P. Sangouard (Boomerang Voyages) : « Avec Eldorador, on devient le Netflix du club »
Le directeur général de Boomerang Voyages nous explique pourquoi le tour-opérateur lance une troisième marque de clubs au sein d’un marché qui semble parfois saturé.
L’Echo touristique : Boomerang Voyages vient d’annoncer l’ouverture de cinq clubs, sous la marque Eldorador. Avec Kappa et Coralia, ça ne fait pas trop ?
Philippe Sangouard : A vrai dire, c’est une question que nous nous sommes posés dès la création de Kappa Club. A l’époque déjà, les marques de clubs ne manquaient pas. Mais ce qui a fait le succès de Kappa, c’est son concept, totalement innovant, et largement copié depuis. Ce concept a fonctionné car nous avons choisi nos hôtels, formé nos personnels, etc… dans l’optique de répondre au cahier des charges spécifiques de Kappa. Nous avons procédé de la même façon avec Coralia, qui est une marque dédiée aux clients festifs et très actifs au sein même du club. Et puis, nous avons eu cette opportunité d’utiliser la marque Eldorador, qui fait partie du package Jet tours racheté par Directours. Et c’est là que nous avons constaté qu’il manquait au marché une thématique vraiment centrée sur le sport.
Le sport, c’est le cœur du concept de Club Eldorador ?
Philippe Sangouard : Notre objectif, c’est de proposer un accès à la pratique sportive que nous ne proposons pas chez Kappa ou chez Coralia, et dédier ainsi un concept à Eldorador. Nous voulons nous rapprocher du côté « pro » plutôt que du côté « loisirs », que l’on peut retrouver chez Coralia. L’idée, c’est que nos clients puissent pratiquer un sport pendant plusieurs heures, chaque jour, encadrés par des professionnels de la discipline. Par exemple, lorsque l’on propose l’Eldo Sport + « Beach Volley » à Cuba ou en République Dominicaine, on ne parle pas d’un animateur qui enfile un t-shirt pour organiser un match sur la plage. Il y aura des initiations, et des cours de perfectionnement en fonction des âges et des niveaux, pendant toute la semaine, avant le grand tournoi de la fin de semaine. Pareil pour le surf ou le kite-surf à Agadir : nos clients pourront pratiquer toute la semaine, encadrés par des professionnels. Notre idée, c’est de nous rapprocher, à notre niveau, de ce que fait le Club Med, qui est, à notre sens, la référence mondiale en la matière. Sans oublier de penser aux familles, le deuxième pilier des Clubs Eldorador.
Nous visons à terme, à la fin de l’année 2021, une quinzaine de clubs.
Comment mettre l’accent sur la famille dans un club, produit familial par excellence ?
Philippe Sangouard : En sélectionnant, par exemple, les chambres familiales et communicantes des hôtels dans lesquels nous installons un Club Eldorador. Nous avons également créé et séquencé différentes animations spécifiques à certaines tranches d’âge, avec un niveau de détail que nous n’atteignons pas chez Kappa et chez Coralia. Les plus petits pourront par exemple, en plus des animations habituelles, participer à deux veillées, ou inviter leurs parents au vernissage de leur exposition. Les adolescents, eux, s’affronteront dans une série d’épreuves inspirées d’émissions d’aventure, pour conclure ce fil rouge de leur séjour par l’incontournable soirée autour du feu de camp. Chacun de nos clubs Eldorador accueillera 15 à 20 animateurs pour prendre en charge toutes ces animations.
La marque Club Eldorador menace-t-elle la marque Club Coralia ?
Philippe Sangouard : Ce n’est pas du tout l’idée que nous avons en tête. Avec cette troisième marque, et donc ce troisième concept, nous sommes un peu comme le Netflix du club. Selon la typologie du client, son âge, son budget du moment, la période de la vie, … Chacun doit pouvoir trouver l’offre qui correspond à ses attentes dans nos trois marques. Certains de nos clients partent à deux avec Kappa l’hiver, et à quatre avec Coralia l’été. Les marques ne se marchent pas dessus. Coralia reste notre marque dédiée au club, tout simplement : elle doit proposer le prix le moins cher du marché. Kappa et Club Eldorador se ressemblent plus en termes de prix, mais proposent un concept et une typologie hôtelière totalement différents. Même s’il n’est pas impossible que certains Kappa Clubs deviennent des Clubs Eldorador, si on constate que la pratique sportive y est plus forte qu’ailleurs, et que l’hôtel remplit le cahier des charges d’Eldorador.
Quelles sont vos ambitions avec Club Eldorador ?
Philippe Sangouard : Il est vraiment difficile de se projeter, étant donné les incertitudes qui persistent liées à la crise sanitaire… Nous visons à terme, à la fin de l’année 2021, une quinzaine de clubs, avec de nouveaux sports. Nous démarrons avec cinq clubs, avec l’espoir de pouvoir les opérer dès le mois d’avril. En temps normal, nous serions satisfaits si, dès notre première saison, Club Eldorador séduisait entre 10 et 20 000 clients. Mais ça, c’est en adoptant le scénario le plus optimiste quant à la reprise des voyages. Mais nous avons bon espoir, notamment pour l’été. Le produit Club permet de maîtriser totalement les contraintes sanitaires qui seront sans doute exigées, et il semble parfaitement positionner pour la reprise.
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