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Lionel Guérin : « Les aéroports sont de véritables refuges pour la biodiversité »

Qui l’eût cru ? Les aéroports sont des réservoirs du vivant, selon l’association Aéro Biodiversité.

Aéro Biodiversité est née d’un constat, d’une observation empirique. « Je suis pilote amateur et lors de mes vols j’avais le sentiment que les terrains d’aviation accueillaient une faune et une flore importantes », explique Lionel Guérin, le président de la compagnie de Hop!, filiale d’Air France. Avec d’autres passionnés de la nature comme lui, également issus du monde de l’aviation, il décide d’en avoir le cœur net. Pour être sûr de faire un travail scientifique de qualité, il se rapproche de François Bouvier, attaché honoraire au Museum national d’Histoire Naturelle.

François Bouvier est convaincu par le projet et devient président du comité scientifique d’Aéro Biodiversité. Désormais, depuis 2013, l’association dresse tous les ans une photographie des écosystèmes présents sur les terrains d’aviation.

Tout repose sur la science participative. Concrètement, ce sont des observations et un recensement sur le terrain, à une période donnée et inchangée, de la faune et de la flore sur le site. « Nous considérons que notre travail s’exprime autant par la rédaction de nos rapports (…) que par la pédagogie et les explications que nous pouvons réaliser lors de chacun de nos passages sur les terrains », explique l’association.

Une biodiversité insoupçonnée

« Il faut comprendre que les aéroports et les aérodromes en France représentent 50 000 hectares. Soit cinq fois la superficie de Paris, explique Lionel Guérin. Or ces plaines ont un intérêt double. Non seulement il n’y en a plus beaucoup, car elles sont vite occupées par de l’élevage, de l’industrie ou de l’immobilier. Mais en plus ces plaines ne sont pas traitées. Il n’y a pas d’intrant chimique sur ces parcelles. » Rappelons qu’en France l’artificialisation des sols progresse de 24 000 hectares par an.

Difficile donc à croire, à l’heure où l’aérien est souvent considéré comme une véritable plaie pour l’environnement, mais les terrains d’aviation « sont de véritables refuges pour la biodiversité et les espèces qui vivent dans les plaines », souligne Lionel Guérin.

Jugez plutôt. Depuis sa naissance, l’association a pu réaliser plus de 9 000 observations d’invertébrés, recenser plus de 1 400 espèces de plantes, observer plus de 260 espèces d’oiseaux, enregistrer avec certitude près de 30 espèces de chiroptères, voire une vingtaine d’espèces de reptiles et une quinzaine d’espèces d’amphibiens. Vingt-quatre espèces de chauves-souris sur 35 présentes en France le sont sur une plaine d’un aéroport. Tout comme 45 espèces d’orchidées sur environ 160. Des moineaux friquets, espèce quasiment disparue d’Ile-de-France ont même été observés à Orly.

Un nouveau label 

Après quelques mois de flottement, l’association désormais dirigée par Hélène Abraham est sur de nouveaux rails. Deux saisonnières ont été recrutées en CDI ainsi que deux coordinateurs. Avec une équipe de quatre permanents, l’association peut mener ses travaux avec des professionnels aguerris. En 2022, plus de 50 terrains seront parcourus par les équipes de naturalistes professionnels en France métropolitaine et en Outre-mer d’Aéro Biodiversité.

Par ailleurs, fin 2020 et courant 2021, les équipes d’Aéro Biodiversité, en étroite collaboration avec le comité scientifique, ont travaillé à l’élaboration d’un label afin de valoriser le travail et l’engagement des aéroports inscrits dans la démarche Aéro Biodiversité. C’est ainsi qu’a été créé le label « aérobio ».

Ce dernier a été testé sur trois aéroports partenaires en 2021, afin d’ajuster les différents critères d’évaluation et sera proposé plus largement en 2022. Les quatre piliers du label sont « connaître et améliorer la biodiversité, l’investissement local du personnel, communiquer et promouvoir la biodiversité, l’ancrage dans le territoire », précise Lionel Guérin.

Voilà donc une bien belle initiative que mènent plusieurs acteurs de l’aérien. « Un hectare de prairies peut capter autant de carbone qu’un hectare de forêt. La diversité de la vie, c’est la diversité génétique qui permet la vie sur terre, ne l’oublions pas » conclu le dirigeant.

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