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Plan social de TUI France : « un véritable tsunami pour les salariés »

Représentante des agences intégrées TUI France (hors Lyon), Isalia Belbouab est une vendeuse confirmée du voyagiste. C’est avec une vive émotion qu’elle nous a accordé une interview, suite à l’annonce du plan social menaçant jusqu’à 583 des 904 employés.

L’Echo touristique : Comment avez-vous vécu l’annonce du plan social ?

Isalia Belbouab : Comme un véritable tsunami. Je le compare à une vague immense, que les salariés ont violemment reçue en pleine face. Nous redoutions des annonces très dures, mais pas un tel cataclysme. Même si nous savions que TUI France se portait mal depuis des années. Le problème de cette société, c’est que nous y sommes viscéralement attachés, surtout quand on cumule plusieurs années d’ancienneté. Moi, c’est un tiers de ma vie… Nous ne comprenons pas la décision de TUI Group de lâcher son réseau d’agences intégrées. C’est un gâchis. Nous disposons de très belles marques, de clients fidèles, malgré un important turn-over. Je crois fondamentalement en nos produits. Je voyage moi-même en famille avec le groupe, d’où ma connaissance de 60% des produits. Je compte d’ailleurs parmi les meilleures vendeuses de France, avec un CA annuel sur le dernier exercice de plus de 1,1 million d’euros (se terminant le 30 septembre 2019, NDLR).

Vous avez TUI chevillé au corps…

Isalia Belbouab : Oui. Vous savez, si je fais ce métier, c’est avant tout par passion, pas pour mon salaire. Je parle 7 langues, dont 5 écrites, lues, parlées. Mon métier m’a permis de voyager à travers la planète entière, et mes enfants ont voyagé avec moi. Un bon salaire ne peut pas remplacer l’opportunité de découvrir le monde. C’est un sentiment partagé par de nombreux collègues dans la profession.

Quel est votre parcours ?

Isalia Belbouab : C’est en août 2005 que j’ai rejoint le groupe, au sein d’une agence Nouvelles Frontières. C’était une reconversion professionnelle. J’ai travaillé au sein de plusieurs agences intégrées, et me suis immédiatement attachée à la marque, puis aux marques de l’entreprise. A l’âge de 41 ans, j’ai aujourd’hui 15 ans d’ancienneté, et suis représentante des agences intégrées de toute la France sauf Lyon. J’ai ainsi connu plusieurs directions et plans sociaux.

D’après nos informations, TUI Group aurait annoncé qu’il était prêt à soutenir les seules filiales performantes. Et qu’il acceptait de soutenir la filiale française si un plan social était mis en place. La liquidation de TUI France aurait été évoquée. Vous l’aviez envisagé ?

Isalia Belbouab : Je n’ai personnellement pas craint la liquidation. Mais je ne m’attendais pas à un plan social d’une telle ampleur. TUI est le numéro un mondial du voyage. Comment peut-il détruire sa filiale française ?

TUI France a essuyé des pertes de 115M€ en 2019 (pour un CA de 900M€), et de 99 millions d’euros en 2018. Comment est-ce possible ?

Isalia Belbouab : Vu le chiffre d’affaires que les vendeurs français rapportent au groupe, nous ne comprenons pas l’ampleur des pertes. Pour moi, c’est le résultat d’une mauvaise stratégie de la direction de TUI Goup en Allemagne. A chaque plan social ou plan de départs volontaires, une nouvelle stratégie a été imposée à TUI France, sans tenir compte des spécificités de notre marché. Nous avons dit et répété que la clientèle française était différente de la clientèle allemande et des autres filiales du groupe. Les grands dirigeants n’ont rien compris au tourisme, ils devraient faire une reconversion professionnelle !

Vous en voulez à la direction française ?

Isalia Belbouab : La direction française ne fait qu’exécuter les directives qui viennent d’en haut. Je lui en veux parce qu’elle nous a tout caché et nous a menti. Pourtant, nous avons été plus que loyaux. Depuis le 16 mars dernier, une cellule de crise a été mise en place pour répondre au téléphone et effectuer le suivi des dossiers en cours. Comme plusieurs chefs d’agences et vendeurs, je me suis portée volontaire (les autres salariés sont au chômage partiel, NDLR). Je n’ai jamais cessé de travailler. Nous n’avons pas compté nos heures. Nous avons affronté la colère de clients excédés par la situation créée par la crise sanitaire. Nous n’avons pas à être fiers de travailler dans les agences ou au siège de TUI, c’est TUI qui doit être fier de nous avoir comme salariés. Récemment, on nous a annoncé la réouverture d’agences. Nous n’avons toujours pas compris cette décision, puisque le groupe abandonne toutes ses agences intégrées.

Votre TUI Store, à Paris-La Défense, a rouvert ses portes ?

Isalia Belbouab : Oui, ma responsable d’agence a décidé de rouvrir, comme il l’était prévu. J’étais là, jeudi après-midi, pour cette réouverture. Je fais la part des choses. Etant maman isolée avec deux enfants à charge (17 ans et 10 ans), je ne peux absolument pas passer au chômage partiel. Je veux aussi répondre présent pour mes fidèles clients. Et j’ai besoin de comprendre ce qui se passe en agence, afin de mieux défendre ensuite mes collègues. Si je dois partir, je partirai à la fin, la tête haute et digne.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Isalia Belbouab : Je ne sais pas. Nous verrons les éventuelles conditions de reprise des agences – si des repreneurs se manifestent. C’est difficile de se projeter pour l’instant -même s’il le faut… Nous sommes toujours en apnée, submergés par ce tsunami. Avant que l’eau s’évacue, il faudra beaucoup de temps…

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2 commentaires
  1. Nicole Vallé dit

    J espère que la prime de départ sera descente et non un pourboire car il y a des employés qui ont 15 voir 20 ans de boîte respect à eux alors messieurs les financiers ne les jeter pas comme des malpropre merci

  2. Émilie dit

    Ex- salariée TC, je me revois 9 mois en arrière…😓
    Courage à tous les salaries TUI, le chemin est long et semé d’embûches…

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