneuriat, c’était un peu le master « pourri » de l’école où allaient les gens qui ne savaient pas trop quoi faire, c’était avant la vague”, résume-t-elle. Elle pense alors à créer sa boîte mais la solitude inhérente à cette vie l’effraie. La proposition de son père de rejoindre la toute jeune entreprise arrive à point nommé. « J’avais beaucoup discuté avec lui de mes projets professionnels même si à ses yeux, ma quête d’épanouissement était difficile à comprendre. A son époque, on entrait dans un groupe, on y restait toute sa vie et si on était bon on avait des opportunités d’évolution. On ne se posait pas 10000 questions. C’est amusant, à l’aune de l’évolution du rapport au travail que l’on observe aujourd’hui. »

« Des quantités de CV astronomiques »

Des convictions qui expliquent peut-être qu’Okko reçoit « des quantités de CV astronomiques », selon la dirigeante. Une déclaration à faire pâlir plus d’un hôtelier dans le contexte de pénurie de main d’œuvre actuel. « Nous sommes identifiés très clairement par les jeunes diplômés de l’hôtellerie restauration, qui nous perçoivent comme une marque RSE. Nous voyons de plus en plus de jeunes diplômés qui sont attirés par des groupes de la taille du nôtre où ils sentent qu’il y a un engagement authentique et qu’il auront beaucoup de responsabilités et d’autonomie. »

Le groupe hôtelier vient d’ailleurs de décrocher le statut d’entreprise à mission. Une concrétisation des engagements RSE pris depuis ses débuts. « Mon père a dès le départ beaucoup réfléchi sur le statut de l’humain, aussi bien du côté du client que des équipes. C’est un discours qu’on entend maintenant post-Covid parce que c’est une galère de recruter… Mais on ne peut pas demander à un être humain d’avoir toujours le sourire face à un autre si lui-même n’est pas traité correctement, c’est vraiment la base. Nous avons depuis toujours fait un gros boulot sur la marque employeur. Nous avons la chance d’avoir des résultats. »

1 commentaire
  1. Anonyme dit

    Bravo… Bien entendu que le concept faisant ses preuves est voué à s’étendre d’une manière dynamique….en fonction des nouvelles attentes…

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