Philippe Gloaguen : « Dans ce film, l’idéologie du Routard est respectée »
Ce mercredi 2 avril sort au cinéma Le Routard, un film inspiré du célèbre guide. Philippe Gloaguen, son cofondateur, revient sur cette aventure insolite.
L’Echo touristique : Plus de 50 ans après sa création, le Routard va avoir son propre film. Racontez-nous la genèse du film ?
Philippe Gloaguen : Philippe Mechelen, le réalisateur du film, a travaillé avec Hachette (la maison d’édition du Routard, NDLR) sur le scénario du dernier Astérix. Cela s’est très bien passé et, au cours des discussions, il a évoqué son amour pour le Routard, un guide qui fait partie de sa vie depuis des dizaines d’années. Et il se trouve qu’il avait déjà un scénario. Nous avons été mis en contact, et j’ai accepté ce scénario.
Vous n’aviez jamais été approché auparavant ?
Philippe Gloaguen : J’ai reçu, auparavant, plusieurs scénarios. Je les ai tous trouvé ringards, caricaturaux et pas du tout réalistes. Le scénario du film qui sort en salle correspond, au contraire, à quelque chose d’assez vrai. Nous suivons les aventures d’un jeune qui a envie de parcourir le monde et qui se retrouve, comme tous les membres de la rédaction du Routard, à être payé pour voyager et se cultiver. Au-delà du voyage, ce sont, bien sûr, les rencontres qui vont rythmer son aventure.
Ce personnage est-il inspiré d’un vrai rédacteur du Routard ?
Philippe Gloaguen : C’est une comédie et Yann, notre personnage, commence mal l’aventure. Au début, il est un peu tricard, un peu menteur. Il prétend avoir parcouru le monde entier, ce qui est bien évidemment faux. Pour pallier à une absence de dernière minute, Christian Clavier, qui joue le rédacteur en chef du Routard, envoie Yann pour le tester à Marrakech. Il y vit la grande vie, avec des notes de frais faramineuses. Et les problèmes arrivent. Il devra notamment affronter Michel Blanc, qui joue le « grand méchant » de l’histoire, dans l’un de ses derniers films. Yann s’engage alors sur un chemin de rédemption. Et c’est ce qui fait le sel du film.
Voit-on Yann travailler à l’écriture du guide ?
Philippe Gloaguen : Bien sûr, et c’est ce qui m’a aussi plu dans ce scénario… même si nous l’avons retravaillé une vingtaine de fois ! Le film respecte l’idéologie du Routard. On ne se présente pas en tant que rédacteur du Routard, on règle chaque facture intégralement… Bref, le travail de mes collaborateurs n’est pas abîmé, bien au contraire. C’est un personnage ringard qui, grâce aux valeurs véhiculées par Le Routard, va devenir un type bien. Et puis Marrakech, une ville que j’adore, est mise en lumière de façon spectaculaire dans ce film, avec ses courses poursuites dans les souks, etc.
A quel point le film peut-il faire rayonner la marque Routard selon vous ?
Philippe Gloaguen : Pour être sincère, nous n’avons aucune attente particulière avec le film. Ça n’est pas nous qui l’avons voulu, alors nous l’avons pris comme une expérience très amusante. Je fais une petite apparition dans le film, mais aussi nos rédacteurs ou certains de nos vrais lecteurs. Surtout, je trouve qu’il met en valeur un guide comme jamais auparavant. Nous parlons d’un film avec un budget conséquent et des acteurs renommés qui sera distribué dans 500 salles dès demain. Quel honneur !
Cette expérience ne vous donne pas envie de lancer des guides vidéos ?
Philippe Gloaguen : Nous l’avons déjà fait, il y a une quinzaine d’années, avec France 2. Nous avions montré l’envers du décor dans une dizaine de destinations. Mais la logistique rendait difficile l’habituelle discrétion des rédacteurs du Routard, et le format était épuisant. De nos jours, il est devenu plus facile de filmer. Nous pourrions peut-être retenter quelque chose. Mais nous n’avons ni projet ni proposition.