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SNCF : le procès du drame de Brétigny-sur-Orge commence aujourd’hui

Le 12 juillet 2013, sept personnes mourraient dans le déraillement d’un train de la SNCF à Brétigny-sur-Orge. Le procès démarre aujourd’hui.

Le tribunal correctionnel doit, jusqu’au 17 juin, établir les responsabilités de chacun dans le déraillement d’un train Intercités en gare de Brétigny-sur-Orge, le 12 juillet 2013. Sont jugés le cadre qui a réalisé la dernière tournée de surveillance, SNCF Réseau (qui a succédé à Réseau ferré de France, gestionnaire des voies) et la Société nationale SNCF (héritière pénalement de SNCF Infra, chargée de la maintenance) pour « homicides involontaires » et « blessures involontaires ».

L’accusation reproche à SNCF Réseau « des fautes » ayant « conduit à l’absence de renouvellement anticipé » de la voie ou à « l’insuffisance des effectifs », ainsi que des défaillances « dans l’organisation, le contrôle et la réalisation des opérations de maintenance » à la Société nationale SNCF.

Le cheminot, lui, devra répondre d' »une appréciation fautive », celle d’avoir effectué « seul la dernière inspection des voies », avec une attention « manifestement insuffisante ». Ce jeune directeur de proximité, 24 ans au moment des faits, a assuré, tout au long de l’enquête, n’avoir détecté aucune anomalie lors de cette tournée réalisée huit jours avant le drame. Sollicités, leurs avocats n’ont pas souhaité s’exprimer avant les débats.

184 parties civiles

Le procès a constitué un défi d’organisation pour le tribunal, qui accueillera 184 parties civiles. Parmi elles, Adrien, 34 ans, compte assister à toutes les audiences et espère que « lumière soit faite sur l’état de la déliquescence des lignes » ferroviaires. Cet usager quotidien du RER C confie à l’AFP « ressasser tous les jours l’accident » dans lequel il a perdu sa grand-mère, fauchée sur le quai avec son conjoint alors qu’elle « partait en vacances ».

Avant le procès, les parties civiles sont partagées entre l’appréhension de « replonger dans un drame » et leur soif vitale de comprendre, explique Thierry Gomes, président de l’association « Entraide et défense des victimes de la catastrophe de Brétigny » (EDVCB).

« Ce procès sera une expérience pénible, très traumatisante », mais « j’ai besoin de savoir pourquoi mes parents sont morts, pourquoi ils ont été écrasés par ce train, pourquoi ce train a déraillé », détaille ce soixantenaire.

« On attend que la SNCF dise la vérité, que les acteurs aient une démarche à la hauteur des enjeux », dit aussi son avocat, Gérard Chemla, qui dénonce une « opération de mystification et de déresponsabilisation de la SNCF ». « Le procès va remettre les choses à plat », espère-t-il.

Vingt-cinq témoins et quatre experts sont cités pour éclaircir le drame.

Ce vendredi de juillet, il était 17h11 quand un train à destination de Limoges a déraillé à Brétigny-sur-Orge, une gare où circulaient quotidiennement quelque 400 convois.

Une éclisse en acier, sorte de grosse agrafe joignant deux rails, s’est retournée, faisant dérailler le train qui circulait à 137 km/h pour une vitesse maximale autorisée de 150 km/h.

Un dossier de 54 tomes

Pourquoi l’éclisse a-t-elle bougé ? L’accident était-il inéluctable ? Sept ans d’enquête ont donné lieu à une bataille d’expertises, résumée dans un dossier de 54 tomes. Toutes celles ordonnées par la justice étayent un processus lent de dégradation combiné à une surveillance défaillante des agents, tandis que celles mandatées par la SNCF soutiennent une rupture soudaine, indécelable.

Plus précisément, pour les experts mandatés par la justice, le train a déraillé à cause d’un désassemblage de l’éclisse, lié à une rupture « par fatigue » de boulons et à la propagation d’une fissure détectée en 2008 dans un coeur de traversée.

Toutefois, pour les experts engagés par la SNCF, l’assemblage incriminé peut avoir cédé brutalement à cause d’un défaut de l’acier : une hypothèse qui la dédouanerait mais qui a été écartée par les magistrats instructeurs. Dans leur ordonnance de renvoi, ces derniers ont souligné « les difficultés rencontrées » pour recueillir auprès de la SNCF des « documents essentiels permettant de retracer les opérations de maintenance ».

Ils ont aussi regretté que la majorité des agents ait été entendue, avant leurs auditions, par le service juridique de l’entreprise « pour y recevoir des consignes », selon les mots des juges. L’enquête avait été, par ailleurs, complexifiée par le vol de l’ordinateur du cheminot, ensuite retrouvé avec un disque dur vide.

De son côté, la SNCF avait assuré se sentir profondément « responsable de la vie de ses clients » par la voix de son patron Guillaume Pepy, et avait lancé, deux jours après le drame, une campagne nationale de contrôle qui n’a pas détecté de problèmes majeurs. Elle a aussi versé des indemnisations aux victimes, un total qu’elle évalue à 12 millions d’euros.

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