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Yann Barbizet : Amex doit fortement investir dans les technologies

American Express se prépare à céder 50% de son activité voyage. Pourquoi le groupe de cartes de paiement mène-t-il cette stratégie de désengagement ? Ses clients entreprises doivent-ils s'en inquiéter ? Yann Barbizet, directeur associé du cabinet d'études Concomitance, répond à ces questions, dans une interview accordée à L'Echo

L’Echo touristique : Pourquoi American Express cède-t-il 50% de son activité voyage ?

Yann Barbizet : Plusieurs explications peuvent justifier cette cession. Globalement, les grandes TMC doivent prendre un important virage technologique. Il y a aussi des relais de croissance à aller chercher en Asie et dans des pays émergents, notamment en Amérique du sud. Dans ces marchés peu adressés par les grandes TMC mondiales, des TMC locales ou régionales se sont développées, comme FCM en Australie par exemple. L’enjeu pour les agences telle qu'American Express consiste à pouvoir servir des grands comptes, avec une importante couverture géographique et des technologies disponibles partout dans le monde. Ce qui requiert des investissements très conséquents, d’où le rapprochement avec Certares.

Quels investissements vous semblent prioritaires chez Amex ?

Avant tout, ceux dans la technologie, pour améliorer la chaîne de valeur de la réservation à la note de frais. Des investissements importants doivent être opérés en la matière dans une région comme l’Asie, qui est multi-GDS. De nombreuses barrières sont à l’entrée, et pas seulement d'ordre linguistique. Les systèmes de réservations et de paiement s'avèrent peu homogènes. Le Japon fonctionne avec 5 systèmes de réservations pour le train, et deux pour l’aérien. Il est nécessaire de consentir d’importants investissements, seuls ou en partenariat, au niveau des connexions entre les GDS et les SBT. Il faut aussi être capable d’assister le voyageur d’affaires en situation de mobilité. Le mobile représente un enjeu croissant.

Amex a-t-il du retard au niveau technologique ?

Il n’a pas de retard. Toutefois, American Express doit aujourd’hui mettre le paquet. Le groupe aurait pu effectuer des investissements seul, mais sur une période beaucoup plus longue. Il n’aurait pas peu avoir une telle force de frappe. L’investissement consenti par le groupe emmené par la banque Certares (Ndlr, 700M$ à 1 milliard de $) est très significatif. Y aura-t-il des rachats d’entreprises technologiques ou d’agences locales ? C’est n’est pas exclus.

Amex est cependant devenu la deuxième agence après Expedia. Elle est en perte de vitesse…

Par rapport à Expedia, oui. Ce qui montre, encore une fois, l’importance de la technologie. Expedia est une boîte technologique, qui a une longueur d’avance. Le groupe est ainsi passé du loisir à l’unmanaged avec Egencia, et aujourd’hui aux grands comptes.

Amex gardera 50%du capital de l'activité voyage. Est-ce pour préserver son business "cartes" ?

Evidemment. A travers le voyage, le groupe a toujours eu pour stratégie de positionner ses cartes. C’est un moyen très puissant pour faire adopter des cartes de paiement.

Cette cession de 50% inquiète-t-elle des grands comptes ?

Le rachat d’Havas Voyages par Amex avait suscité, en son temps, des inquiétudes. Dans le voyage d’affaires, il y a eu tellement de rapprochements que les clients ne s’en soucient plus. Tout le monde sait que les investissements sont nécessaires. Et puis, American Express ne s’adosse pas à n’importe qui : Certares et son patron Greg O’Hara connaissent le métier.

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