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En progrès, mais… peut mieux faire

Le secteur touristique ne doit pas rater le train du développement durable. Il y a urgence ! Pour la planète bien sûr, mais aussi pour répondre à la demande de clients de plus en plus affûtés sur le sujet.

En juin 2005, un sondage Louis-Harris estimait que 58 % des Français avaient entendu parler du développement durable. Début 2006, selon une étude co-signée Ethicity et Ademe, l’agence gouvernementale de l’environnement et de l’économie d’énergie, ils étaient 77 %. A quand le 100 % ?

Car le thème, désormais au coeur des débats de la prochaine élection présidentielle, passionne l’opinion. En témoigne l’audience record, en octobre dernier, du documentaire de Yann Arthus-Bertrand sur l’environnement : 5,7 millions de téléspectateurs ! De quoi mettre la puce à l’oreille de n’importe quel entrepreneur, surtout s’il travaille dans le tourisme. Demain, pour séduire un consommateur de plus en plus citoyen, l’activité des TO et agences devra répondre à de nouveaux critères, forcément durables.

Une nouvelle façon de voir le monde

Encore faut-il comprendre ce qu’englobe le développement durable. Le terme est devenu populaire lors du deuxième Sommet de la Terre, à Rio en 1992. Ce développement vertueux, qui doit répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs, repose sur trois piliers essentiels, à concilier : le progrès économique, la justice sociale et la préservation de l’environnement. Tout bonnement une nouvelle vision du monde ! Inévitablement, l’activité touristique exerce des contraintes sur les ressources, en eau, en énergie. Et tout aussi inévitablement, l’afflux de visiteurs dans un lieu, que ce soit le Mont-Saint-Michel ou le pays Dogon au Mali, entraîne des changements culturels parmi les populations, et pas forcément de ceux qui favorisent la justice sociale…

Par ailleurs, plus que n’importe quelle autre activité, le tourisme nécessite un environnement préservé de toute nuisance. Qui a envie de se prélasser sur une plage polluée ou marcher dans un désert jonché de détritus ? Comment vendre des voyages dans des pays où règne une extrême misère ? Comment éviter la folklorisation des cultures et la surexploitation des sites ? Autant de questions que les professionnels vont devoir plus que jamais se poser…

Bonnes intentions sur papier

L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a planché sur le sujet : Charte du tourisme durable en 1995, Code mondial d’éthique du tourisme en 1999 et, pour finir, signature d’un accord en 2002 pour promouvoir à grande échelle le tourisme durable en tant qu’outil de développement. Nous voilà blindés du côté des déclarations d’intention ! Pour le concret, c’est plutôt du côté des acteurs privés qu’il faut tourner son regard.

L’occasion de constater, y compris dans l’Hexagone, que des dizaines d’acteurs sont déjà engagés dans une démarche durable : militants du tourisme social et du commerce équitable, électrons libres finançant des projets de développement (comme la Coopérative Point Afrique et sa filiale Acabao, qui pratiquent le microcrédit), TO signataires de la charte Agir pour un tourisme responsable (ATB)… Même les organisateurs de salons participent au mouvement, à l’instar du Mit International et de sa Bourse du tourisme solidaire. Cette dernière fédère de plus en plus d’entreprises (comme Elvia, Carlson Wagonlit Travel ou Selectour), autour de projets pilotés par l’ONG Tetraktys (spécialisée dans le développement de sites touristiques durables, la plupart en Afrique de l’Ouest). Avis aux amateurs, Tetraktys ne croule pas sous les demandes : outre le Mit, ses seuls partenaires dans le tourisme sont Nouvelles Frontières Randonnées et Allibert.

Les bénévoles à la rescousse

Beaucoup d’entreprises gèrent aujourd’hui l’aspect justice social du développement durable en faisant des dons à diverses ONG, sans toujours en faire l’écho. Pour les multinationales, l’engagement peut être international (Kuoni avec Villages d’Enfants SOS), national (Nouvelles Frontières, partenaire de Tourism For Development, alors que sa maison mère, TUI, mène ses actions propres) ou même local, à l’instar du Club Med. Le groupe français incite par exemple ses salariés à faire du bénévolat le week-end dans des associations de proximité, des Restos du Coeur à Aides. Pour les entreprises plus modestes, tout dépend souvent de la sensibilité du dirigeant. Air France, Accor ou le Club Méditerranée vont plus loin, à travers la création de fondations qui pilotent des opérations de mécénat ou un engagement humanitaire, et présentent l’avantage d’impliquer les salariés. L’une des dernières-nées est celle de Fram, dédiée aux enfants, la cause préférée des entreprises.

Celle du Club Med, créée dès 1978, est exemplaire. Elle fonctionne sur la base de clubs de bénévoles, qui fédèrent 12 % des salariés en France, une partie des heures qu’ils consacrent au bénévolat (week-ends ou congés solidaires) étant prise sur le temps de travail. Dans les villages du TO, les salariés sont aussi invités à participer : chaque 21 juin, un goûter planétaire lance la saison d’été, permettant aux équipes fraîchement débarquées de rencontrer les habitants des environs et les associations locales. Au global, les salariés du Club Med ont effectué 70 000 heures de bénévolat en 2005, deux fois plus qu’en 2003. Une vraie force, qui multiplie par cinq notre budget de 134 000 E, se réjouit Constance Nora, déléguée générale de la fondation. Elle sait convaincre quand elle affirme, citant un ami médecin, que faire du bien aux autres, c’est se faire du bien tout court, un formidable antidote au stress.

