TSBA : les 4 demandes de la Fnam au ministre des Transports
Pascal de Izaguirre espère rencontrer le ministre chargé des Transports pour évoquer des sujets épineux. À commencer par le projet de hausse de la « taxe Chirac ».
Alors que l’industrie du voyage s’attend au retour du projet de hausse de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), la Fédération nationale de l’aérien et de ses métiers (Fnam) affûte sa ligne de défense. Son président Pascal de Izaguirre oppose quatre arguments et demandes, qu’il espère bientôt partager avec le ministre des Transports Philippe Tabarot. Même si, pour l’instant, aucun rendez-vous n’est fixé.
Flécher vers la décarbonation
Quels sont ses quatre demandes et arguments ? « Nous sommes totalement opposés par principe à l’augmentation de la TSBA », indiquait ce matin Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair et président de la Fnam, lors des voeux de la fédération à la presse. Même s’il ne se fait guère d’illusion, puisque le gouvernement cherche différents leviers pour réduire son déficit abyssal.
« Si taxation il devait y avoir, nous demandons qu’elle soit à caractère exceptionnel, et non pérenne », ajoute-t-il. Comprenez, sur une période d’un an.
« Troisièmement, nous souhaitons que le produit (les recettes, Ndlr) soit fléché vers nos efforts de décarbonation », complète Pascal de Izaguirre. Et ce, à travers le financement d’une filière de carburant durable ou des mécanismes d’incitation fiscale. Enfin, et c’est sa quatrième requête, le patron de Corsair réclame une mise en service décalée, pour éviter la gestion kafkaïenne du sujet fin 2024.
Les recommandations de l’OACI, reprises par Iata, c’est de prévoir un délai de quatre mois, précise Laurent Timsit, délégué général de la Fnam. De son côté, Corsair assure avoir remboursé « la quasi-totalité » des trop perçus suite au gel de la hausse de la TSBA.
Déclin du pavillon français
« Nous espérons convaincre du fait que le transport aérien subit déjà une très forte taxation », relève Pascal de Izaguirre. L’environnement fiscal et règlementaire pénaliser les transporteurs français, insiste-t-il. Le pavillon français, qui détient une part de marché de 37,5% en 2024, « continue son déclin inexorable », poursuit-il.
La Fédération redoute cette année « une hausse massive du coût du transport aérien ». Entre les augmentations de redevances de navigation aérienne, le coût de la transition énergétique induit par le paquet européen « Fit for 55 » et l’augmentation de taxes dont la TSBA, la Fnam estime le surcoût à 1,2 milliard d’euros en 2025. « Nous avons fâcheuse tendance à nous auto-saborder en France. »
Le dirigeant de la Fédération s’inquiète également de l’absence de vraie filière de carburant d’aviation durable (SAF) en France et en Europe. « Si nous n’en avons pas assez, nous irons nous approvisionner aux Etats-Unis », ce qui pose selon lui la problématique de la souveraineté. Et Pascal de Izaguirre craint, à terme, des formes de « chantage commercial », comme pour le « cognac« , visé par les taxes douanières américaines.
Trafic aérien : 99% du niveau de 2019
Dans un entretien accordé le 6 janvier au Parisien, Amélie de Montchalin, la ministre des Comptes publics, s’est dite favorable au maintien de l’augmentation de la TSBA, dite « taxe Chirac ».
Le sujet devrait vite revenir sur la table, avec le nouveau projet de loi de finances. En attendant, le secteur de l’aérien publie des bilans 2024 prouvant sa convalescence post-Covid.
En 2024, le trafic aérien en France a quasiment retrouvé ses niveaux de 2019 (99%). Le trafic international continue de progresser. Mais le trafic intérieur à l’Hexagone baisse graduellement, avec 20,2 millions de passagers en 2024. C’est 1,1 million de moins qu’en 2023, et 6,6 millions de moins qu’en 2019. Le trafic entre les aéroports de Paris et ceux de province est retombé à son niveau de 1984, selon Pascal de Izaguirre.
L’aérien représente, d’après ses estimations, 1,8% du PIB et 570 000 emplois dont 96% en France.