Train : pourquoi le Pass Rail, voulu par Macron, est enterré
Le projet, qui avait accouché dans la douleur en 2024, ne sera pas reconduit cette année. Pourtant, le chef de l’Etat et le ministère des Transports voulaient en faire un projet phare, au-delà du public des jeunes.
Souvenez-vous. La France souhaitait prendre modèle sur l’Allemagne et son forfait train. Après de nombreuses tergiversations, le Pass Rail à la française a vu le jour en 2024. Mais pour commencer, il a été décidé de lancer le projet sur un périmètre limité. Le Pass Rail a permis aux jeunes de 16 à 27 ans, de découvrir la France en train durant l’été 2024, pour 49 euros par mois. Et ce, en TER et Intercités. 700 000 jeunes étaient ainsi éligibles au dispositif, qui a bien failli ne pas voir le jour.
Un succès mitigé
L’offre s’est terminée le 31 août 2024, rappelle l’appli SNCF Connect, qui représente les deux tiers des ventes de SNCF Voyageurs. Et pour cause, le train à volonté pour les jeunes ne sera pas reconduit cette année, ont révélé Les Echos. Une information que confirme le ministère des Transports.
L’abonnement n’a pas converti de nombreux Français au train, indique à L’Echo touristique Anne Pruvot, la directrice générale de SNCF Connect & Tech.
Autrement dit, ses acheteurs ont saisi l’opportunité d’un tarif attractif, alors même qu’ils avaient probablement déjà prévu de prendre le train, selon Anne Pruvot.
Economiser 15 millions d’euros
Le Pass Rail a été vendu à 230 000 exemplaires, ce qui correspond au tiers de l’objectif fixé par le gouvernement. « Pointés du doigt : la SNCF et les régions qui l’ont peu promu », soulignait après l’été le quotidien Le Monde.
Mais une autre raison justifie le niveau poussif des ventes : les réservations ont démarré le 5 juin 2024, très tardivement. A cette date, nombre de Français avaient déjà programmé leurs projets de vacances et d’escapades estivales…
Plusieurs régions avaient hésité à rejoindre le dispositif, l’Ile-de-France n’avaient pas embarqué. Le Pass Rail a coûté 15 millions d’euros l’an passé, financé à 80% par l’État et à 20% par les régions, autorités organisatrices pour les TER. Son abandon permet aussi et surtout d’éviter cette dépense, à l’heure où l’Etat cherche des économies.
Un projet promis par Macron
Pour mémoire, en septembre 2023, sur le plateau du journaliste et youtubeur HugoDécrypte, le président Emmanuel Macron s’était dit « favorable » à la création d’un pass illimité pour accéder au réseau ferroviaire national, sur le modèle allemand. « Toutes les régions qui sont prêtes à le faire avec l’État : banco », avait-il promis.
En ce printemps, la SNCF et le gouvernement ont d’autres priorités. A commencer par le choix d’un nouveau directeur général pour prendre la succession de Jean-Pierre Farandou.
Pendant ce temps, des régions poursuivent leurs propres initiatives tarifaires attractives, notamment en Occitanie et dans les Hauts-de-France.
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