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Transport : la SNCF mettrait-elle des bâtons dans les rails de Railcoop ?

La coopérative ferroviaire Railcoop veut lancer des trains de voyageurs à travers la France en juin prochain sur des rails délaissés par la SNCF.

Si tout va bien, Railcoop, la petite compagnie basée à Figeac (Lot), fera rouler deux allers-retours par jour dès le 26 juin 2022 entre Bordeaux, Périgueux, Limoges, Montluçon, Roanne et Lyon, en 7 heures 30. Elle ressuscitera une liaison transversale abandonnée en 2014. Cet ovni des rails créé fin 2019 vient d’obtenir sa licence d’entreprise ferroviaire et attend dans les semaines qui viennent son certificat de sécurité, indique Nicolas Debaisieux. Le problème du matériel roulant étant en passe d’être réglé, il reste à obtenir des sillons -des créneaux de circulation- auprès de SNCF Réseau.

Et c’est là que le bât blesse : « Aujourd’hui, on n’a aucune garantie que SNCF Réseau nous donne nos sillons », se désole-t-il. Railcoop a bien reçu « des propositions », mais elles ne répondent que partiellement aux demandes, dit-il. Par exemple, la société n’a pour l’instant obtenu un sillon que jusqu’à Roanne, à 70 km de Lyon.

Des billets « vendus au prix du covoiturage »

« Et tous ces sillons sont conditionnés à des ouvertures de postes » car le personnel n’est pas assez nombreux pour occuper les postes d’aiguillage donnant accès aux voies uniques peu fréquentées que veut emprunter Railcoop. Quand bien même les péages -les droits de circulation- sont assez élevés. Le gestionnaire du réseau ferré lui demande d’assumer le coût du recrutement de cheminots supplémentaires, mais « ils ne sont pas en mesure de nous garantir qu’on pourra vraiment circuler ».

D’où une question : faut-il retarder le lancement du Bordeaux-Lyon au changement des grilles horaires de décembre 2022 ? « On n’a pas de garantie non plus que SNCF Réseau sera alors en capacité de nous fournir des sillons de qualité », soupire Nicolas Debaisieux.

« En deux ans, on a su démontrer qu’on en voulait et on ne va pas lâcher », enchaîne-t-il aussitôt, soulignant -études marketing à la clef- que « la ligne est économiquement viable » avec des billets vendus au prix du covoiturage, soit environ 40 euros entre Bordeaux et Lyon. Railcoop estime ses coûts 25% inférieurs à ceux de la SNCF.

Railcoop évoque 8 autres lignes

Au-delà du Bordeaux-Lyon, la jeune compagnie a de grandes ambitions, et planche sur huit autres relations transversales à petite vitesse. Railcoop évoque pour la fin 2022 Toulouse-Limoges-Poitiers-Le Mans jusqu’à Caen ou Rennes-Saint-Brieuc; et Thionville-Metz-Nancy-Dijon jusqu’à Grenoble ou Lyon-Saint-Etienne. Elle a aussi notifié à l’Autorité de régulation des transports des liaisons telles que Brest-Nantes-Bordeaux, Nantes-Rennes-Caen-Rouen-Amiens-Lille, Annecy-Chambéry-Grenoble-Aix-Marseille ou la très longue Le Croisic-Nantes-Angers-Tours-Nevers-Dijon-Besançon-Mulhouse-Bâle.

« Le problème, c’est les sillons », pointe Nicolas Debaisieux. On y revient. « On sent qu’on répond à un besoin », plaide-t-il. « Notre objectif, c’est de venir compléter le service public existant. » Et de rappeler ce qui a conduit à la création de Railcoop par « des citoyens lambda ».

3,9 millions d’euros déjà levés

Pour le matériel roulant, Railcoop doit racheter d’occasion et réaménager neuf TER venus d’Auvergne-Rhône-Alpes. « On a réussi à trouver un point d’accord », se réjouit Nicolas Debaisieux, qui envisage pour la suite l’achat de trains neufs.

« On ne fonctionne que grâce à la confiance qu’ont les gens dans le projet », relève-t-il, notant que Railcoop a dépassé le cap des 10 000 sociétaires -particuliers, entreprises et collectivités- et collecté 3,9 millions d’euros. Des discussions sont en cours avec « des financeurs institutionnels » pour compléter. Pour l’heure, c’est du côté du transport de fret que Railcoop va faire ses premiers tours de roue.

La coopérative doit faire circuler des trains de marchandises à partir du 16 novembre entre Viviez-Decazeville, Capdenac (Aveyron) et la plateforme multimodale de Saint-Jory près de Toulouse, qui transporteront du chocolat, des fenêtres ou des pièces aéronautiques pour des PME du bassin de Figeac-Decazeville. « Il y a de quoi remplir les trains » qui devraient rapidement devenir quotidiens, assure Nicolas Debaisieux. Pour ce trajet, il a ses sillons.

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