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ÉDITORIAL. Réchauffement climatique : ne lavons pas trop vert

Peut-on encore voyager en avion ? C’est le titre du récent « manifeste d’Air France », publié dans différents médias. Et « la question que se posent beaucoup de personnes aujourd’hui », rappelle à raison la compagnie aérienne.

Notre maison brûle, en Australie comme aux pôles. Alors les voyageurs s’interrogent. Le « flight shame » (honte de prendre l’avion) risque-t-il de dissuader les citoyens de prendre les airs ? En Suède, où le mouvement est né, les chiffres interrogent. Au cours des sept premiers mois de l’année 2019, le trafic intérieur en Suède a reculé de 8%. Air France-KLM peut craindre un effet de contagion. « Nous estimons que l’impact réel (du flight shame, NDLR) en Suède est de -4% », soit à périmètre constant, reconnait Zoran Jelkic, directeur général France du groupe. « Nous suivons le sujet de très près. »

C’est pour cette raison, aussi, que le groupe redouble de « pédagogie » sur le sujet. Après des années de travail dans l’ombre sur le développement durable (DD), ou du moins dans la pénombre, les grands groupes du voyage et du transport sortent l’artillerie lourde en termes de communication. Pas une semaine sans un communiqué ou une conférence de presse estampillé « DD ». Mais attention à ne pas tomber dans les excès, dans le green washing qui lave un peu trop vert. L’une des armes fatales d’Air France et des compagnies de croisières, dans la communication green, c’est la compensation des émissions de CO2. Or là, il faut être irréprochable.

Reprenons l’exemple d’Air France. La compagnie rappelle dans son manifeste qu’elle compense à 100% les vols intérieurs. Et que les passagers, sur un vol long-courrier par exemple, peuvent s’engager avec elle à travers un projet de reforestation. Chiche. Nous avons recherché un billet AR Paris-Montréal. Dans les options, il est proposé de -je cite- « planter un arbre ». Quand on clique, une page invite à faire un don, pour soutenir des projets de reforestation avec l’association A Tree For You. Mais impossible de savoir le montant qui correspond à l’empreinte carbone du vol en question… Aucun élément d’information ni de lien ne permet de faire le calcul. L’UX est décevante. Il faudrait au contraire accompagner le client pour l’inciter à faire de la compensation volontaire. Comment ? En indiquant le montant requis, à ajouter dans le panier (voire en proposant un tarif compensation comprise). C’est ce que nous avions modestement suggéré à Anne Rigail, en septembre 2019. La directrice générale d’Air France était d’accord avec nous : « L’expérience doit être plus simple et compréhensible. » Pourtant, six mois plus tard, l’UX n’a pas changé. Le service presse promet l’intégration « très prochainement » du calcul des émissions de chaque vol, et l’affichage du montant à débourser pour les absorber. Face à l’urgence du sujet et des enjeux planétaires, pourquoi ne pas accélérer le pas ?

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