Travailler le dimanche

Le gouvernement tient à son projet facilitant les ouvertures de magasins le dimanche. Après l’échec d’une première tentative fin 2008, un nouveau projet de loi sera soumis au Parlement cet été. Mais le sujet reste toujours aussi sensible, politiquement et socialement. D’un côté les commerces qui ont pris l’habitude d’ouvrir ce jour-là (un tiers des commerces français selon le Credoc, dont une partie illégalement) estiment qu’ils ne peuvent plus vivre sans cette facilité et certains salariés en attendent des compléments de salaires. À l’opposé, de nombreuses personnes, églises, associations et syndicats estiment que ce jour est sacré, religieusement, pour la famille ou pour le repos légitime. La réglementation actuelle complexe reste fondée sur le principe du repos hebdomadaire normalement pris le dimanche (loi de 1906). Mais le Code du travail ne consacre pas moins de 43 articles à énumérer diverses dérogations. Elles sont permanentes par exemple pour les commerces alimentaires, les hôtels, restaurants, musées et salles de spectacles, ou pour les commerçants qui ne font travailler que leur famille. Elles sont possibles sur autorisation municipale ou préfectorale, si une fermeture « compromet le fonctionnement normal », si les ouvertures sont limitées à cinq dimanches par an, ou pour les commerces situés en « zones touristiques », une notion très diversement appréciée par les autorités. Pour les salariés, à défaut d’accord collectif, le Code du travail prévoit certaines compensations minimales.

LE SNAV N’A PAS DE POSITION ARRÊTÉE

Les ouvertures d’agences de voyages le dimanche sont marginales. Aucune chez Afat et Manor. Elles sont rares chez Selectour et Tourcom n’en recense que cinq ou six. Chez CarlsonWagonlit Travel on n’en connaît que dans les aéroports et dans le réseau NF que dans quelques centres commerciaux où elles sont ouvertes sur convention avec les centres eux-mêmes. Le Snav n’a pas de position tranchée sur la question. Il se contente de dire que chaque agence reste libre de son choix. Richard Vainopoulos juge cette opportunité « inintéressante pour la profession » et Jean Korcia déclare : « laissons le dimanche tranquille ! ». Quelques voix différentes s’élèvent : « Les agences physiques doivent pouvoir se battre à armes égales avec les agences en lignes auprès desquelles les clients achètent le dimanche. D’autant que les clients sont demandeurs et que, avec les sites de réservation en BtoB, quasiment tous les produits sont maintenant accessibles en permanence aux agences, » estime Francis Rivallier dont l’agence Selectour est ouverte le dimanche.