Nuisances sonores : Christian Estrosi met en demeure un hôtel 5 étoiles
Accusé de troubler la tranquillité du centre-ville, l’hôtel Anantara Plaza fait face à une mise en demeure du maire de Nice.
« J’avais l’impression d’avoir Rihanna dans mon salon. » Cette phrase, lancée par un habitant du centre-ville, illustre l’agacement croissant des riverains face aux nuisances sonores de l’Anantara Plaza, récemment ouvert avenue de Verdun.
Invité le 2 mai dernier sur BFM Nice Côte d’Azur, le maire (Horizons) a annoncé avoir mis en demeure l’établissement afin qu’il fasse cesser ces troubles. « Je suis scandalisé par la direction de l’Anantara. (…) Cela ne va pas durer », a-t-il déclaré, menaçant de sanctions lourdes en cas de récidive.
« Le bruit d’un train qui arrive en gare »
Depuis plusieurs mois, les habitants se plaignent de nuisances récurrentes. Musique forte sur le rooftop, bruit des équipements, bavardages du personnel dans la cour, les sources de gêne sont multiples.’ Il y a un limiteur qui fait 82 décibels. C’est le bruit d’un train qui arrive en gare. Et ça dure toute la soirée jusqu’à deux ou trois heures du matin », déplore Paul, membre d’un collectif anti-bruit. Certains assurent entendre le vacarme fenêtres closes, à travers les murs de leur appartement. Une situation qui, selon eux, est devenue intenable.
De son côté, la direction de l’Anantara affirme respecter le cadre légal. Son directeur général, Gauderic Harang, assure que la police municipale n’a jamais dressé de procès-verbal. » Il faut accepter le fait qu’on est en plein centre-ville. Nous-mêmes, depuis l’hôtel, nous entendons les concerts du Théâtre de verdure », répond-il.
Pour Christian Estrosi, cette situation est incompatible avec l’image de la ville. L’établissement, dit-il, devrait accueillir « de très belles clientèles » venues pour les grands événements internationaux comme l’UNOC (Conférence des Nations Unies sur l’Océan, du 9 au 13 juin). « Je ne pense pas que les participants aient envie de séjourner dans un tel lieu s’ils en connaissent les pratiques », prévient-il.
Les élections municipales en ligne de mire
Cette fermeté affichée survient quelques mois après un recul du maire sur un autre sujet sensible. Celui lié à l’interdiction des escales de grands bateaux de croisière dans la métropole. Face à la fronde des élus locaux et des acteurs économiques, Christian Estrosi avait finalement opté pour une limitation partielle. Une séquence qui n’a pas échappé aux observateurs, d’autant que les nuisances touristiques, qu’elles soient maritimes ou urbaines, deviennent un sujet de plus en plus clivant sur la Côte d’Azur.
L’affaire de l’Anantara pourrait désormais prendre une tournure judiciaire. Si les faits sont confirmés, l’hôtel risque d’être condamné sous astreinte à faire cesser les troubles. Mais également à verser des dommages et intérêts, voire à couvrir les frais de justice.
Christian Estrosi appelle l’Etat à soutenir ses démarches : « C’est une responsabilité partagée. Il faut que les mises en demeure soient suivies d’effets. » En toile de fond, c’est bien l’équilibre entre attractivité touristique et qualité de vie des habitants que l’élu cherche à défendre. Rappelons aussi que les prochaines élections municipales doivent se tenir en mars prochain.