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Les stations françaises cherchent de nouvelles pistes

Y aura-t-il, encore, de la neige à Noël ? Les changements climatiques annoncés et la concurrence européenne incitent les stations à innover. Plus authentique, plus variée, plus accueillante… Et si la montagne était en train de se retrouver ?

Quel tourisme en montagne demain ? Le sujet des Entretiens de la montagne, organisés en septembre par Odit France et la Direction des études et de l’aménagement touristique de la montagne (DEATM) en dit long sur les préoccupations des professionnels de la montagne. Pendant 30 ans, les stations ont connu une progression à deux chiffres de leur fréquentation. Mais au début des années 1990, la neige a déserté pistes et sommets. Elle est revenue depuis, mais la sérénité a disparu, explique Alain Boulogne, maire des Gets (Haute-Savoie) et chargé de mission Montagne au Comité régional du tourisme Rhône-Alpes.

Si l’angoisse des années noires s’est un peu calmée avec le bon enneigement de ces derniers hivers, les professionnels s’interrogent sur les conséquences du réchauffement de la planète. Selon une étude réalisée en 2006 par Tourisme Environnement Conseil pour le compte du ministère du Tourisme, 2°C de plus reviendrait à soustraire un mois complet d’enneigement sous 1 800 m d’altitude. Et une station sur deux serait touchée ! Les opérateurs en montagne travaillent tous sur un modèle économique à 20 ans. C’est l’échéance de cet éventuel réchauffement de la planète et nous verrons d’ici là s’il faut changer notre fusil d’épaule. En attendant, grâce au travail réalisé sur les pistes et à l’enneigement artificiel, on a besoin de moins de neige pour skier, se félicite Jean-Yves Remy, PDG du groupe Rémy Loisirs, qui a investi dans les remontées mécaniques et l’immobilier dans des stations moyennes.

Une bonne gestion des investissements en montagne constitue désormais une préoccupation essentielle. Exception faite du domaine des Sybelles en Maurienne (plus de 75 ME investis en cinq ans pour relier six stations), les principaux investissements des sociétés de remontées mécaniques – 156 ME cette année – sont consacrés à l’amélioration des pistes et à l’acheminement des skieurs de manière confortable : les télésièges remplacent les téléskis et leur rapidité permet de limiter les queues en départ de piste. Le développement à tout crin des domaines skiables n’est donc plus d’actualité et les sociétés qui les exploitent semblent plus sensibles à la protection de l’environnement, en réduisant les pylônes ou en entamant des démarches Qualité.

Sensibiliser les propriétaires

Leurs partenaires immobiliers demeurent en revanche très offensifs. D’où l’inquiétude de certains professionnels, tel Christophe Poirier, chargé de mission au syndicat du Pays de Maurienne. Cette poussée de l’immobilier peut rapidement modifier un territoire : les capitaux investis sont rarement locaux et le rôle joué par les habitants est très relatif. Depuis que la neige a fait son grand retour sur les sommets, les aménageurs ont en effet investi à tour de bras, attirés par les aides financières et le régime fiscal dérogatoire appliqué aux zones de revitalisation rurales (ZRR), qui concernent de nombreux territoires en montagne. En Maurienne, par exemple, la création des Sybelles a fait doubler le nombre de lits en moins de deux ans. Nous avons déjà construit 8 000 lits et nous devrions garder le rythme de 1 500 lits supplémentaires par saison pendant encore quatre à cinq ans.

Principal investisseur sur le site, Gaston Maulin se félicite d’avoir permis le maintien d’une activité dans cette zone en voie de désertification. Aujourd’hui, le projet est une réussite et les résidences de tourisme se remplissent. Mais qu’en sera-t-il demain, lorsque le bail de neuf ans qui oblige les propriétaires à louer leur appartement viendra à échéance ? Un tiers de l’offre peut devenir ce que les Suisses appellent des « lits froids », des appartements qui ne sont plus commercialisés et deviennent des résidences secondaires.

Au sein de Sybelles Promotion, une personne est donc chargée de sensibiliser les propriétaires pour qu’ils continuent à louer leur appartement, et si possible le moderniser. Si ces appartements locatifs passent au statut de résidence secondaire, nous aurons alors bientôt sous les yeux les premières friches touristiques ! s’insurge Alain Boulogne, favorable à une démolition des structures construites il y a 40 ans. Pour lui, cette politique serait une solution idéale permettant d’effacer une architecture bétonnée, tout en maîtrisant l’offre.

Dans cette logique de démolition, les Ménuires donnent l’exemple : la station s’apprête à mettre à terre le club de vacances Les Clarines, construit en 1968, afin d’y reconstruire un programme de chalets MGM Constructeurs, commercialisés dès l’hiver 2007 par sa filiale CGH. Déjà en 2004, les Ménuires avait démoli le premier immeuble édifié en 1963 pour le remplacer par une résidence de chalets 4b, gérée par VVF. Ce type d’opération est très difficile à réaliser car il faut que l’immeuble à démolir appartienne à un seul propriétaire. Avec 50 ou 100 interlocuteurs, c’est impossible, précise la directrice de l’office du tourisme, Régine Jay-Grillot. Moins difficile, la rénovation des résidences vieillissantes qui se généralise ces dernières années, permet, elle aussi, de limiter la construction de nouveaux programmes. Le groupe Transmontagne a ainsi désossé l’ancien centre de Bachat-Bouloud à Chamrousse pour le réaménager en résidences 3b avec piscine.

