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Yemenia Airways : treize ans après le crash, le procès commence

La justice française va devoir déterminer les responsabilités du crash de Yemenia Airways qui avait coûté la vie à 152 personnes en juin 2009.

Le 30 juin 2009, le crash d’un avion de la Yemenia Airways au large des Comores faisait 152 morts. Le procès pour homicides et blessures involontaires de la compagnie Yemenia s’ouvre lundi à Paris, près de treize ans après le crash d’un avion au large des Comores qui avait tué 152 personnes et laissé une unique rescapée âgée de 12 ans.

Des dizaines de proches des victimes sont attendus à 13h30 devant le tribunal correctionnel de la capitale et aussi à Marseille, où une partie du procès est retransmis pour ceux, nombreux, qui résident dans la région. Les parties civiles risquent néanmoins de faire face à un banc des prévenus vide : aucun représentant de la compagnie nationale yéménite ne devrait être présent, selon la défense, à cause de la guerre qui déchire le pays.

« Enfin le procès pénal est là »

Dans la nuit du 29 au 30 juin 2009, le vol Yemenia 626 s’était abîmé au large des Comores, juste avant son atterrissage à Moroni, avec à son bord 11 membres d’équipage et 142 passagers, dont 66 Français. Seule une adolescente de 12 ans, Bahia Bakari, a survécu en restant agrippée en mer pendant onze heures à un débris, avant d’être secourue par un bateau de pêche.

Pendant quatre semaines, la justice française va examiner des soupçons de « manquements et négligences » de la Yemenia Airways, qui opérait le vol. La compagnie, qui conteste les faits, encourt 225000 euros d’amende par victime.

« Treize ans, c’est long : c’est épuisant psychologiquement et moralement et même physiquement », déclare Saïd Assoumani, président de l’association des victimes. « Mais après treize ans d’attente et d’impatience, enfin le procès pénal est là ».

Une enquête longtemps enlisée

Les boîtes noires avaient été repêchées quelques semaines après ce crash, le plus grave de l’histoire de l’archipel des Comores, entre le Mozambique et Madagascar, mais l’enquête est longtemps restée enlisée. Les autorités françaises ont un temps reproché à leurs homologues comoriennes leur non-coopération, tandis que les familles des victimes ont accusé le Yémen de faire pression pour empêcher la mise en cause de sa compagnie nationale.

L’instruction a finalement conclu que l’état de l’appareil, un Airbus sorti d’usine en 1990, n’était pas en cause, ni la météo, la foudre ou un missile. Selon les expertises, fondées en particulier sur les enregistreurs de vol, l’accident est dû aux « actions inadaptées de l’équipage dans le cadre de l’approche de l’aéroport de Moroni, conduisant à la perte de contrôle de l’avion ».

« Au-delà de ces dramatiques erreurs imputables aux pilotes », cependant, la Yemenia a « failli à bien des égards », ont estimé les magistrats instructeurs. Il est reproché à la compagnie d’avoir maintenu les vols de nuit pour Moroni, malgré les pannes de longue date des feux de balisage de l’aéroport, ainsi que des « insuffisances » dans la formation des pilotes, qualifiée de « lacunaire ».

« Avions poubelles »

« La Yemenia reste profondément marquée par cette catastrophe, en particulier pour les victimes, néanmoins elle proteste de son innocence en indiquant qu’elle n’est nullement responsable des faits qui sont intervenus », soutient son avocat Me Léon-Lef Forster.

La jeune miraculée, qui a perdu sa mère dans le crash, doit témoigner le 23 mai. Au fil de reportages et dans un livre, Bahia Bakari a décrit avoir ressenti, à l’approche de l’aéroport, des « turbulences », avoir été comme « électrisée » puis avoir eu un « trou noir » avant de se retrouver dans l’eau. Le procès sera aussi celui « des avions poubelles, le procès des manquements, de l’irresponsabilité, qui font que, avec la course aux profits, on arrive à des drames », veut croire Saïd Assoumani.

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