Avis aux amateurs (encore !) : Planète Urgence, qui promeut le concept de congés solidaires et assure la logistique de ces voyages humanitaires (pour les entreprises ou les citoyens désireux de se rendre utiles pendant leurs vacances), n’a guère de clients issus du tourisme, à l’exception, justement, du Club Med.

Un bon plan de com

En brochures, sur Internet ou via les médias, les entreprises, jadis discrètes, communiquent de plus en plus autour de leurs oeuvres, conscientes de ce nouvel atout. Récemment, on a ainsi appris qu’IdTGV soutenait Médecins du Monde, Jet tours parrainait les Petits Citoyens, et que la compagnie aérienne Etihad proposait aux membres de son programme de fidélité de faire don de leurs miles à des organisations caritatives.

Le Club Med s’y met aussi, après 28 ans de discrétion. Depuis l’été dernier, son dossier de presse se fait l’écho des actions de sa fondation. En parallèle, pour répondre à une demande forte des clients, des Espaces Fondation ont ouvert dans ses villages du Sénégal, une démarche qui sera étendue au Maroc en 2007. Les clients peuvent s’informer, trouver les contacts des associations locales, voire apporter un livre pour une collecte en faveur des bibliothèques de la région.

Les déboires passés de Tourism For Development (TFD) montrent toutefois qu’en matière de communication humanitaire, l’équilibre est difficile. A sa création en 1998, l’association proposait aux hôteliers et aux tour-opérateurs de contribuer, à hauteur de 1 dollar par nuitée, au financement de microprojets de développement (construction de maisons, apport d’eau dans un village…), en apposant le label TFD sur certains produits. En dépit d’un ajustement des prélèvements par la suite (1 % du prix du voyage), de créateurs motivés et de partenaires nombreux, la belle idée a tourné à l’usine à gaz.

A de rares exceptions près (comme Marsans, dont l’hôtel en République dominicaine généra 20 000 E par an), les tour-opérateurs labellisèrent des voyages trop pointus, qui rapportèrent trop peu au vu des moyens de promotion mis en oeuvre (notamment un guide Fnac dédié). Depuis, TFD a trouvé un nouveau modèle et un nouveau souffle, avec le soutien des agences événementielles de l’Anaé et de Nouvelles Frontières, et un ticket d’entrée plus modeste (0,015 % du CA annuel pour l’entreprise adhérente). Pour compenser, le consommateur est appelé à mettre aussi la main à la poche.

Rescapé de la première époque, Marsans trace sa route, toujours avec TFD en République dominicaine, en solo au Brésil. Le concept du microprojet, que j’ai découvert grâce à TFD, me convient. Je l’ai reproduit seul ailleurs, explique le PDG Bruno Gallois. Pour sa part, Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde et partenaire de TFD en son temps, oeuvre désormais seul, et en toute discrétion. Nous donnons 70 000 E par an à des ONG en faveur de l’enfance, mais nous ne communiquons pas sur le sujet.

En revanche, au-delà de ces actions humanitaires, les opérations menées par le voyagiste au nom du développement durable seront désormais intégrées à la communication du groupe. Je considérais que ce n’était pas un outil marketing, j’ai changé d’avis, avoue Jean-François Rial. La raison ? La demande, croissante, d’informations sur le sujet de la part des clients. Et ce n’est qu’un début !, assurent les spécialistes du marketing, qui ajoutent que l’heure n’est plus au saupoudrage humanitaire ni au savon équitable, mais à un engagement de fond, compréhensible par le plus grand nombre.

Des efforts réels mais aussi des exemples navrants

Cette démarche de développement durable est transversale. L’eau, l’énergie, les matériaux utilisés, la politique vis-à-vis des fournisseurs et de leurs salariés, la sensibilisation des clients… tout est pesé, mesuré, et remis à la sauce durable. Ainsi, Asia s’est engagé dans le développement d’hôtels construits et gérés sur place par les populations, à l’image du Lisu Lodge en Thaïlande. Les touristes peuvent y partager la vie des Lisu.

Certes, l’exercice a ses limites. Après le tsunami de décembre 2005, les autorités du Sri Lanka et de Thaïlande avaient demandé que les reconstructions se fassent en retrait du rivage, pour constituer une ceinture verte qui servirait de barrage naturel en cas de nouvelle vague. Le lobby de l’industrie touristique a mis tout son poids dans la balance pour être exonéré de cette contrainte, et a obtenu gain de cause. Un exemple navrant qui ne doit pas occulter les efforts, réels, des chaînes hôtelières en matière de développement durable.

VVF vient ainsi de rénover tout son parc datant des années 60-70 (donc très bétonné), en veillant à le faire dans une démarche durable. Mastodonte du secteur, Accor est pour sa part régulièrement félicité pour son implication réelle dans le développement durable. Le groupe a adopté en 2006 une nouvelle charte environnementale, beaucoup plus contraignante que sa première version datant de 1998, le but étant d’obtenir

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