APST : « Nous sommes en capacité d’affronter un nouveau Thomas Cook »
La faillite de Thomas Cook a failli coûter la vie à l’APST, son garant financier. Cinq ans plus tard, l’organisme s’est refait une santé, explique à L’Echo touristique son président Mumtaz Teker.
L’Echo touristique : L’association professionnelle de solidarité du tourisme (APST) a-t-elle terminé de rembourser des clients lésés par la faillite de FTI Voyages ?
Mumtaz Teker : La grande majorité des clients de FTI Voyages sont désormais remboursés. Nous avions des contre-garanties que nous ferons marcher. Comme prévu, ce n’est pas un gros sinistre pour nous : pas plus de 300 000 euros, selon nos estimations.
Comment se présente l’année 2025 pour l’APST ?
Mumtaz Teker : Nous n’avons pas eu de sinistres importants pour l’instant. Mais en 2025, nous sommes sur nos gardes. Les ventes ralentissent depuis un mois chez de nombreux acteurs. Je pense qu’il ne devrait pas se produire beaucoup de défaillances au niveau des TO. Mais de petites agences de voyages ferment. Certaines le font sans faire de dégâts. D’autres avec des dégâts. Nous sommes là pour faire face et assumer les conséquences.
Thomas Cook a failli coûter la vie à l’association, qui fête ses 60 ans. Cinq ans plus tard, quelle est votre situation financière, notamment au niveau de la trésorerie ?
Mumtaz Teker : Notre trésorerie est proche de 53 millions d’euros. C’est du jamais vu à l’APST. Nous sommes en capacité d’affronter un nouveau Thomas Cook.
Vous seriez en mesure d’absorber une faillite comparable à Thomas Cook malgré l’achat du bâtiment où a emménagé le siège social, rue de la Boétie à Paris ?
Mumtaz Teker : Absolument. Nous avons acheté la moitié du siège cash, l’autre moitié à crédit. Malgré l’achat, notre trésorerie se monte à environ 53 millions d’euros.
La société Xplore a été condamnée par la justice à la suite d’une plainte des Entreprises du Voyage, parce qu’elle exerçait sans immatriculation. Son dirigeant dénonce « le système opaque de la garantie financière », qu’il estime verrouillé, et « le rôle central joué par les EdV et l’APST dans son administration ». Que lui répondez-vous ?
Mumtaz Teker : C’est n’importe quoi ! L’APST rassemble 3400 adhérents. Nos comités sont gérés par nos administrateurs. Chaque mois, nous admettons ainsi une trentaine de candidatures et nous en refusons deux à trois. Nous examinons attentivement les dossiers, qu’il s’agisse de nouvelles candidatures ou de renouvellements. Or certains dossiers sont farfelus. Et nous ne sommes pas là pour faire prendre des risques à nos adhérents qui nous mandatent.
La faillite d’Univairmer représente un sinistre majeur pour votre concurrent Groupama ? Qu’en retenez-vous en tant que professionnel du voyage ?
Mumtaz Teker : L’APST n’est effectivement pas concernée. En revanche, j’ai suivi le dossier au cours des derniers mois en tant que « petit » actionnaire. J’avais initialement 2% à 3% du capital d’Univairmer. Mes parts ont ensuite été diluées lors des augmentations de capital auxquelles je n’ai pas participé. Tous les actionnaires, nous étions furieux, puisque les anciens dirigeants n’ont pas respecté leurs engagements au niveau de l’augmentation de capital : ils ont versé trois millions d’euros puis les ont repris. Boris Reibenberg (le président de Xplorassur, Ndlr) va passer à l’action avec un avocat, au nom des anciens actionnaires TO. Il mène l’opération et ne va pas lâcher l’affaire. Je suis solidaire de cette action. L’affaire va maintenant être dans les mains de la justice. Une partie des TO, comme Kuoni, ont de surcroît essuyé des ardoises pour leurs clients. Ce n’est pas le cas de mon entreprise (Pacha Tours) : je n’avais pas de lien commercial avec le réseau.
APST : évolution des capitaux propres et de la trésorerie
Capitaux propres :
- 2019 : – 11,2M€ (au 31/12)
- 2020 : -6,7M€
- 2021 : + 7,6M€
- 2022 : + 11,9M€
- 2023 : + 19,1M€
- 2024 : + de 31M€ de capitaux propres
Au 30 juin 2019, soit avant la faillite de Thomas Cook, les capitaux propres étaient à +28 M€ et la trésorerie de 21M€, selon Emmanuel Toromanof, secrétaire général de l’APST. La vente de l’ancien siège 15 avenue Carnot a fortement contribué au redressement de l’association, sans aide financière de l’Etat.
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