#FBT22 – Voyage : le métavers pour les nuls… selon Meta

Pour ceux qui vivraient dans une grotte depuis quelques mois, le groupe Facebook s’appelle désormais Meta. Un groupe estampillé « social media », qui englobe le réseau éponyme, mais aussi Instagram, WhatsApp et Messenger. Julien Lechat, en charge du Travel pour la France au sein de Meta, après vingtaine d’années chez Air France, a expliqué, lors du Future of business travel le 21 avril à Paris, le concept de métavers façon Meta.

« Au-delà du mot un peu trendy, le métavers a plusieurs définitions possibles. Nous le définissons comme l’ensemble de mondes virtuels dans lesquels on va pouvoir interagir avec des personnes virtuelles et réelles. » « Nous le considérons avec les réalités virtuelle et augmentée qui vont permettre de créer le nouveau chapitre d’Internet », ajoute-t-il. La réalité augmentée est déjà bien présente dans l’écosystème Meta, de manière ludique et anecdotique… « Sur Instagram, 82% des utilisateurs ont ajouté un filtre de réalité augmentée cette année. »

VR, AR et gamification

Les réalités virtuelle (VR) et augmentée (AR) n’ont pourtant rien de nouveau. Nous en parlons dans L’Echo depuis de nombreuses années… Facebook aurait-il tout simplement signé un coup marketing en changeant de nom en octobre 2021, et en nous abreuvant de métavers ? Julien Lechat ne partage pas du tout ce point de vue. Et il évoque une dimension toujours plus immersive, sociale et interactive.

« On vivra dans Internet comme on vit dans la vraie vie », assure-t-il, évoquant un web 3.0 « plus collaboratif et décentralisé ». Avec des technologies « comme la blockchain, les cryptomonnaies et les NFT » qui sont des œuvres d’art numériques vendues comme de vrais tableaux… Marriott est l’une des premières marques hôtelières à créer ses propres NFT. Norwegian Cruise Line lance sa première vente aux enchères de NFT (Non-Fungible Token), signées par le street-artiste Peeta. L’hôtelier Marriott s’est, lui, rapproché de trois artistes « numériques » afin de créer ses propres NFT… et du buzz.

Pas un seul, mais des métavers

Matthieu Deboeuf-Rouchon, Innovation Manager France au sein de Capgemini Engineering, parle de « mobilité immobile » : « On va pouvoir se mouvoir sans avoir se déplacer », a-t-il expliqué lors du Future Of. 

« Il reste encore beaucoup de choses à construire dans les 5 à 10 prochaines années, ajoute Julien Lechat. Et ce, pas seulement par Meta. Nous avons vocation à être l’un des acteurs de cette révolution. »

La planète digitale ne contient pas un métavers mais plusieurs. Horizon Worlds, c’est celui de Meta. Il y a aussi le jeu vidéo Roblox (dans lequel Paris Hilton a organisé un Réveillon de Noël !). Et l’autre jeu vidéo The Sandbox (créé en 2012) où CitizenM va construire un hôtel… « Ces univers devront être interopérables, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. » Pour que les avatars puissent se promener d’un univers à l’autre, ce qui n’est pas gagné dans un univers aussi concurrentiel.  

Plus concrètement, comment le métavers peut-il impacter l’univers du voyage ? L’ancien salarié d’Air France identifie trois champs d’application : l’univers du travail (réunions, formation), la préparation d’un voyage, la « transformation » du voyage.

Des Zooms revisités, et des « essais » de voyages

Avec des casques de réalité virtuelle par exemple, l’idée consiste à faire des réunions à travers un avatar, et de discuter avec ses collègues. « C’est le même usage qu’un Zoom mais avec un sentiment de présence et d’interactions beaucoup plus fort. » Dans le même esprit, il est possible d’imaginer des formations virtuelles (expérimentées par Hilton). Ou encore de grands événements digitaux comme une Fashion Week numérique. Un exemple qui a créé l’étonnement parmi certains professionnels du voyage présents du Future Of… « Le concept d’une soirée virtuelle peut sembler étrange. Mais pour les jeunes générations, il va devenir de plus en plus naturel », assure Julien Lechat.

Nous pourrons aussi à travers la réalité virtuelle et augmentée explorer les destinations, visiter des monuments, des hôtels, ou essayer des cabines d’avion et de train, poursuit-il. « Ce qui permettra de mieux préparer son voyage, et éviter de mauvaises surprises. » Pour Meta, qui commence à monétiser sa plateforme Horizon Worlds, il s’agit aussi d’enrichir l’expérience bien réelle d’un voyage. Un exemple ? Une visite de Berlin augmentée qui fait resurgir du passé le mur de Berlin ou un combat de gladiateurs au Colisée de Rome. Ce que proposent déjà, à leur façon, des sociétés françaises innovantes comme SkyBoy (réalité augmentée) et Emissive… 

*Pour mémoire, la réalité augmentée désigne « une interface virtuelle, en 2D ou en 3D, qui vient enrichir la réalité en y superposant des informations complémentaires », selon la définition de Futura Sciences. La réalité virtuelle, elle, est « une technologie qui permet de plonger une personne dans un monde artificiel créé numériquement ». Les jeux vidéos en sont une belle illustration. La réalité virtuelle suppose un casque ad hoc.