Chez les grands hébergeurs, l’opération classique consiste à rénover pour monter en gamme et offrir des surfaces plus grandes. Après Val-d’Isère et Aime La Plagne l’hiver dernier, le Club Méditerranée vient ainsi de relooker La Plagne 2100, pour 9,5 ME. Le club est du coup passé en 4 tridents. De son côté, le groupe Pierre & Vacances multiplie les rénovations, avec des opérations touchant quatre résidences Pierre & Vacances et six Maeva, mais aussi trois hôtels Latitudes à Val d’Isère, aux Arcs et aux Ménuires. Intégrées au groupe depuis 2003, 11 résidences MGM misent sur le bien-être. Cet hiver, six seront équipées de Spa by Algotherm à base d’actifs marins. Même souci de qualité chez Lagrange Patrimoine, qui ouvre cinq résidences avec piscine. Monter en gamme est une tendance européenne. Mais on assiste à une saturation du marché sur ce créneau. N’oublions pas qu’il ne représente que 10 % de l’offre montagne, commente Gérard Brémond, PDG du groupe Pierre & Vacances.

La France plus chère que ses voisins

Malgré leur excellent taux de remplissage, cette poussée des résidences 4b a peu d’impact sur les chiffres globaux de fréquentation, qui stagnent. Au cours de l’hiver 2005-2006, la clientèle française a même baissé, à 56,4 millions de nuitées contre 59,3 millions un an plus tôt. Cette érosion du marché français, due sans doute à sa maturité, incite les stations à partir à la conquête de la clientèle étrangère.

Mais les handicaps subsistent : selon une étude d’Odit France sur le positionnement de l’offre française des sports d’hiver réalisée l’an dernier, l’hébergement français est beaucoup plus cher que chez ses concurrents européens : -46 % pour un appartement deux personnes en Suisse, -63 % pour un hôtel 3b autrichien ! Heureusement pour la France, la clientèle étrangère aime les grands domaines. Depuis sa création en 2003, la liaison Paradiski entre La Plagne, Les Arcs et Peisey-Vallandry a fait grimper le nombre de skieurs étrangers de 20 %. Nous voulons devenir le domaine des grands skieurs, assure Loreline Chopard, responsable de la communication.

Bien dans ses après-ski

Ce positionnement 100 % ski prend le contre-pied des autres stations, plus attentives aux changements de comportement de la clientèle. Moins portée sur le ski à outrance, celle-ci veut bénéficier d’un environnement de qualité et profiter d’un maximum d’activités pour l’après-ski. Les stations ont donc multiplié les services pour faciliter la vie du skieur : réservation sur Internet du Skipass à la Plagne, hôtesses sur les pistes à Megève, bulletins météo disponibles via les webcams dans les Hautes-Alpes, co-voiturage pour rejoindre les stations des Trois Vallées grâce au site Web du domaine…

Le ski ne suffit plus ? Place aux centres thermo et aqualudiques dédiés à la détente. Le plus grand, un complexe de 4 000 m2 baptisé les Grands Bains, sera inauguré à Serre-Chevalier pour Noël 2007. Très tendance, le développement durable trouve également ses marques : Avoriaz utilise des scooters électriques, Courchevel installe des collecteurs de mégots aux pieds de certains pylônes des remontées mécaniques… Ces nouvelles exigences du client neige se retrouvent dans le concept d’Arc 1950, un village fabriqué de toutes pièces, qui comptera, à terme, sept résidences 4b, soit 3 500 lits. Ses habitants peuvent y vivre une semaine en circuit fermé dans un environnement sécurisé. Des matériaux nobles, des voitures cachées dans le parking souterrain, un service hôtelier en option, des commerces de proximité et un domaine immense accessible skis aux pieds… autant d’atouts qui nous permettent de remplir à 80 %, se réjouit Jean-Marc Silva, directeur de la station. Preuve du succès, Intrawest, le promoteur immobilier canadien d’Arc 1950, ne compte pas en rester là avec des projets à Flaine et à Arc 1800 concernant 560 et 300 appartements. En version club de vacances, le nouveau village du Club Med à Peisey-Vallandry, avec Spa, matériaux naturels et chambres modulables, correspond à ces nouvelles attentes.

Soucieuses de mieux coller au marché, les stations veulent aussi donner plus d’envergure à leur promotion et à leur commercialisation. Depuis plusieurs saisons, les professionnels se regroupent. Donnant l’exemple, France Montagnes rassemble trois structures de promotion et deux syndicats professionnels : Ski France, PAM, Ski France International, le SNTF (remontées mécaniques) et le SNMSF (moniteurs de ski). Son but est de promouvoir les montagnes françaises, avec un budget de 3,4 ME en 2006. Cet hiver, nous menons campagne sur le Net mais aussi en presse magazine et gratuite, sans oublier la publicité à la télévision en France, Belgique, Pays-Bas et Allemagne, précise son président Daniel Blanc-Tailleur.

De son côté, l’entité Savoie-Mont-Blanc Tourisme, créée en mars, regroupe les destinations de Savoie et Haute-Savoie. Menée par Rémy Charmetant, elle fonctionne comme une marque. Nous avons fait une enquête grand public pour définir le nom. La Savoie fait référence aux racines historiques, et le Mont-Blanc est le site le plus emblématique des montagnes françaises. Un plan marketing sur cinq ans, accompagné d’une grande campagne sur le marché fr

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