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ÉDITO. Le tourisme face au casse-tête de l’emploi

La reprise est là. Mais où sont passés les serveurs, les saisonniers, les agents de voyages ? Et surtout, comment trouver de nouvelles forces vives ?

C’est le gros grain de sable de la reprise. Pendant le Covid, de nombreux salariés ont quitté les métiers de la production, de la distribution, de l’aérien, en France comme à l’étranger. Et ils ne sont pas revenus. Dans l’hôtellerie-restauration tricolore, 237 000 employés ont rendu leur tablier. Aujourd’hui, les clients sont là, mais les salariés manquent à l’appel. Pour accompagner la reprise, il va falloir trouver des bras. Et ce n’est pas gagné…

Un problème de rémunération ? Entre autres, oui. Les salaires minimums des agences de voyages (groupe A) sont repassés sous le Smic, c’est un symbole assez fort. Les rémunérations du secteur ne sont « pas à la hauteur », a récemment déclaré la ministre du Travail Elisabeth Borne. Une remarque un peu facile pour celle qui n’a pas à payer les salaires, mais avec un fond de vérité. Pour Accor en tout cas, il ne sera pas possible de « payer plus », a répondu Sébastien Bazin, PDG d’Accor. Pourtant, il manque encore « 2 000 collaborateurs » en France, au sein du groupe hôtelier. Quant à la défiscalisation des pourboires pour améliorer la rémunération, c’est joli sur le papier, notamment à l’approche des élections…. Reste que la culture des « tips » est bien anglosaxonne, les Français n’en versent presque plus.

Le groupe hôtelier Accor est plutôt favorable au « lissage des contraintes horaires ». Cette idée fait son chemin, jusqu’au sommet du pouvoir. « Il y a un travail à faire qui passe par un ensemble assez complexe qui est de la rémunération, (…) du cycle horaire, (…) de la qualité de vie, la capacité à concilier le travail et la vie personnelle », a déclaré le président de la République Emmanuel Macron, lors du Sommet Destination France. Un tel aménagement du temps de travail, tout le monde en rêve. Mais c’est souvent antinomique avec les métiers de service, où l’on est sur le pont sur le temps de repos des autres : le soir, le week-end, les jours fériés. Les agences en savent quelque chose…

D’ailleurs, le télétravail, qui permet souvent de mieux combiner vie personnelle et vie professionnelle, aura aussi des effets indésirables. Chez Transavia France, un accord historique accordant jusqu’à 100 jours de télétravail par an donne le ton d’une nouvelle organisation. Un accord applicable au personnel d’encadrement et aussi – et c’est une belle avancée – aux personnels au sol. Mais bien sûr, les pilotes, les hôtesses et les stewards ne peuvent pas être concernés.

Le télétravail contribuera à créer un monde à deux vitesses, entre ceux qui peuvent y accéder et les autres… Dans les métiers de service, les employeurs qui ne pourront pas le proposer renverront souvent à des conditions de travail contraignantes, à une moindre attractivité, surtout auprès des jeunes. Le travail de reconquête des salariés du secteur – qui regorge au demeurant de très beaux métiers – est un immense chantier qui ne fait que commencer. Face à ce grand casse-tête, le plan de reconquête du tourisme proposera-t-il des idées nouvelles ? Réponse vers la mi-novembre ou juste après, nous promet-on. C’est le Premier ministre Jean Castex qui présentera ce vaste programme.

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