[L’ÉDITO DE LINDA] Congrès Selectour, peut mieux faire
Le congrès Selectour a réuni un record de participants cette année. Aussi populaire soit-il, ce méga-événement de la profession a une grande faiblesse.
Quel est le bilan du récent congrès Selectour à Doha, au Qatar ? Du business et du show business comme résume si bien Laurent Abitbol, le président du directoire du réseau volontaire.
Encore cette année, l’événement a réuni des intervenants de qualité, qu’ils soient pros du voyage (agences et partenaires) ou speakers « people » : Florent Manaudou, Roselyne Bachelot, Cyril Lignac.
C’est un rendez-vous annuel qui permet des échanges intéressants avec les participants, et de mieux comprendre les enjeux de l’industrie lors des plénières. François-Xavier Izenic a encore excellé dans l’animation, l’équipe de Selectour dans l’organisation. Mais là s’arrêtent les éloges.
Dissonance cognitives et paradoxes.
Je m’explique. En plénière, Selectour a fait un point d’étape sur les achats responsables. Le réseau travaille d’ailleurs sur un livre blanc sur la RSE dans le voyage d’affaires, avec Positive Company. Démarche, sur le fond, très intéressante. Toutefois, organiser un congrès en Jordanie (2023), au Qatar (2024) et en Afrique du Sud (2025), est-ce la démonstration d’un achat responsable à l’heure du dérèglement climatique ? Est-ce une bonne pratique, quand on clame sur scène une stratégie « d’achats responsables » ?
Il y a clairement, là, une dissonance cognitive et des paradoxes. Laurent Abitbol était fier d’avoir réuni un nombre record de 634 participants. Sauf qu’en termes de bilan carbone, ce n’est franchement pas glorieux – près de 1000 tonnes de CO2, selon le calculateur de l’Ademe. Sans parler du fait que le choix même du Qatar interroge certains observateurs.
Pour autant, stopper tout congrès à l’international serait à mon sens absurde. Voyager à l’étranger, s’ouvrir à d’autres cultures, me semble indispensable. Notamment dans l’écosystème des agences et des voyagistes. Mais choisir une destination lointaine trois années de suite questionne. Rester en France une fois sur deux ou sur trois présenterait au moins deux vertus : participer à l’effort collectif de décarbonation, et promouvoir la destination France que certaines agences veulent développer.
Dans le choix d’une destination, le critère économique ne peut pas être la seule boussole, surtout quand la RSE devient aussi importante.
Alors oui, organiser un congrès à Lyon – comme l’a fait Selectour en 2017 – peut être aussi cher qu’à Doha. Les destinations étrangères aux fortes ambitions touristiques peuvent se montrer généreuses à l’égard des acteurs de l’industrie. Toutefois, le critère économique ne peut pas être la seule boussole, surtout quand la RSE devient aussi importante dans la vie des entreprises, et constitue un facteur d’attractivité auprès des jeunes générations.
D’autres choix sont possibles. Manor a bien organisé son congrès à Cannes. Les Entreprises du Voyage, le leur à Val d’Isère cette année. Les Acteurs du tourisme durable à Bordeaux. Et au retour de ces événements, les congressistes se montrent d’ailleurs pleinement satisfaits.
Linda Lainé, rédactrice en chef
@Linda_Laine
Mon seigneur Laurent souhaiterait il que notre amie Linda s’abstienne de dire ce qu’elle pense parce qu’elle a participé au voyage et parce qu’elle vit indirectement du tourisme ? Linda a émis un avis et nous lui devons le respect. A chacun d’apprécier cet avis sans qu’on ait besoin de l’agresser.
Article de fond intéressant et argumentaire louable , réponse de Selectour inversement proportionnelle équilibrée et respectable vu le contexte de son activité .
Donc 1 partout et balle au centre. Prochain congrès dans la lune ? 😉
Chère Linda,
Chez Selectour, nous assumons pleinement notre rôle de promoteur du tourisme international.
Oui, cela implique parfois des déplacements en avion (que nous partageons en ta compagnie 😉), mais c’est un choix incontournable pour faire découvrir à nos adhérents et partenaires des destinations diversifiées et exceptionnelles.
N’oublions pas que notre métier, et indirectement le tiens 😊, consiste à faire voyager nos clients.
Nous sommes conscients des enjeux environnementaux et travaillons activement à minimiser notre empreinte, tout en assurant une expérience enrichissante pour nos voyageurs.
L’avenir du tourisme est responsable, et nous y contribuons à travers des actions concrètes et mesurables.