Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

Olivier Meïer (Seine-Saint-Denis Tourisme) : « Les JO, c’est l’occasion de braquer les projecteurs sur autre chose que le Paris éternel »

Olivier Meïer veut capitaliser sur l’organisation des JO pour développer l’attractivité touristique de la Seine-Saint-Denis, et mettre en avant une autre facette du Grand Paris.

L’Echo touristique : Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 se tiendront, en partie, en Seine-Saint-Denis. C’est un événement majeur pour votre territoire ?

Olivier Meïer : Les Jeux Olympiques (JO) sont, en soi, le plus grand événement sportif et médiatique mondial. Forcément, les accueillir en Seine-Saint-Denis, c’est très important en termes de visitorat et d’exposition médiatique. Et c’est un événement qui a vocation à être une grande fête populaire et mobilisatrice. Il y a donc un aspect événementiel majeur pour notre département. Mais il y a aussi un autre élément qui est notable. La candidature de Paris s’est construite autour de valeurs qui promettent un retour à une forme de sobriété, de soutenabilité des infrastructures, avec l’objectif de valoriser le patrimoine aquatique francilien. C’est donc la promesse d’un héritage, et c’est une condition importante pour ceux qui accueillent les JO.

« Ces Jeux, c’est l’occasion de montrer que Paris et sa métropole sont jeunes, vivantes, solidaires, avec des espaces de convivialité, d’inventivité. »

Les JO représentent-ils également une opportunité, sur le plan touristique, pour la Seine-Saint-Denis ?

Olivier Meïer : C’est un sujet crucial pour nous, comme pour l’attractivité touristique de Paris. Ces jeux, c’est l’occasion de braquer les projecteurs sur autre chose que le Paris éternel, celui que le monde entier connaît. C’est l’occasion de montrer que Paris et sa métropole sont jeunes, vivantes, solidaires, avec des espaces de convivialité, d’inventivité. C’est l’occasion de montrer que Paris peut être une destination de slow tourisme, avec un tourisme à hauteur d’hommes, loin des lieux de concentration. Il faut convaincre les organisateurs, les institutionnels, les médias internationaux et les délégations sportives de regarder vers cet autre Paris, plus moderne, plus actuel. Ce sont de très bons travaux pratiques, en vue de l’application du schéma touristique du Grand Paris. Parce que l’exposition mondiale qu’aura la Seine-Saint-Denis et Paris pendant cet événement, on ne la connaîtra pas avant un siècle au moins. Nous ne pouvons pas nous rater.

Vous sentez un engouement populaire pour cet événement ?

Olivier Meïer : Pour le moment, nous avons plutôt quelques sujets d’inquiétudes. En ce moment, la Seine-Saint-Denis voit les effets concrets de cette candidature, avec la multiplication des chantiers, couplés, en plus, avec ceux du Grand Paris Express. Certains de nos territoires sont complètement bouchés. Mais si, dans deux ans, la fête est belle et qu’elle tient ses promesses, ça n’est pas un problème, au contraire : les jeux auront permis l’accélération de nombreux chantiers structurants pour le département. Mais nous avons été un peu refroidis par différentes annonces émanant des organisateurs. De nombreux événements majeurs, comme la cérémonie d’ouverture ou les épreuves de natation, ne se tiendront finalement pas dans le 93. Même les disciplines urbaines que sont le BMX, le basket 3 contre 3 ou le breakdance, qui s’intègreraient très bien dans la culture sportive du département, se tiennent à Paris. Donc nous continuons de croire que les JO peuvent être une grande fête populaire et mobilisatrice, mais nous interpellons les organisateurs sur le fait qu’ils doivent faire en sorte que la population locale s’empare de l’événement.

Quels seraient, selon vous, les leviers à activer ?

Olivier Meïer : Il ne faut pas enterrer certains projets, mis en sommeil par la pandémie. Par exemple, l’Olympiade culturelle Paris 2024 est un moyen d’éveiller cette ferveur populaire. Elle devait commencer dès la fin des Jeux Olympiques de Tokyo, mais la pandémie a gâché la fête. Désormais, le projet semble au point mort. En Seine-Saint-Denis, les acteurs de la culture sont des éléments essentiels pour la cohésion des territoires et pour la diffusion des pratiques artistiques et culturelles. Tous ces acteurs sont prêts et ont plein d’idées pour cette Olympiade culturelle, sur laquelle ils misaient vraiment. Mais ils ne sont pas sollicités, ne savent pas s’ils le seront, s’ils auront des moyens, quels seront leurs objectifs concrets… Il y a donc un vrai potentiel de ferveur populaire, mais il n’est pas acquis naturellement.

« Nous avons fais le choix de mettre en tourisme l’héritage en devenir de ces JO. »

Est-ce que Seine-Saint-Denis Tourisme a des moyens d’actions ?

Olivier Meïer : Au-delà de l’accompagnement naturel qu’on apporte à toutes les structures qui font vivre la culture dans le département, nous avons fais le choix de mettre en tourisme l’héritage en devenir de ces JO. Cet été, nous organiserons des visites de chantiers, des balades urbaines ou des croisières, tous consacrés aux aménagements qui sont en train de sortir de terre. En allant visiter ces futures infrastructures, nous allons arpenter un territoire, le déchiffrer, et comprendre ce que vont apporter ces sites olympiques en construction. Pour l’instant, les habitants voient surtout les nuisances quotidiennes apportés par ces chantiers d’ampleur. Nous devons aussi leur montrer que cet événement va avoir un impact positif sur le cadre et la qualité de leur vie. C’est un facteur important pour construire l’engouement populaire.

Que restera-t-il des JO, une fois les compétitions terminées ?

Olivier Meïer : Le projet prévoit la reconversion de nombreuses infrastructures. Le village des athlètes, par exemple, sera installé sur trois communes (Saint-Denis, Saint-Ouen-Sur-Seine et l’Île-Saint-Denis, NDLR). Il sera livré en deux phases : il accueillera, d’abord, les athlètes du monde entier avant de se transformer, plus tard, en éco-quartier (avec 2500 logements, une résidence étudiante, un hôtel, des commerces, des bureaux… NDLR). C’est un futur espace de vie qui sera splendide, avec une petite base nautique sur un bout de Seine, et un espace dédié aux cultures urbaines. Pour cette partie du département qui souffre d’un vrai déficit en équipements sportifs et culturels, ces infrastructures seront une réalité à l’issue des JO. Sur le volet aquatique, par exemple, la Seine-Saint-Denis est l’un des départements français les moins bien dotés de France, avec des répercussions concrètes sur la population. Après les jeux, de nombreuses piscines seront sorties de terre, participant ainsi à la réduction des inégalités entre ce territoire et d’autres.

A lire aussi :

Laisser votre commentaire (qui sera publié après moderation)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Dans la même rubrique