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L’édito de Dominique Gobert : Iata ? Autisme à l’état pur !

Alors que l’industrie du tourisme lutte pour sa survie, Iata fait toujours la sourde oreille. Une situation insupportable, souligne notre éditorialiste Dominique Gobert.

Assez. C’est insupportable. Toute l’industrie du tourisme est sinistrée, exsangue. Sans vergogne aucune, cette hydre qu’est l’association du transport aérien international (Iata), le monstre créé par les compagnies aériennes qui n’ont plus aucune emprise sur elle, n’a aucun scrupule. Moi d’abord. Et tant pis pour ceux qui vont mourir !

Nicolas Brumelot, patron de Misterfly, troisième plus gros contributeur au BSP France, s’est élevé déjà la semaine dernière contre la procédure BSP de Iata, laquelle, billets volés ou pas, annulés ou pas, ne veut rien entendre vis-à-vis des distributeurs : payez ce que vous avez émis, on remboursera… ou pas, selon et plus tard.

En clair, alors que dans ce cas présent, le remboursement pour annulation de vol par la compagnie tient d’un processus automatique et parfaitement prévu, IATA exige un processus « manuel » et quasi au cas par cas ! C’est odieux, parce que c’est encore une fois le gros monstre qui veut et entend imposer une décision unilatérale, sans aucune concertation et dans la plus grande opacité.

Pas de BSP négatif. Vraiment ?

Alexandre Begougne de Juniac, directeur général de Iata, ancien patron d’Air France avec le brillant succès qu’on lui connaît, contrairement à ce que j’ai lu auprès de certains de ses défenseurs, n’est pas innocent dans cette décision. D’ailleurs, à quoi servirait-il autrement ?

Toutes les entreprises du tourisme voient leur trésorerie fondre à vue d’œil. Normal, il n’y a plus de trafic. Encore que, pour bon nombre de compagnies aériennes, le trafic « fret » se porte encore pas si mal, du moins pour l’instant. Je remarque d’ailleurs au passage que Begougne de Juniac, pour justifier sa décision, si tant est qu’elle puisse l’être, se répandait en indiquant que les compagnies avaient « des coûts à couvrir dont le remboursement des passagers » ! Et ta sœur ?

Brumelot a raison et pourtant, afin d’être « réglo », a payé plus de 9 millions d’euros à la dernière échéance de mars du BSP. En prévenant tout de même que Iata/BSP allait devoir plus de 20 millions d’euros à sa société. Mais il parait, selon le BAR, que le BSP négatif, ça n’existe pas. Ben si, la preuve.

Les « petits » coincés

Mais, bien évidemment, les distributeurs, voyagistes et autres « petits » face à Iata, sont inexorablement coincés : si défaillance de leur part vis-à-vis du BSP, éviction quasi immédiate, donc plus d’accès au dossier et circulez, il n’y aura plus rien à voir. Et même si cette attitude est parfaitement illégale, le temps de récupérer un agrément, après la reprise….

Les Entreprises du Voyage (EdV) ont mis en demeure Iata de « retirer des relevés payés le 31 mars, l’ensemble des billets non volés dont le remboursement est rendu impossible » et, à la limite, la mise sous séquestre des sommes correspondantes ! Begougne de Juniac n’a même pas répondu. La Commission européenne non plus.

Et pourtant certaines compagnies remboursent les agences, telle Ryanair par exemple, tandis qu’easyJet… joue les prolongations ! Et puis, certains États, tels la Norvège, injectent de la « tréso » dans leurs compagnies. Une bouffée d’oxygène pour Norwegian. Outre-Atlantique, ce sont près de 50 milliards de dollars qui ont été « prêtés » aux transporteurs…

Chez nous, il est clair qu’Air France sera « épaulée » par son actionnaire minoritaire. Qu’en sera-t-il pour Corsair, pour La Compagnie, pour les quelques petites du pavillon français. Quant à Air Caraïbes, même si Dubreuil estime qu’il « n’a besoin de rien » et surtout pas d’une aide de l’Etat, c’est qu’il doit être blindé de chez blindé. Mais jusqu’à quand ?

Une pluie d’insultes sur les agences

Enfin, je pense à tous ces agents de voyages, confinés parfois dans des conditions pénibles mais qui continuent à assurer une présence téléphonique. Elles et ils passent leur journée à se faire insulter, pour ne pas dire agonir d’injures, par des clients fous furieux qui exigent le remboursement de leurs billets.

Rien que chez Misterfly, grâce à la décision de Iata de procéder à l’étude « manuelle » des billets non volés, ce sont quelque 77.000 tickets à traiter !

Après cette crise, le monde va changer. Begougne de Juniac et Iata vont devoir s’y adapter… et peut-être créer une véritable association de partenaires, transporteurs, voyagistes, distributeurs ? Rêvons un peu…

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